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PARAÎTRE OU DISPARAÎTRE, suite

Bonjour,

Voici la suite de l’histoire que vous attendiez, « Paraître ou disparaître ». Désolée pour l’attente alors que je vous avais promis une suite qui paraîtrait rapidement mais j’ai dû changer de PC et cela ne se fait pas sans difficultés. Ce fut même long et particulièrement complexe !

Me revoici donc et vous n’avez rien perdu à attendre car cette nouvelle s’est développée pendant ce temps. J’ai fini de l’écrire, la fin sera surprenante. La devinerez-vous avant de la lire ? Ce n’est pas certain. Il y aura encore quelques épisodes avant que vous la découvriez. Votre patience sera récompensée !

Bonne lecture !

Résumé de l’épisode précédent :

Éthan a compris que l’autre est son double parfait même s’il a du mal à l’admettre. Il en profite car pendant que l’individu travaille, lui se fait plaisir. Mais un soir l’étranger lui fait comprendre que cela a assez duré, qu’il est fatigué et qu’Éthan doit reprendre le seconder. Ce dernier refuse. Son double devient alors violent et commence à étrangler Éthan terrifié. Curieusement le lendemain, l’autre est redevenu doux. Éthan tente alors de le questionner sur son origine et son identité, sans obtenir de réponse. Il en déduit qu’il doit se méfier de lui d’autant que le lendemain il s’aperçoit qu’il porte les mêmes stigmates d’étranglement que lui.

Quand Éthan se réveilla, l’autre n’était plus là. Il se sentit soulagé d’être seul, il aurait les idées plus claires.

Avant de partir, le squatteur s’était contenté de programmer la cafetière et de disposer sur la table le strict minimum. Les petites attentions qui avaient agrémenté le quotidien d’Éthan depuis l’apparition de ce clone dans son existence bien réglée s’étaient envolées.

Le café à peine avalé, il s’habilla rapidement et quitta précipitamment son appartement comme s’il en était chassé.

Une fois dans la rue, il consulta son smartphone pour dénicher l’adresse d’un armurier. Posséder une arme c’était bien mais il se sentirait plus en sécurité s’il y avait des balles dans le barillet. Si l’autre savait tout de lui, il ne pourrait pas deviner qu’Éthan s’apprêtait à charger l’arme. Il déposa son permis sur le comptoir du magasin et passa sa commande. Le vendeur le dévisagea comme s’il avait quelque chose de louche.

            — Vous allez bien, monsieur ? demanda-t-il.

            — Oui ! Pourquoi voulez-vous que ça n’aille pas ?

            — Je demande ça comme ça. Vous n’avez pas l’air dans votre assiette.

            Le front luisant d’Éthan, ses mains moites qui laissaient leur empreinte humide sur la surface en verre du comptoir, sa nervosité ne passaient pas inaperçus pour l’œil expérimenté du commerçant.

            — Si je peux vous aider…

            Il voulut lui dire de se mêler de ses affaires mais il se retint pour ne pas attirer davantage l’attention d’autant qu’un autre client venait d’entrer, ce qui actionna la cloche reliée à la porte.

            — Juste une digestion difficile ce matin. Le café n’arrive pas à passer, prétexta Éthan.

            — Ça m’arrive aussi parfois, répondit le vendeur tout en lui annonçant le prix à payer.

            — Par carte bleue, s’il vous plaît !

            Éthan récupéra son petit paquet et tourna les talons sous le regard appuyé et perplexe de l’armurier guère convaincu par le motif qu’il lui avait donné.

            Plus loin, il s’arrêta dans un bar pour commander une pression mais surtout pour faire le point sur sa situation. Il avait une arme. Il avait des munitions. Il restait à décider à quoi cela lui servirait. Après tout, quand l’autre lui avait sauté à la gorge pour l’étrangler, il n’aurait pas pu dégainer son révolver s’il l’avait eu sur lui, tant il avait été surpris par l’accès de violence. Non, il devait s’y prendre différemment. Il ne pouvait pas attendre sagement que son clone rentre pour le mettre sous la menace de son arme. Ce dernier ne comprendrait pas puisqu’ils s’étaient quittés en bons termes le matin. Il fallait élaborer une stratégie plus fiable. Il ne pouvait pas non plus attendre, ne rien faire, et qu’il lui impose de nouvelles exigences, à commencer par le fait de devoir travailler dès le lundi suivant ou qu’il pique une nouvelle colère et lui saute à la gorge. Non, il avait eu assez peur la dernière fois et il ne tenait pas à revivre la scène. Il ne pouvait pas se contenter de le menacer afin de le faire déguerpir car dans ce cas il devrait retourner bosser et cela ne l’enchantait pas. Il ne pouvait pas l’effrayer afin de l’éloigner sans prévoir ce qui se passerait ensuite car il pourrait tout bonnement revenir et se venger voire le tuer, se débarrasser de son corps et prendre définitivement sa place. Ses comptes bancaires étaient bien garnis et il pourrait faire main basse dessus en toute légalité. Cette idée le hantait de plus en plus d’autant qu’ils avaient tous deux les marques d’étranglement sur leur cou et qu’il ne pouvait pas lui demander d’où provenait ces traces suspectes. Et s’il se les était faites lui-même dans l’urgence pour ressembler trait pour trait, blessure pour blessure à Éthan parce que la substitution totale des deux hommes était proche ! Cela signifiait probablement que sa disparition pure et simple était préméditée et dans ce cas la police n’envisagerait pas une seconde sa mort puisqu’elle aurait sa réplique exacte sous les yeux tandis que lui, le véritable Éthan, serait mort ! Il n’avait aucune aide à espérer, même pas des forces de l’ordre qui le prendraient pour un fou s’il tentait de tout leur raconter. Beaucoup de gens envient les jumeaux parfaits, leur complicité, l’amour qu’il se vouent… Éthan avait mieux que cela, il avait un double de lui-même mais il ne s’était jamais senti aussi seul de sa vie.

            Son cerveau était en ébullition, sa nervosité à son comble si bien qu’il renversa la totalité de sa bière d’un mouvement de bras non maîtrisé. Le serveur accourut aussitôt, lavette et torchon blanc à la main pour essuyer les dégâts.

            — Ça va, monsieur ? Pas trop mouillé ?

            Éthan lui décocha un regard enflammé et des paroles venimeuses :

            — Foutez-moi la paix ! Qu’est-ce que vous avez tous aujourd’hui à me demander si ça va ? Allez vous faire foutre !

            Il se leva brusquement et allait partir quand le garçon l’interpella timidement, en restant éloigné :

            — Monsieur, vous n’avez pas réglé l’addition.

Éthan fit volte-face et jeta un billet chiffonné sur la table puis, sans demander son reste, il sortit en trombe du bar sous l’œil étonné des clients. Sur le pas de la porte, il bouscula un enfant qui tomba et se mit instantanément à pleurer. Sans même s’excuser il fila et disparut au coin de la rue, insensible aux quolibets fleuris des témoins.

            Il erra ensuite dans la ville, au hasard des rues, détournant le regard chaque fois qu’une vitrine s’emparait de son reflet. Qu’avait-il fait pour provoquer cette situation ? Rien, il en était sûr. Cela dépassait l’entendement, cela le dépassait mais ce dont il finissait par se convaincre c’était qu’il devait reprendre en mains sa vie sous peine d’être phagocyté par l’autre au caractère trop affirmé à son goût et à la brutalité dissimulée mais bien présente.

            Perturbé jusque dans ses entrailles, il ne toucha pas au repas qu’il avait commandé dans le restaurant où il avait pourtant ses habitudes ces derniers temps.

            — Ça va monsieur Boccello ? demanda le serveur qui le connaissait bien.

            Il ne voulait plus entendre cette question. Il ne pouvait plus entendre cette question. Il se voyait sauter sur le jeune homme, lui asséner des coups de poings en pleine face, lui fracasser l’arête du nez et le propulser à travers toute la salle pour le faire taire. Il parvint in extremis à se maîtriser et choisit finalement la fuite pour éviter les problèmes.

            — Mettez ça sur mon compte, je dois rentrer.

            — Bien sûr monsieur Boccello, ce sera fait !

            Jamais il n’avait été violent. Jamais il n’avait ressenti une telle rage en lui et cette difficulté à se maîtriser. Ce pacte faustien qu’il n’avait jamais réclamé devait cesser au plus vite avant qu’il ne sombre dans la folie. Il devrait reprendre les rênes de sa vie.

Tout D’abord, l’autre devrait partir loin, très loin et ne plus jamais chercher à le contacter ou à revenir. Il ne devrait plus jamais entendre parler de lui, comme s’il n’avait jamais existé. Il ferait en sorte qu’il disparaisse et lui retournerait travailler à la banque comme avant. Mais il n’essayerait plus d’être le trader du mois ni celui de l’année. Ça, c’était fini ! Et s’il y avait une seule chose positive dans cette expérience avec son double c’était justement cette prise de conscience radicale qu’il passait depuis trop longtemps à côté de sa propre vie ! Tout était à reconstruire désormais. Il reprendrait contact avec sa famille et irait voir ses parents qu’il avait délaissés alors qu’il les savait âgés et fatigués. Au boulot, il bosserait honnêtement en veillant à préserver sa vie privée. Les journées qui commençaient avant tout le monde : terminé. Les repas pris sur un coin du bureau à côté du P.C : terminé. Les départs de la banque à point d’heure alors que les techniciens de surfaces nettoyaient les open-spaces désertés depuis longtemps : terminé. TERMINÉ ! Éthan Boccello tirerait un trait définitif sur le passé. Il allait vivre et profiter car il y avait bien une vie après le travail.

Mais pour que tout cela se concrétise, il fallait mettre fin aux ambitions de son clone au plus vite. Sa décision était prise, irrévocable et rien ne le ferait vaciller.

            Rien sauf l’autre, songea-t-il soudain. Et s’il refusait tout bonnement ce deal considérant qu’il n’avait rien à y gagner. Éthan pouvait-il le contraindre à renoncer à tout : l’argent sur les comptes bancaires, le statut professionnel, l’appartement… ?

            Il parlait à haute voix, tout seul, faisant de grands gestes à droite et à gauche pour accompagner ses paroles. Il pesait le pour et le contre des possibilités qu’il envisageait. Les passants se retournaient sur son passage tant il se comportait étrangement. Sa chemise encore mouillée lui donnait un air négligé et lorsqu’ils repéraient les marques sur son cou ils faisaient un écart. D’autres riaient simplement de le voir s’agiter dans le vide.

            Il était planté devant son immeuble depuis dix bonnes minutes quand il se rendit compte qu’il était arrivé. Trop absorbé par les divers scénarios, il avait totalement occulté le monde extérieur. Un voisin qui sortait de l’allée le replongea dans la réalité.

            — Bonsoir monsieur Boccello.

            Éthan leva le nez vers lui et tenta de répondre en s’efforçant vainement de mettre un nom sur le visage croisé :

            — Bonsoir monsieur… Euh !…

            Comme sa mémoire le trahissait, il renonça à se souvenir d’autant que l’homme s’était déjà éloigné.

            Il grimpa au troisième étage, sortit ses clés, pénétra chez lui et après s’être dévêtu et changé, il mit son plan à exécution.

            Il avala d’abord trois bonnes doses de son meilleur whisky pour se donner du courage puis, sans hésiter, il tira un fauteuil dans le couloir comme s’il déménageait. Le meuble, particulièrement lourd semblait résister et vouloir rester là où il se trouvait mais de poussées en de tractions répétées, Éthan finit par l’installer face à la porte d’entrée, à distance respectable, histoire de ne prendre aucun risque d’être à nouveau agressé. Confortablement installé à ce poste d’observation improvisé, à l’affût, il bénéficierait d’un champ de vision suffisamment dégagé et d’un contrôle parfait des déplacements qu’il exigerait de l’autre.

            Il se versa un quatrième verre d’alcool et même si son esprit était de plus en plus embrumé, il savait tout à fait ce qu’il avait à faire. Il attrapa une valise qu’il ouvrit sur le lit et vérifia que du fauteuil il verrait à la fois l’entrée, le dressing et la chambre. Parfait !

            Il refit mentalement un point et, satisfait, il se posa dans le fauteuil, arme chargée à la main. Il attendit son clone, prêt à en découdre avec lui.

            Quatre heures plus tard, alors que le nuit était tombée depuis longtemps, un cliquetis dans la serrure annonça l’entrée imminente de celui dont Éthan voulait se débarrasser.

Éthan, revolver fermement braqué sur la porte.

Le clone, yeux exorbités quand il découvrit Éthan armé, qui le menaçait.

Éthan, souriant et confiant car il avait tout calculé.

Mais vingt minutes plus tard trois coups de feu claquèrent dans l’appartement et résonnèrent dans tout l’immeuble alertant le voisinage.

Le plan d’Éthan n’avait pas fonctionné comme il l’imaginait.

(à suivre)

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La suite paraîtra très prochainement.

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Mon prochain article (avant la publication de la suite de cette histoire) sera très bref. Il aura simplement vocation de vous annoncer ma prochaine séance de dédicaces au cours de laquelle vous pourrez me rencontrer.

Littérairement vôtre,

AUDREY DEGAL

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OUTLANDER, Le Chardon et le Tartan, Diana Gabaldon

C’est étrange la façon que l’on a d’entrer dans un livre ! 

Une amie lit ce roman et m’en parle. Mieux, elle me le prête. Je le commence mais dès le début j’ai du mal à adhérer au récit : une jeune femme mariée,  infirmière sur les champs de bataille lors de la seconde guerre mondiale, mène une vie sans histoire. L’auteure évoque son quotidien, son couple… Je n’étais pas passionnée car j’aime « accrocher » à un livre dès le début et je trouvais que la « substantifique moëlle », comme disait Rabelais, tardait à se mettre en place.

J’ai donc laissé tomber ce roman pendant 2 ans, oui, 2 ans. Puis, à l’occasion de vacances, je me suis dit : pourquoi ne pas retenter la lecture ? Je ne le reprends, pas depuis le début, de crainte d’être à nouveau ennuyée. J’ouvre le roman là où je m’étais arrêtée, un peu perdue, et pour cause, 2 ans d’interruption, c’est long ! … et j’arrive au moment, LE moment, celui qu’il me fallait franchir avant d’abandonner le roman, lorsqu’au cours d’une promenade, elle est brusquement propulsée au XVIIe siècle en passant auprès d’un menhir écossais. 

A partir de ce moment-là j’ai dévoré les 850 pages en peu de temps. Claire, le personnage principal, se retrouve au beau milieu d’un champ de bataille mais d’un autre temps. Introduite dans un château – mais après bien des péripéties que je vous raconterai pas ici pour ne par gâcher votre plaisir de lire – elle doit composer avec les usages de l’époque, l’ignorance, les superstitions, les croyances, l’absence de médicaments… Elle est intelligente, subtile et elle comprend vite comment elle doit s’y prendre pour éviter le pire. Elle rencontre un ancêtre de son époux du XXe siècle, le croit bon car il ressemble trait pour trait à son mari mais il se révèle son pire ennemi, veut sa perte et lui fera courir des dangers insoupçonnés. 

Pour échapper à la menace qui pèse sur elle, elle fait confiance à Jamie, cet écossais guerrier qui la déconcerte et qu’elle surprend par son comportement et ses propos parfois étranges. Lui aussi est menacé et son passé n’est pas simple. 

Les Highlands sont le décor de ce roman finalement captivant sur lequel je n’aurais pas parié au début. Que de rebondissements ! La lecture est facile (il s’agit d’une traduction (elle comporte quelques erreurs (rares)) et même s’il y a parfois des longueurs dans le récit le lecteur avisé en viendra facilement à bout. Il existe d’autres suites à ce roman, parues en d’autres tomes tout aussi volumineux. Si le coeur vous en dit, allez-y !

Sachez que Netflix a produit l’oeuvre en série que j’ai aussi visionnée. Comme toujours, le passage à l’écran écrase le roman, certains passages ont disparu mais l’ensemble reste appréciable. Je vous recommande toutefois la lecture, plus riche !

Donc, si vous cherchez un peu de lecture, plongez-vous dans ce roman, Outlander, tome 1  » Le chardon et le tartan » vous ne devriez pas être déçus. 

Bonne continuation à toutes et à tous. Encore merci pour votre fidélité à mon site, pour vos partages et à celles et ceux qui recommandent aussi la lecture de mes romans dont vous trouverez des extraits en page d’accueil ou dans le Menu puis « Polars, thrillers, romans ».

N’hésitez pas à mettre un commentaire sur sur ce site, un « j’aime », je vous répondrai. Ceci qui permet à d’autres lecteurs de découvrir mon site.

Bientôt vous pourrez découvrir la fin de l’histoire à suspense « Paraître ou disparaître ». Vous pouvez aussi vous plonger dans mes romans (voir « Menu » puis cliquez dans « Polars, Thrillers, romans »), tous disponibles sur internet ou votre libraire en ebook ou livre papier). En attendant, bonnes lectures à toutes et à tous !

AUDREY DEGAL


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PARAÎTRE OU DISPARAÎTRE (suite 4)

Chères lectrices et chers lecteurs,

Voici le quatrième épisode de votre histoire à suspense « Paraître ou disparaître ».

Merci à toutes et à tous de partager cet article (notamment sur les groupes de lecture de Facebook, Instagram, Twitter…) pour en faire profiter d’autres lecteurs et faites fonctionner le « bouche à oreille » qui généralement marche pas mal du tout !

Un commentaire de votre part, un « J’aime » font toujours plaisir à l’auteure, un abonnement au site plus encore d’autant que cela ne vous engage en rien. En effet, il est triste de voir que certains lisent régulièrement sur mon site, voire reviennent tous les jours, profitent de mes écrits, de mon travail mais ne s’investissent pas en retour, retranchés derrière l’anonymat confortable des réseaux sociaux, surtout que s’abonner ou mettre un commentaire, ce n’est vraiment pas grand chose.

La fin de cette histoire à suspense paraîtra très prochainement mais avant je publierai un autre article concernant mes conseils de lecture car je dévore les romans.

Passez une bonne journée, une bonne semaine et à très bientôt !

Résumé de l’épisode précédent :

La police n’a rien trouvé d’anormal chez Éthan, resté enfermé dans la buanderie pendant leur visite. L’inconnu a répondu à leurs questions et une fois seul a libéré Éthan éberlué de se trouver en face de son double. Ce dernier prend sa place au travail si bien que le jeune trader peut profiter de ses journées et s’offrir tout ce qu’il n’avait pas le temps de faire ou d’acheter auparavant. Il baigne dans le bonheur.

La vie était belle pour Éthan qui s’habituait à l’oisiveté. Mais un soir, en rentrant d’une partie de squash dont il était devenu adepte, il fut étonné de ne pas trouver le repas prêt, comme c’était le cas tous les jours. Certes, il avait remarqué que la prestation de l’autre baissait en qualité depuis quelque temps. Les plats surgelés micro-ondables avaient peu à peu remplacé les dîners mitonnés et le petit déjeuner était désormais privé de jus de fruits frais, de viennoiseries chaudes, supplantés par des boissons aux couleurs alléchantes mais au goût insipide et par de simples biscottes.

Il était minuit trente quand son double rentra, le visage défait, les traits tirés. Il jeta ses affaires sur un fauteuil du salon et s’affala sur le lit où Éthan lisait. Quelque chose clochait.

            — Éthan, il faut qu’on parle !

            — Je t’écoute.

             Comme il ne décollait pas les yeux de son roman, l’autre s’énerva, lui arracha le livre des mains et monta d’un ton :

            — Je te parle. La semaine prochaine, tu reprends le boulot. Il faut que tu me remplaces. Je suis fatigué.

            — Si tu ne rentrais pas tous les soirs aussi tard.

            — Je fais ce que je veux. Si tu crois que c’est simple de se lever tôt pour préparer les repas de monsieur qui devient de plus en plus exigent d’ailleurs. Sans parler du linge, des courses… J’en ai assez d’autant qu’il y a trop de pression au boulot. On m’en demande plus, toujours plus !

            — C’était déjà comme ça avant !

            — Non, c’est devenu pire. Tu ne peux pas imaginer. Et puis tu as bien profité ces derniers temps : un voyage par ci, le ski, la mer, l’avion, la moto… J’ai besoin d’un break moi aussi.

— Impossible, la semaine prochaine je pars au Cap Vert. J’ai déjà réservé l’avion et l’hôtel. Il n’a jamais été question que je renonce ou que je reprenne le travail, selon notre accord ! Tu n’as qu’à…

            À ces mots, l’autre pivota brusquement et chevaucha le corps d’Éthan étendu sur le dos, les yeux rivés au plafond comme s’il y voyait le ciel bleu de ses prochaines destinations de voyage. Il l’immobilisa, bras coincés le long du buste à l’aide de ses jambes et il enserra sa gorge de ses deux mains aussi puissantes que des tenailles.

            — Regarde-moi bien et ouvre grand tes deux oreilles. D’abord, on n’a jamais passé d’accord. Je suis venu t’aider, c’est tout. Mais maintenant, c’est fini. Fini, tu entends !

            Sous lui, le jeune homme suffoquait, le visage rougi, les yeux exorbités. Il commençait à manquer d’air et redoublait d’efforts pour rester en vie. Puis l’autre relâcha légèrement son étreinte, même s’il renonçait encore à libérer sa proie. Son regard sanguin exprimait toujours une colère redoutable.

            — Pour le cas où tu n’aurais pas compris, je te répète que la semaine prochaine tu vas au taf à ma place. Ne t’avise pas de contester ou de te défausser. C’est clair ?

            Aucun son compréhensible n’émanait de la bouche d’Éthan mais les traces rouges qu’il garderait sur son cou pendant plusieurs jours s’occuperaient de lui rappeler qu’il n’avait pas le choix. Il se demandait pourquoi ce changement brusque et cette réaction violente et il cherchait dans son comportement ce qui avait pu causer ce retournement de situation qu’il redoutait depuis le début de leur cohabitation. Il se garda de poser la moindre question, trop occupé à retrouver sa respiration et craignant le courroux de son double. Par précaution, il décida de passer la nuit sur le canapé, loin de son agresseur qui prit la direction de la banque au petit matin en laissant derrière lui l’appartement dans un désordre inhabituel. Le réfrigérateur était presque vide et lorsqu’Éthan se leva, il dut se préparer lui-même un café qu’il avala difficilement tant son cou était tuméfié.

            Trop inquiet, il ne se rendit pas sur le green ce matin-là alors qu’il en avait pris l’habitude. Il consulta en ligne son compte en banque qui avait fructifié mais ne présentait pas d’anomalie, vérifia à deux reprises que la porte était bien verrouillée puis il se mit à fouiller l’appartement à la recherche de son arme, un pistolet acquis sous le manteau deux ans auparavant sur les conseils d’un collègue agressé en pleine nuit par deux voyous. La dégradation de la sécurité n’était pas un vain mot et Éthan ne voulait pas le vérifier à ses dépens.

            — Où sont les balles ? dit-il tout haut.

            Précautionneux, il avait pris soin de les ranger séparément. Il eut beau tout retourner, elles restaient introuvables. Il devrait en acheter.

            Il songea qu’il aurait dû prendre des cours de self-défense pour se prémunir contre le danger d’autant qu’il aurait eu le temps de s’impliquer et d’apprendre les rudiments. C’était trop tard à présent. Trop perturbé pour entreprendre quoi que ce soit ou pour sortir, il se contenta de téléphoner pour annuler son voyage, après quoi, il erra chez lui, échafaudant des stratagèmes pour palier à tous les cas de figures qui pourraient se présenter quand l’autre rentrerait et il redoutait ce moment.

            Fébrile, il passa le reste de sa journée dans le canapé où il finit par plonger dans des micro-sommeils peuplés de rêves sombres dans lesquels il essayait d’utiliser son pistolet sans jamais y parvenir. L’arme qui reposait sur ses cuisses glissa doucement à plusieurs reprises et il la rattrapait à chaque fois, recollant ainsi à la réalité ou du moins à ce qu’il croyait être la réalité.

            Le cliquetis d’une serrure qu’on ouvre le réveilla définitivement. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il avait tout fermé, sûr que ce bruit l’alerterait. Il ouvrit les yeux, se redressa, attendant l’autre de pied ferme. Quand l’intrus pénétra dans l’appartement, Éthan ne lui décrocha pas le moindre mot.

            — Salut, dit simplement l’arrivant.

            Il se dirigea vers la cuisine, remplit la bouilloire d’eau, la mit à chauffer et revint quelques instants après auprès d’Éthan en lui tendant une tasse de thé fumante.

— Attention, c’est chaud.

Éthan en perdit son latin. Il eut un geste brusque comme s’il se cabrait et en se levant il propulsa le darjeeling sur le carrelage ainsi que son arme. Le liquide brûlant évita de justesse le serveur. En heurtant le sol l’arme quant à elle émit un son métallique qui glaça le sang d’Éthan involontairement désarmé.

            — Qu’est-ce qu’il te prend ? C’est pas malin ! Tu aurais pu m’ébouillanter. Moi qui voulais te faire plaisir, c’est raté !

            L’autre semblait ne pas avoir remarqué l’arme.

            Éthan bondit alors, s’empara du révolver et le pointa sur sa cible.

            — Ne bouge pas ou je tire ! menaça-t-il, masquant difficilement le trouble qui l’agitait.

            Sa main tremblait.

            — Arrête Éthan, pose cette arme, tu sais comme moi qu’elle n’est pas chargée ! Il y a longtemps qu’on a perdu les balles. Range-la et cesse de t’exciter !

            L’intrus s’absenta quelques secondes et revint auprès de lui pour éponger le thé renversé. Ils se regardèrent droit dans les yeux, longuement.

            Éthan s’étonnait de le voir si tranquille et si gentil. Pourquoi changeait-il d’attitude ? Il avait imaginé tous les scénarios mais pas ce changement radical.

            — Je sais, c’est bizarre et tu ne comprends pas ce qui se passe moi non plus d’ailleurs ! Je suis désolé pour hier. J’étais fatigué. Excuse-moi !

            Tout en parlant, il rassemblait les morceaux de la tasse brisée dans une pelle pour les jeter.

            — Veux-tu que je te prépare une autre tasse ? demanda-t-il de façon extrêmement affable.

            Cette voix si douce et maintenant ce visage apaisé. Quel jeu jouait-il ? Voulait-il pousser Éthan à bout ? C’était une possibilité.

            — Sinon, si ça t’intéresse, au travail tout était ok et notre portefeuille d’actions se porte comme un charme. J’ai fait des placements et des investissements qui se sont avérés très rentables. Tu as raison : fais-toi plaisir, fais-nous plaisir, pars au Cap vert.

            Mais Éthan ne semblait pas avoir entendu.

            — Comment es-tu entré ?

            — Avec ma clé pardi ! Quelle drôle de question.

            — Quelle clé ?

            — Réfléchis : tu en as une donc moi aussi. Depuis le temps, tu devrais déjà le savoir.

            — Mais de quoi tu parles ?

            — Enfin Éthan, ça fait des mois qu’on fonctionne ainsi. Tu as oublié ? Tu m’inquiètes.

            Éthan commençait à douter. Si l’autre lui parlait maintenant de façon sympathique il fallait se méfier.

            — Et tu sors ce soir ?

            — Non, je préfère rester avec toi. On passe trop peu de temps ensemble.

            Éthan ne savait plus qui était la personne qu’il avait en face de lui. Pouvait-il lui faire confiance ?

            — Dans ce cas, jure-moi de ne plus m’agresser comme hier.

            — Je te l’ai déjà dit, je suis vraiment désolé. Ça ne se reproduira plus. Oublie ce qui s’est passé !

            Puis il changea de sujet.

            — Ce n’est pas tout mais le temps passe à une de ces vitesses ! Il est plus de vingt heures. Allume la télé, moi je m’occupe du dîner. Des lasagnes ça te tente ? J’ai acheté tous les ingrédients.

            L’autre redevenait à nouveau serviable et Éthan le regardait s’agiter tandis qu’il restait inerte, privé de toute énergie, perdu.

Il le regardait. Il se sentait chez lui alors que ce n’était pas son appartement.

Il le regardait s’occuper de tout.

Il se regardait lui.

Il se voyait vivre, marcher, parler.

Il n’était plus unique, il était deux.

            La tête basse comme si on l’avait grondé, il ouvrit le réfrigérateur que l’autre avait partiellement garni.

            Tout en préparant le repas, son double continuait de lui parler.

            — Tu travaillais trop, ça ne pouvait plus durer. Tu aurais fini par y laisser ta peau ou par avoir un accident cardiaque ou quelque chose comme ça ! Depuis que nous sommes deux, tu te sens mieux, reconnais-le.

            Il fallait bien admettre que l’autre avait raison. Depuis qu’il travaillait dans cette banque, Éthan avait dû faire ses preuves et se battre chaque jour pour être le meilleur puis le meilleur parmi les meilleurs. C’était une véritable guerre qu’il devait livrer pour se maintenir au top. Interdiction de faillir, impossible de ne pas atteindre les objectifs mensuellement fixés par la direction. Chimérique de croire qu’il pouvait tout faire en 35 heures par semaine car il en faisait le double. Hors de question d’être malade ou seulement fatigué. Impensable de rencontrer des problèmes familiaux et donc fonder une famille était inimaginable. Le paraître était aussi surveillé de près. Chacun devait soigner son apparence en toutes circonstances. Aucun écart n’était toléré : costume, cravate exigés… Jamais Éthan ne s’était rendu compte qu’à ce jeu pervers et dangereux il se dépossédait progressivement de son identité et que fondu dans une masse où tous finissaient par se ressembler, il disparaissait progressivement.

— Mets la table s’il te plaît. On gagnera du temps. Dans une demi-heure ce sera prêt. Ça sent bon hein !

            Éthan attrapa deux assiettes, deux verres, les couverts et les disposa sur les deux sets qui patientaient. Il ouvrit une bouteille de vin pour accompagner le repas, en versa un peu dans son verre et le sentit avant de le goûter

            — Bonne idée ce vin, fit l’autre.

Éthan tira ensuite une chaise et s’installa en attendant d’être servi.

            — Ah, je vois que tu recommences à m’accepter, à t’accepter devrais-je dire ! On forme un beau couple en somme !

            Tel un miroir ésotérique, quand Éthan regardait l’étranger, il se voyait. L’autre était lui. Lui était cet autre, à ceci près que son double débordait de vitalité, de force et prenait les décisions tandis que lui semblait subir la situation et être asthénique. Lequel des deux était le vrai Éthan ? Ils étaient parfaitement identiques : dans leur façon de s’exprimer, de se mouvoir, de réagir. Les deux pouvaient-ils continuer à coexister ?

            — Ça va être prêt. On commence par une petite salade.

            Éthan posa sa serviette sur ses genoux et soudain une question jaillit de sa bouche.

            — Comment es-tu arrivé là ?

            L’étranger interrompit ce qu’il faisait et réfléchit un instant.

            — J’aimerais bien te répondre mais je ne sais pas trop comment ça s’est produit. Je me souviens que je dormais et que je t’ai senti remuer à côté de moi, dans le lit.

            — Mais avant ça où étais-tu ? Tu étais bien quelque part !

            — J’ai envie de te dire oui mais je n’ai aucune réponse et j’ai les mêmes souvenirs que toi. La veille, j’étais au bureau, croulant comme toi sous les dossiers. Marine, du service de comptabilité est passée me voir avant de partir. Plus tard j’ai quitté l’agence, j’ai attrapé le métro à la volée et en descendant du TER, je suis rentré à la maison. Il n’y a pas à tortiller, je ne sais pas comment j’ai atterri là. D’ailleurs, puisque nous sommes les mêmes, je te retourne la question. Est-ce que ce n’est pas toi qui as fait irruption dans ma vie ?

            — Non, non ! Je suis Éthan !

            — Mais moi aussi ! Inutile de te torturer, pensons à autre chose. J’ai remplacé le réveil que tu as cassé. J’en ai acheté un tout neuf, encore mieux que le dernier.

            — Arrête. Ne change pas de sujet ! Pourquoi es-tu là ?

            — Comme je suis toi, il m’est impossible de répondre mais j’ai juste une petite idée.

            — Ah, dis-moi !

— Regarde-toi, tu devenais une loque, tu étais épuisé, tu avais un teint de déterré. À part ton travail, tu ne faisais rien d’autre. Moi, au contraire, j’ai une pêche d’enfer enfin jusqu’à ces derniers jours. Personne ne peut tenir ce rythme de fou et être privé de vie personnelle, personne ! Je crois qu’un ange a eu pitié de toi et m’a envoyé ou l’inverse : il a eu pitié de moi et t’a envoyé. Franchement, je ne sais plus qui est qui aujourd’hui. Maintenant que nous sommes deux, nous pouvons nous répartir les tâches. Moi non plus je ne peux pas tenir éternellement. On doit permuter !

Éthan l’écoutait, plus inquiet que dubitatif et s’il trouvait la situation toujours aussi étrange, il commençait à se sentir dépossédé de son être. Il était le véritable Éthan, il en était sûr et l’autre n’était qu’une doublure. Pas question de lui céder sa place. Il devrait disparaître de sa vie à un moment ou à un autre. La violence dont il avait fait preuve la veille quand il avait tenté de l’étrangler le conforta dans sa méfiance et ses certitudes d’être le modèle original, authentique, unique. Il avait souvent imaginé être deux : l’un qui aurait travaillé pendant que l’autre pourrait se prélasser, s’amuser ou dormir à loisir mais jamais il n’aurait imaginé que cela se produirait.

Après le repas, ils se détendirent face à une série policière diffusée à la télé puis gagnèrent ensemble la salle de bains. Là, face au miroir, Éthan se figea et s’obligea aussitôt à prendre un air plus décontracté afin que l’autre ne voie pas qu’il était profondément troublé. Que leurs reflets soient absolument identiques, il le savait mais que l’étranger affiche les mêmes traces d’étranglement au niveau du cou n’avait aucun sens puisqu’à aucun moment Éthan n’avait tenté de l’étouffer ou du moins il ne s’en souvenait pas. Quelque chose clochait.

— Donc demain c’est moi qui vais travailler. Tu prendras le relais la semaine prochaine.

La tête sur l’oreiller, le jeune homme se contenta de répondre à la proposition de son squatteur.

— OK !

Il ne savait pas comment l’autre avait surgi dans sa vie et il ignorait pourquoi il avait ces marques terribles au cou.

Éthan supposa qu’il devait tremper dans des affaires louches, qu’il s’était battu avec un individu peu scrupuleux, qu’il était victime d’un chantage ou d’un règlement de comptes… Que lui était-il arrivé pour qu’il porte les mêmes traces que lui ? Elles n’étaient pas apparues par enchantement, cela ne leur était jamais arrivé. Une blessure chez l’un ne déclenchait pas la même chez l’autre. Ils ne l’avaient jamais observé depuis qu’ils se côtoyaient. Il y avait donc une explication différente mais Éthan n’osa pas demander laquelle.

Il se positionna dans le lit dos à l’autre, en chien de fusil et échafauda mille et une interprétation possible, à tel point qu’il ne trouva pas le sommeil, convaincu qu’une menace dont il ignorait l’origine planait sur sa tête, sur leurs têtes.

AUDREY DEGAL

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PARAÎTRE OU DISPARAÎTRE (suite 2)

 Résumé de l’épisode précédent : 

Éthan qui a trouvé un étranger endormi chez lui, dans son lit, s’est d’abord réfugié dans un placard avant d’appeler la police. L’inconnu, toujours paisible, ne s’alarme pas de la réaction du jeune homme terrorisé et violent. Ce dernier rétablit l’électricité et s’introduit dans la buanderie en attendant l’intervention des forces de l’ordre. Mais la poignée casse, le condamnant à rester enfermé, incapable de répondre à l’agent qui sonne à l’interphone. Il entend du bruit. L’intrus s’est réveillé et répond aux sollicitations des policiers.

Bonne lecture et laissez-moi un petit commentaire, ça fait toujours plaisir !

— Oui, c’est bien moi ! Qu’est-ce que c’est ? …. La police !… Qu’est-ce qui se passe ?… Moi ?… Non, je ne vous ai pas appelés… Un intrus, chez moi, c’est une plaisanterie !… Excusez-moi, mais je vous assure qu’il n’y a personne d’autre que moi ici, je suis un peu surpris d’être dérangé en plein milieu de la nuit !

            L’inconnu semblait agacé et mal réveillé.

            — OK, OK, continua-t-il alors que les policiers insistaient, je comprends, vous devez vérifier. Je vous ouvre…. Troisième étage, porte gauche.

            Il actionna le déverrouillage de l’allée comme s’il était vraiment chez lui.

            Quelques instants plus tard, un policier toqua à la porte de façon discrète pour ne pas ameuter le voisinage.

            — Pouvons-nous entrer ?

            — Je vous en prie mais je vous assure que tout va bien.

            La porte d’entrée venait de se plaquer contre celle de la buanderie dont elle masquait désormais l’accès. Toujours retranché, Éthan venait de comprendre que si les agents ne la refermaient pas derrière eux, ils ne le découvriraient pas dans sa planque d’autant que l’inconnu venait de ramasser la poignée et le carré qu’il avait trouvés par terre.

            Éthan se rapprocha de la porte, posa une main sur le bois et prit une inspiration, prêt à appeler pour signaler sa présence.

            Il essaya mais aucun son ne sortait de sa bouche sans qu’il sût pourquoi. Quelque chose le dérangeait dans cette situation improbable. Il était en quelque sorte bloqué, entravé dans sa volonté par des forces contradictoires qui le dépassaient et son corps ne lui obéissait plus.

            C’était plus fort que lui, il n’arrivait pas à agir.  Était-ce l’émotion, l’excès de peur, la fatigue ? Il ne parvenait pas à comprendre pourquoi il restait muet alors que tout le poussait à sortir de ce guêpier. Il dut se concentrer pour pouvoir lever la main mais ses doigts se contentèrent seulement d’effleurer la porte, tout doucement. Il renonçait malgré lui.

La situation aurait pu être angoissante ou cocasse mais elle n’était ni l’un ni l’autre. Elle le troublait et plus encore la voix de l’intrus. Elle lui était familière, si familière : les intonations, les expressions, le ton… De plus, il connaissait l’appartement et s’y déplaçait apparemment sans hésiter. Peut-être s’agissait-il d’un voisin qui occupait le même logement, juste au-dessus ou juste au-dessous de lui et qui avait échafaudé un plan pour le piéger et lui faire avouer son code de carte bancaire. Mais il aurait déjà agi au lieu de se contenter de se coucher dans le même lit que lui. Il dut l’admettre : les intentions de l’intrus étaient différentes.

Il aurait payé cher pour connaître le fin mot de tout ceci mais même son compte en banque garni ne pouvait lui offrir cette délivrance. Il enragea tout à coup, comme un volcan éteint depuis des siècles et désormais au bord de l’implosion. Ses nerfs lâchaient. Il leva brusquement un poing fermé, prêt à marteler la porte de rage et d’accablement mêlés. Son geste s’arrêta là, en l’air, poing retenu par une main invisible ou une volonté extérieure qui prenait l’ascendant sur ses propres décisions. Son bras refusait de lui obéir. Il dut bien l’admettre : il était prisonnier de la buanderie, de lui-même et de ce squatteur. Alors il prêta l’oreille pour saisir la conversation qui se déroulait sans lui.

            — Oui, je vous dis que je dormais. Je ne sais pas qui vous a appelés. Vous pouvez regarder dans toutes les pièces, je n’ai rien à cacher !

            Les policiers, deux probablement, avancèrent dans le couloir. Éthan entendit les portes s’ouvrir et se refermer, des pas, des paroles entrecoupées de moments de silence.

            — Je travaille au Lcl, répondit l’inconnu à la demande des agents.

            — Lcl ?

— Oui, le Crédit Lyonnais.

— OK ! Avez-vous remarqué quelque chose d’anormal ces jours-ci ?

— Non !

Les questions-réponses fusèrent pendant un bon moment. De toute évidence les policiers ne se contentaient pas d’inspecter visuellement tout l’appartement. L’intrus les suivaient pas à pas, les bras croisés, tapotant parfois du pied par terre pour leur faire comprendre qu’il s’impatientait.

            — Écoutez messieurs, je vous remercie d’être passés mais, comme vous pouvez le constater, il n’y a rien d’anormal et je ne cours aucun risque chez moi. Je commence tôt tout à l’heure, je suis encore fatigué et je voudrais bien me recoucher.

            — Bon, OK, je ne vois rien. Nous allons vous laisser. Mais s’il y a quoi que ce soit, n’hésitez pas, appelez !

            — Je n’y manquerai pas. Merci d’être intervenus.

            Et il les guida vers la sortie de l’appartement dont la porte était restée grande ouverte durant l’intervention après quoi il tourna la clé dans la serrure pour bien refermer derrière eux.

            En descendant les escaliers les deux agents, un jeune qui débutait dans le métier et l’autre la cinquantaine, restaient dubitatifs.

            — C’est bizarre tout de même !

            — Oh, tu sais, j’en ai tellement vu et entendu dans ma carrière que plus rien ne me surprend.

            — Ouais !

            — Si ça se trouve, il nous a bien appelés, pour un pari avec des copains ou parce que c’est un angoissé qui s’affole au moindre bruit nocturne ou… Ne cherche pas à comprendre. Un chat a peut-être fait tomber un pot de fleurs sur un balcon ou des voisins se sont disputés un peu trop fort… qu’est-ce que j’en sais, moi. La nuit, les gens ont peur, c’est tout. Allez, on a fait notre travail et tu as bien vu, rien ne clochait.

            Le jeune opinait de la tête à chaque supposition de son supérieur qui ajouta :

            — Parfois, il ne faut pas prendre à la légère les appels à l’aide. On ne sait jamais ! Pense à ce qui arrive à Jodie Foster, tu sais, dans le film Panic room. Tu n’étais peut-être pas né mais elle ouvre la porte aux forces de l’ordre et elle leur dit qu’il s’agit d’une erreur. Elle est souriante, sûre d’elle et plaisante aussi. Pourtant, des malfrats sont entrés dans sa maison et la menacent vraiment. Mais comme ils sont juste à côté, elle ne peut rien dire. C’est violent comme film. Enfin tu vois ce que je veux dire !

            — Oui. C’est pas facile de savoir qui dit la vérité.

            — C’est tout le problème de notre métier !

            La Dacia Duster où ils prirent place démarra et ils regagnèrent le poste où ils étaient de garde toute la nuit.

            L’appartement d’Éthan avait retrouvé son calme et un silence oppressant s’était emparé des lieux. Où était passé l’inconnu ? Que faisait-il ? Pour Éthan les secondes, les minutes semblaient s’éterniser. Que se passait-il de l’autre côté de la porte, dans le couloir. Tel un aveugle il guettait le moindre son dans l’espoir de percevoir quelque chose. Il tentait de contrôler sa respiration tout en espérant que l’autre l’oublierait, retournerait se coucher et mieux encore quitterait l’appartement.

            Soudain un bruit métallique creva l’atmosphère cotonneuse dans laquelle il se sentait à l’abri. Le carré métallique venait de retrouver sa place ainsi que la poignée et la porte s’ouvrit. L’étranger se dressait au beau milieu de l’encadrement, solidement campé sur ses jambes.

            — Qu’est-ce que tu fous enfermé là-dedans, Éthan ? Heureusement que je suis là ! Tu as l’air frigorifié. Enfile donc le peignoir qui traîne sur le sèche-linge et sors de là. On va se recoucher, je suis crevé !

            Tel un petit garçon bien obéissant, Éthan suivit scrupuleusement aux conseils que l’autre lui donnait. Il était incapable de réfléchir, incapable de rétorquer, incapable de questionner, incapable de comprendre.

            Il secoua légèrement la tête comme si ce mouvement pouvait lui permettre de remettre ses idées en place.  Ses gestes étaient lents, hésitants, mal assurés. Les pans de son peignoir mal ajustés pendaient inégalement et sa ceinture approximativement nouée menaçait de se défaire. Il devait reprendre ses esprits. Il tourna les yeux vers l’autre qui l’attendait patiemment et se plongea intensément dans son regard.

            C’est à ce moment précis qu’enfin il comprit.

Il comprit pourquoi il connaissait cette voix.

            Il comprit qu’il avait déjà rencontré cet étranger.

            Il savait tout de lui à commencer par son nom.

            Comment n’avait-il pas pensé à lui dès le début ?

            C’était inouï mais si évident !

            Sans un mot, résigné et vaincu avant même d’avoir livré bataille, il dépassa l’autre, heurtant son épaule sur son passage, se dirigea tout droit vers la chambre tel un automate, s’allongea sur un bord du lit, se couvrit, éteignit la lumière mais garda les yeux grands ouverts, luttant pour vaincre l’épuisement et ne pas dormir. Mais le sommeil finit par le terrasser.

            L’autre, étendu juste à côté, ne tarda pas à ronfler, insouciant et serein.

*

            La sonnerie du réveil-matin, détruit la veille, ne tira pas Éthan de ses rêves agités. En revanche, une agréable et inhabituelle odeur de café chaud et de tartines grillées s’invita jusque dans la chambre et vint délicatement taquiner ses narines. Malgré toute cette douceur, il se redressa brutalement. La réalité venait de le rattraper et les événements de la nuit lui revinrent pleinement en mémoire.

Il repoussa les draps qui s’étaient emmêlés autour de ses chevilles et les entravaient et, à pas de loup, s’avança vers la cuisine pour pouvoir observer ce que l’autre faisait. Avec un naturel déstabilisant, l’intrus sifflotait un air bien connu et, sans aucune gêne, ouvrait les placards ou le frigo pour dresser la table d’un petit-déjeuner copieux, que d’habitude, Éthan trop pressé ne prenait jamais.

— Arrête de faire l’idiot, dit-il alors qu’il avait senti sa présence. Regarde, je t’ai pressé deux oranges. Viens, approche et installe-toi.

Éthan ne parvenait pas à répondre quoi que ce fût. Il avait l’impression d’être tombé au fond d’un puits, d’avoir passé la nuit dans une eau putride et d’avoir tenté vainement de gravir les parois abruptes qui auraient déchiré ses doigts et usé ses ongles. Mais ses papilles sollicitées par les senteurs qui émanaient de la table lui disaient au contraire qu’il était un roi et que quelqu’un veillait à son bien-être.

            — Fais comme chez toi !

            Éthan réagit à cette remarque en sursautant.

— Relaxe, mec, je te taquine. Tu as les nerfs à fleur de peau ! C’est dingue !

            Éthan se contentait de suivre les moindres gestes de l’étranger, ses déplacements et de l’écouter.

— Assieds-toi et déguste. Prends le temps pour une fois, fais-toi plaisir !

L’inconnu donnait le sentiment d’être très à l’aise. Il lui parlait comme si c’était naturel et qu’il avait l’habitude de converser avec lui.

Entre les toasts briochés dorés, le café impeccablement dosé et goûteux, le jus de fruit savoureux, Éthan finit par se laisser aller jusqu’à se sentir plus détendu. Après tout, il était certain que l’autre ne lui voulait aucun mal.

— Ne bouge pas ! fit l’étranger.

Il s’éclipsa dans la chambre et réapparut quelques minutes plus tard, vêtu du costume préféré d’Éthan qui lui allait comme un gant.

— Je te laisse, je vais bosser ! Profite de ta journée.           

Éthan parvint enfin à articuler :

— Mais… mais … où allez- v…

Il rectifia :

— Où vas-tu ?

            — Au bureau, au LCL pardi ! Toi, tu te reposes. À ce soir !

            La porte d’entrée qui claque, le moteur d’une voiture que l’on démarre dans la rue, la sienne, et un départ sur les chapeaux de roue. L’étranger avait filé.

Le retour au silence le plus complet et la solitude achevèrent de déconcerter Éthan dont les mâchoires devenues immobiles ne parvenaient plus à venir à bout du pain au chocolat dans lequel il avait croqué.

            — C’est une histoire de fous, dit-il tout haut.

            Il parcourut du regard son appartement, s’arrêta sur l’heure affichée à l’écran de la télé muette. Hébété, désorienté, il ne savait que faire.

            Il décida d’attendre une heure au terme de laquelle il appellerait le boulot pour dire qu’il se sentait mal et n’irait pas travailler. Après tout, on ne pouvait pas lui reprocher cette petite entorse alors qu’il n’était jamais absent.

            — Lcl bonjour ! Que puis-je pour vous ?

— Allo, oui…bonjour… !

            Tout à coup, il hésita. Était-ce la bonne stratégie que de mentir ? Qu’avait-il à perdre ? Cette journée lui serait salutaire. Il avait tant besoin de se reposer, de couper avec cette vie trépidante qu’il s’imposait depuis trop longtemps. Mais sans qu’il le veuille vraiment, un autre mensonge s’invita dans la conversation.

            — Je me présente, monsieur Lantignac à l’appareil. Je suis le directeur de la société Intratech gérée par monsieur Boccello Éthan. Pourrais-je lui parler ?

            On allait bien sûr lui répondre qu’Éthan Boccello n’était pas encore arrivé mais on ne lui dirait pas qu’il était encore attablé devant son petit-déjeuner. Contre toute attente, la réponse fut différente de ce qu’il avait imaginé.

            — Oui, bien entendu. Il vient juste d’arriver. Ne quittez pas monsieur Lantignac, je vous le passe tout de suite !

            Éthan voulut se raviser et dire qu’il le rappellerait plus tard mais la communication avait déjà basculé et, à l’autre bout du fil il l’entendit, lui, l’étranger.

            — Éthan, c’est toi. C’est sympa d’appeler.

            — Comment… ?

            — Ne te fais pas de soucis, je gère. Je connais ton boulot aussi bien que toi. Ne t’inquiète pas ! Qu’est-ce que tu voulais me dire ?

            Éthan avait raccroché et il jeta le téléphone devant lui comme s’il lui brûlait la main.

            La situation lui paraissait si irréelle qu’il crut un instant qu’il avait sombré dans la folie. Peut-être qu’il se trouvait coincé dans la quatrième dimension. Peut-être que ses amis allaient sonner à la porte, accompagnés d’un caméraman et d’un producteur de télévision. Peut-être qu’un burn-out produisait ce type d’hallucinations. Peut-être que…

C’était pourtant la vérité.

C’était inexplicable mais un autre Éthan, en tous points conforme à lui, l’avait remplacé.

Il tourna en rond chez lui, se mit à lire, reposa aussitôt son livre, retourna se coucher sans conviction, se releva, alluma la télé sans la regarder, surfa sur internet sans idée précise, essaya d’appeler un ami avant de raccrocher… Déboussolé était le terme qui lui correspondait. Il avait tout son temps mais ne savait qu’en faire comme quelqu’un qui deviendrait subitement riche et ne saurait comment dépenser sa fortune. Puis, tout s’éclaira. À quoi bon chercher à comprendre ? À quoi bon lutter ? Il était libre et il pouvait donc profiter de sa journée. L’autre venait de lui offrir l’occasion de disparaître des radars pour faire ce que bon lui semblait. Les apparences étaient sauves : à la banque l’autre le remplaçait.

*

            Oui, totalement libre !

            Le trader du LCL avait virtuellement largué les amarres, brisé ses chaînes et il se sentit pousser des ailes.

            Pour la première fois depuis cinq longues années, au cours desquelles il avait dû faire ses preuves, écrasant de redoutables jeunes loups comme lui désireux de franchir les obstacles les premiers, il flânait.

            Il se rendit d’abord au musée des arts contemporains, erra dans les galeries, s’attarda devant les œuvres des plus grands artistes avant de sortir pour déjeuner chez un chef étoilé. Là, il ne se refusa rien. L’argent accumulé est fait pour être dépensé, se disait-il et ses comptes étaient bien garnis. Il suivit le conseil du sommelier et commanda un Saint-Émilion Grand Cru Château Angélus de 2018 qui s’accordait avec le menu choisi : coquilles Saint Jacques grillées, truffes Mélanosporum, bar à la vapeur, légumes glacés et foie gras, pigeon farci en cocotte sauce Salmis et Butternut rôtis, fromages de France et poire aux amandes et chocolat Valrhôna. La présentation était exquise et son palais flatté. L’après-midi, il s’accorda un plaisir qu’il reportait sans cesse : une séance au cinéma. Il essaya ensuite nombre de costumes avant d’opter pour la confection sur mesure. Il se promena le long des quais du Rhône et, comme le soleil déclinait il songea à rentrer.

            Sur le trottoir, mains enfoncées dans les poches de son manteau, il stoppa net. Et si l’autre revenait ! C’était un risque à prendre et de toute façon il n’avait pas le choix. Il gérerait la situation qui se présenterait.

            Il songea un instant qu’il pourrait se barricader dans son appartement et lui faire comprendre qu’il devait partir. Mais après tout, cette journée inespérée avait été profitable voire très agréable et il se sentait régénéré. Peut-être que ce remplaçant inespéré lui permettrait encore de se détendre en se rendant à sa place au travail. Il devait en profiter.

Il divaguait une fois de plus, son esprit faisait le grand écart, accaparé par des hypothèses antinomiques. Soudain, un postulat surprenant surgit, auquel il ne s’attendait pas : et si ce double ne rentrait pas, s’il disparaissait et que cette journée n’était qu’un aperçu voué à ne pas être reconduit. Cette pensée démente signifiait-elle qu’il voulait que l’autre reste ?

Il n’avait pas franchi le seuil de l’appartement qu’une senteur de cuisine épicée l’invita à entrer. Épicurien dans l’âme il adorait bien manger.

— Salut ! La journée s’est bien passée, s’enquit l’intrus.

Il était là, de retour.

            — Oui, très bien !

            Éthan réussissait enfin à lui parler.

            — Super, c’était l’objectif. Regarde, je t’ai préparé un tajine de poulet mais je ne dîne pas avec toi. Je file.

            — Tu files, et tu vas où ?

            — Je sors m’aérer un peu. Ta vie est rude et monotone. J’ai besoin de souffler. Ne m’attends pas, je dîne dehors et je risque de rentrer tard. Fais ce que tu veux de ton côté !

            — Et demain ?

            — Demain, je vais bosser à ta place, évidemment !

— Évidemment, répéta Éthan décontenancé.

L’inconnu doublé du cuistot ôta son tablier de cuisine sous lequel il était déjà apprêté pour sortir. Il attrapa sa pochette et ses clés au vol et avant de s’échapper adressa un petit signe de la main à son double.

— À plus !

Éthan aurait pu et aurait dû s’interroger davantage tant la situation était étrange. Il aurait pu et aurait dû poser les questions qui lui brûlaient les lèvres mais il préféra se raviser. Il craignait les réponses que l’autre pourrait lui apporter et il préférait profiter de cette aubaine, cette liberté soudaine, ces loisirs dont il avait oublié l’importance. Ce seul mot, « loisirs » avait disparu de son vocabulaire. Il s’attabla, dégusta le plat que l’autre lui avait préparé, geeka pendant des heures sur internet, visionna une série Netflix qu’il voulait voir depuis des lustres et après un bain, se rendit chez un concessionnaire Ducati encore ouvert pour s’acheter la moto dont il avait toujours rêvé. Puis il rentra, heureux, et il alla se coucher.

Pour la première fois, il n’avala aucun somnifère et dormit d’un sommeil aussi paisible que réparateur.

Le lendemain, l’autre se leva bien avant lui et, comme la veille, il lui concocta les repas de la journée avant de s’éclipser pour prendre sa place au travail.

Au fil des mois, Éthan avait pris de l’assurance et devenait hédoniste. Il alternait les journées consacrées au sport, aux parties de golf, il s’était inscrit dans un club pour passer le brevet de pilote dont il rêvait depuis l’enfance et il songeait déjà à s’offrir un jet privé léger. Il disposait des fonds nécessaires, il lui suffirait de faire un petit crédit pour compléter le financement. Pourquoi se priver ? L’autre se démenait au travail et les primes tombaient régulièrement. Au guidon de sa moto, il parcourait la France et n’avait pas pu résister à découvrir le Portugal, poussant le trajet jusqu’à l’Algarve. Il se prenait parfois pour Tom Cruise dans « Top Gun » et quand il roulait, il se moquait des limitations de vitesse. L’autre s’occuperait de les endosser.

*

Le rythme adopté par le couple était bien rodé : Le clone, cet autre lui-même qui n’était plus un inconnu, se rendait quotidiennement à la banque, enchaînait à sa place les heures de travail, les appels téléphoniques, les dossiers vertigineux, les déplacements d’affaires et le soir ou le week-end Éthan l’abandonnait pour sortir, aller au ski ou partir en voyage. Il ne s’absentait jamais plus de deux ou trois jours, soucieux que son double reprenne bien le boulot où il excellait. Éthan ne manquait pas non plus de surveiller son remplaçant car pour pouvoir continuer à profiter encore longtemps de la situation il fallait que tout fonctionne. Finalement, à part dormir dans le même lit, les deux hommes se voyaient peu et Éthan dévorait la vie, insouciant des lendemains.

Mais le bonheur est chose fragile, chacun le sait, et sans prévenir il peut s’éclipser. Les hommes s’habituent si facilement à être heureux ! Trop sans doute !

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Merci à toutes et à tous et à bientôt pour découvrir la suite !

AUDREY DEGAL


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DOMINIQUE

Bonjour à toutes et à tous,

Avant de vous offrir la suite de l’histoire « Paraître ou disparaître » dont deux épisodes sont actuellement en ligne, je voulais moi aussi, à ma façon marquer la JOURNEE DE LA FEMME et quoi de mieux qu’une histoire ! Je vous la livre ici en intégralité et j’espère que vous aurez du plaisir à la lire. Elle est tirée de mon recueil de nouvelles « DESTINATIONS ETRANGES » (cliquez dans « MENU » pour découvrir le livre, sa 4e de couverture et des extraits). Je vous laisse la savourer jusqu’à la dernière ligne et je vous donne rendez-vous très rapidement pour lire la suite de l’histoire à suspense « Paraître ou disparaître ».

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Tout est gratuit et vous ne recevrez pas de publicité, juste un message lorsqu’ je publie une nouvelle histoire et un lien sur lequel cliquer pour y accéder rapidement. S’abonner est, pour les lecteurs de ce site, une façon de remercier l’auteure que je suis, de l’encourager, de la soutenir

Je vous souhaite une agréable lecture et une excellente semaine !

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Partir, oui vouloir partir…

…mais ne pouvoir aller nulle part !

DOMINIQUE

Il fallait bien sortir ! Oui mais ce n’était pas toujours si simple ! La vie n’est pas si simple  !

Du placard du couloir de son appartement, au cinquième étage, Dominique sortit des chaussures et une veste. Il faisait un peu frais ce matin-là, même si plus tard dans la journée le soleil réchaufferait largement l’atmosphère. Ce serait une belle journée de septembre. Une belle journée, oui, mais pour qui ? Pas pour Dominique, assurément !

Un tour de clé dans la serrure et déjà ses sens en éveil balayaient son environnement. Écouter tout d’abord pour savoir si quelqu’un montait ou descendait les étages dans la cage d’escaliers. Mais il n’y avait personne, pas plus que dans l’ascenseur immobilisé. Voir ensuite, s’assurer que la lumière traquait les moindres recoins. On ne sait jamais ! Quelque malfaiteur pourrait bien se dissimuler quelque part, n’importe où, prêt à bousculer sa victime, à voler son argent et à la maltraiter pour lui faire avouer les codes nécessaires afin d’utiliser les cartes de crédit. Il pourrait aussi en vouloir à sa personne et cela était pour Dominique le pire des cauchemars. Un tour d’horizon : il n’y avait pas âme qui vive sur le palier. Sentir aussi, car la fiabilité de l’odorat est souvent déconsidérée alors qu’un parfum s’exprime, plus qu’on ne le pense, indiquant qu’un individu est passé, il y a quelques instants. Mais Dominique ne humait que sa propre odeur. C’était épuisant de devoir toujours être ainsi, en alerte. C’était cependant son quotidien.

Alors Dominique dévala les escaliers, rapidement, flottant presque sur chaque marche. Il était déjà 7 heures et il ne fallait pas être en retard. Surtout pas ! Les gongs de la lourde porte de l’allée qui menait dans la rue n’avaient pas été lubrifiés. Un grincement désagréable résonna donc, qui alerta les passants quand Dominique surgit de l’immeuble. Tous se retournèrent. Les mains profondément enfoncées dans les poches de son pantalon, il fallait avancer jusqu’à l’arrêt de bus sans prêter la moindre attention aux mille yeux braqués, inquisiteurs. 5 minutes de marche, ce n’était pas le bout du monde après tout ! Oui et non, tout dépend où est le bout du monde. Pour Dominique, c’était loin et il fallait se frayer un passage en enfer. On l’observait. Pire, on lui parlait :

— Salut toi !

Dominique ne répondait pas. Il était impensable de répondre.

— Je te parle !

Détourner la tête, garder les yeux baissés – le goudron, c’est si beau ! du moins faut-il s’en convaincre, faute de mieux – faire comme si l’on n’avait rien entendu, faire comme si ce n’était pas important. Bref faire semblant. Mieux encore, rêver que l’on peut partir. S’imaginer des destinations lointaines. Fuir le poids du quotidien. S’évader ! Mentalement, c’était sa bouée de sauvetage, le rivage auquel il fallait s’accrocher désespérément pour ne pas sombrer.

Dominique se rappelait le lycée. On lui avait enseigné le théâtre et les masques portés par les personnages qui eux aussi faisaient semblant, faisaient comme si. Le héros le plus émouvant en la matière était bien Cyrano, amoureux fou de Roxane, qui faisait semblant de ne point l’aimer et qui écrivait, écrivait inlassablement des lettres d’amour qu’il signait du prénom de son rival, Christian. Jamais il ne fut démasqué. Seule l’imminence de sa mort avait révélé son vrai visage. Dominique s’en inspirait, ne laissant jamais rien filtrer, refoulant ses émotions, ses envies de rébellion qui grandissaient chaque jour et qui menaçaient d’exploser. Sa vie était si belle avant. Elle était faite de liberté de penser, d’agir, de plaisanter…

Outre la marche à pied, il y avait une autre épreuve, redoutable : l’attente du bus. Il n’était jamais à l’heure et il fallait patienter parfois fort longtemps, immobile. Pour certains, cela signifiait que l’on désirait se joindre à eux sans oser le dire. C’est extraordinaire de voir comme des individus prennent leurs idées pour des réalités, plus encore pour des réalités partagées, se persuadant qu’ils sont irrésistibles. Tout l’art consiste justement à leur résister sans s’attirer leurs foudres.

— Tu viens, je te paye un verre !

Pas de réponse.

— Après on peut passer un bon moment tous les deux !

Toujours pas de réponse.

Enfin, la délivrance : l’arrivée du bus. Dominique gravit les quelques marches et avança dans l’allée centrale. Comme d’habitude, il y avait un monde fou. C’était l’heure de pointe. Serrés comme des sardines dans une conserve trop étroite, les passagers devaient se supporter et tout supporter : odeurs de transpiration, parfum aspergé de mauvaise qualité, haleine fétide, gaz intestinaux largués en dépit du respect d’autrui… Tout cela était difficile à accepter et pourtant ce n’était rien à côté des mains baladeuses qui se promenaient sur les fesses arrondies et cherchaient même à fureter devant les jambes. Dominique se contentait de se retourner pour montrer sa désapprobation mais il était impossible d’identifier les passagers irrespectueux. Et puis il en était ainsi chaque jour. Cela devenait normal pour tout le monde. Il était strictement interdit de crier au scandale sous peine de se voir accuser de provocation, de port d’une tenue indécente… D’ailleurs, la publicité, les journaux et les politiciens se rendaient complices de cet état de soumission. Les premiers affichaient quotidiennement le sexe faible dans des tenues qui n’en étaient pas, dans des attitudes inconcevables, contribuant à ce qu’il soit perçu comme un vulgaire produit de consommation courante, comme une marchandise. Il n’était pas étonnant que même les enfants soient parvenus à se convaincre qu’il s’agissait d’une vérité. Les derniers parce que cela rendait le commerce florissant mais aussi parce qu’ils se réfugiaient derrière la thèse de l’évolution des mœurs, arguant que ce n’était pas grave et qu’il ne fallait pas accorder d’importance à cela. Après tout cela ne provoquait pas la mort… alors !…

Place de la République. 7 heures 20. Dominique devait descendre. Enfin, il lui serait possible de respirer et de bouger. Il faudrait marcher vite jusqu’au bureau.

7 heures 35.

— Dominique, dans le bureau du chef du personnel, on vous attend. Vite !

Serait-ce enfin la bonne nouvelle tant attendue ? Un poste s’était libéré et Dominique avait les compétences requises. Ils étaient deux en fait à briguer cette promotion.

Dominique frappa à la porte.

— C’est vous enfin ! Avant de vous asseoir, préparez-moi donc un café.

Il ne fallait surtout pas espérer un « s’il vous plaît ». Cinq minutes plus tard, ce supérieur hiérarchique despotique regardait Dominique entrer, les yeux rivés sur ses formes généreuses. Comment ne pas se sentir déshabillé ? En plus, il fallait feindre la joie d’être regardé, prendre cet effeuillage virtuel pour un compliment. Dominique s’efforça donc de sourire et posa le café sur le bureau.

— J’apprécie particulièrement votre travail. Vous êtes une personne efficace et dévouée. Chacun dit de vous que l’on peut compter sur votre sérieux et votre réactivité. C’est exceptionnel et nous sommes ravis de pouvoir vous compter parmi les membres de notre personnel.  Cependant…

Voilà ! Après les compliments, il venait de prononcer le mot qui blessait assurément. Il y aurait nécessairement un obstacle à sa promotion.

— Cependant – et croyez bien que la décision a été prise après mûre réflexion – le poste que vous briguiez ne vous sera pas confié. En effet, nous avons finalement choisi mademoiselle Noëlle Meredit dont le profil et l’expérience cadraient davantage. Vous ne déméritez pas pour autant et vous pourrez bien sûr renouveler votre candidature ultérieurement…

— « Après mûre réflexion », se moqua Dominique par la pensée. Et il faudrait que j’avale cela ? Je n’avais aucune chance. Je suis bête, mais pourquoi avoir postulé ? C’était perdu d’avance. « Renouvelez votre candidature ultérieurement »… je ne suis pas si stupide. C’est du temps perdu.

— Vous pouvez vous retirer !

Dominique n’afficha pas son dépit mais son cœur se serrait. Il était si bon le temps où tout était possible, le temps où on lui aurait confié ce poste, le temps où  sortir à n’importe quelle heure ne choquait pas, le temps où… À quoi bon ressasser tout cela, ce temps était bel et bien révolu. L’année 2025 qui s’achèverait dans deux mois serait la plus noire que Dominique ait connue mais 2026 arriverait avec son lot de surprises. Dominique n’avait pas l’ombre d’une idée de ce qui se tramait…

La journée fut terne, comme toutes les autres journées passées au travail. Dominique se levait de temps en temps et quittait son bureau pour se rendre dans la salle de reprographie. Évidemment, comme d’habitude on parlait sur son passage, on plaisantait. Comment nier que ses formes plantureuses étaient convoitées ? Mais Dominique traversait cet espace sans rien dire, regroupant les photocopies à faire pour éviter de répéter ce supplice.

Au réfectoire, lors de la pause-déjeuner, ce n’était guère mieux. Dominique aimait manger d’autant que le sport lui permettait d’éliminer aussitôt. Malgré cela, il lui fallait supporter les :

— Attention, tu vas grossir !…

ou

— C’est pas bon pour la ligne !

Un mètre soixante-treize pour soixante-deux kilos, il n’y avait pourtant rien à redire. Bon, toutes les journées ont une fin et celle-ci approchait enfin.

Dominique rentra à la maison. La fatigue avait fait son œuvre et ses traits étaient creusés. Le trajet de retour fut comme d’habitude aussi pénible que celui de l’aller mais enfin, il faudrait profiter de la soirée pour se détendre.

Dominique inséra sa clé dans la serrure et poussa la porte.

— C’est toi Dominique ?

— Oui, c’est moi !  Les enfants ont été sages ?

— Oui… enfin… je crois. Je ne les ai pas vus depuis un moment. Ils doivent être dans leur chambre.

— Comment ça tu ne les as pas vus ? Et les devoirs alors ? 

— Les devoirs… tu sais bien que ce n’est pas mon truc les devoirs, ils ne m’écoutent pas et en plus il y a une émission intéressante à la télévision. Viens voir !

— Zut ! Fichue soirée ! murmura Dominique.

18 heures 30. Dominique déposa quelques paquets sur la table de la cuisine. À l’intérieur  : une laitue bien pommée, des filets de flétan, deux citrons verts et quatre flans au caramel. La voix de Claude monta de la pièce d’à côté. Dominique jeta un œil et n’aperçut qu’une télécommande flotter dans l’air du salon. Une main l’actionnait avec vivacité.

— Qu’est-ce qu’on mange ce soir ?

— Salade, poisson, reste de légumes d’hier et flans au caramel. Mais tu sais…

— … J’espère qu’on mange vite, j’ai une faim de loup !

— Je te disais, ou plutôt j’essayais de te dire que je devais d’abord m’occuper des devoirs des enfants et qu’ensuite je préparerai le repas. Je n’ai pas quatre mains et tu devras attendre.

— Dépêche-toi alors !

— Au fait, j’ai dû payer les courses avec des espèces, ma carte bleue ne fonctionnait pas. Elle affichait « accès refusé ». D’ailleurs, il n’y avait pas que moi qui avais ce problème…

— Oui, c’est normal !

— C’est normal ?

— Je t’expliquerai… mais laisse-moi, je veux suivre le reportage. Ils ne vont pas le repasser pour moi !

20 heures, les devoirs étaient faits, les leçons apprises. Il fallait encore doucher les enfants et préparer le dîner.

— Quand est-ce qu’on mange ? demanda Claude. Je trouve que ça traîne !

— Tu es à la maison depuis plus longtemps que moi. Tu aurais pu m’aider ! Nous serions à table à l’heure qu’il est et…

L’atmosphère se tendit.

— Ne me parle pas sur ce ton ! coupa Claude. Les tâches domestiques c’est ta partie, pas la mienne. Moi je m’occupe du reste.

— Et c’est quoi le reste ?

— Tu sais bien, je ne vais pas t’apprendre le fonctionnement du monde. Moi, je suis doué en mathématiques, en physique…

— Justement à propos de mathématiques, c’était le devoir de Julie. Tu aurais pu…

— … non, les devoirs, je ne les ferai jamais faire ! Et puis tu t’occupes bien mieux des enfants que moi. Un point c’est tout !

Deux heures plus tard, Dominique débarrassait la table. Ses paupières étaient lourdes. La machine à laver le linge chargée, il fallait songer à s’offrir un moment de détente avant de dormir et que ne recommence une nouvelle journée de travail. Dans le salon, un fauteuil lui tendait enfin les bras !

— Ta journée s’est bien passée ?

— Non, pas vraiment. Je n’ai pas obtenu le poste que je demandais. Tu t’en souviens ?

— Oui, je me rappelle, tu m’en avais parlé.

— Et tu trouves ça normal ?

— Non, bien sûr, mais… en même temps, il fallait justifier de diplômes conséquents que tu n’avais peut-être pas !

— C’est toujours pareil ! Si, je les avais ces diplômes vois-tu, mais la direction a choisi mademoiselle Meredit.

— Une autre fois, tu auras peut-être plus de chance. Il ne faut jamais se décourager.

— C’est facile à dire quand on est dans ton cas.

— Que veux-tu dire ?

Dominique explosa.

— Tu le sais bien et tu t’en accommodes. Toutes les portes sont toujours fermées pour le sexe faible et cela va en empirant. Regarde, j’aime la moto, comme toi, j’aime être sur la selle mais quand j’ai voulu postuler au permis, le gouvernement venait d’en interdire l’accès. « Cela témoigne de trop de caractère et d’une indépendance incompatible » avec le sexe. Voilà ce qu’on m’a répondu. Et puis regarde tous les stéréotypes qu’il faut supporter et avec lesquels tu es toi aussi d’accord : on s’occupe mieux des enfants, du ménage, on n’est pas doué en maths… même les discours scientifiques s’emparent de ces stupidités pour bien établir la distinction entre sexe fort et sexe faible. Mais la vie devient étouffante, ce n’est plus supportable, c’est un retour en arrière inconcevable mais accepté parce qu’il permet l’économie de la réflexion. Même les enfants sont formatés dès l’école : qui tient le balai sur les images de leurs livres, qui fait les courses, qui dirige les entreprises, qui obéit toujours ?…

Claude regardait Dominique qui parlait en faisant de grands gestes et en tournant dans le salon comme un félin enfermé.

— Et la liberté dans tout ça hein ? Elle est foulée aux pieds ! Tiens regarde la revue littéraire que tu as dans les mains : encore un prix décerné et à qui est-il décerné, hein ? À Terry Chapdow ! Et cela ne te surprend pas, bien sûr que non, tout le monde en a tellement l’habitude. On nous  colle des étiquettes dès la naissance ! C’est une sorte de formatage social mais surtout d’interdits pour les uns et de privilèges pour les autres, le tout sous couvert des lois.

— Calme-toi ! On va t’entendre !

— Et alors, on va m’arrêter et me jeter en prison pour infraction à la loi ? Qu’on m’arrête  ! J’en ai assez de cette chape de plomb, des écarts salariaux, des tâches domestiques oui, des tâches domestiques car nous travaillons tous les deux mais quand je rentre, il faut que je fasse tout pendant que tu te reposes. Et moi dans tout cela ? Quand est-ce que je souffle ? J’existe pourtant, moi aussi je ressens la fatigue en fin de journée…

— Ne crie pas si fort. Je te comprends tu sais !

— Faux, tu ne comprends rien du tout et tu profites du système parce que c’est mieux pour toi aussi. Qui s’est insurgé quand la loi de 2020 a été votée qui nous interdisait de disposer librement de notre salaire ? Personne ou plutôt si, certains, vite emprisonnés ! Qui a osé protester en 2021 alors qu’il a été décidé de nous interdire d’adhérer à un syndicat sans autorisation ? Qui a hurlé au printemps 2021, quand a été supprimée la loi de 1945 qui affirmait la notion de « travail égal, salaire égal » ? Qui s’est insurgé en 2022, lorsque l’on nous a imposé de justifier d’une autorisation du partenaire pour obtenir un travail ? Et la pire de toute, hein la pire qui fait de nous des objets, promulguée en septembre 2025, voilà à peine deux pauvres petits mois, qui empêche de porter plainte pour harcèlement sexuel. Le harcèlement n’existe plus, comme par magie ! Tout de monde est devenu beau et gentil avec nous. Et pourtant je le subis, moi, le harcèlement sexuel : le matin en attendant le bus, puis à l’intérieur, au travail… Mais ça, ce n’est pas important, c’est devenu la norme. Mon Dieu mais que vont-ils encore inventer, quelle sera la prochaine loi qui…

— …Justement. Je voulais te parler de ta carte bleue. Elle n’a pas fonctionné tout à l’heure parce que le gouvernement vient de décider que vous ne pourriez plus être titulaires d’un compte bancaire et donc d’un tel moyen de paiement.

Dominique s’effondra sur un fauteuil, sans énergie, les yeux hagards. Claude renchérit :

— Personne ne doit être choqué par cette décision. C’est un moyen de vous protéger contre les achats compulsifs dont les scientifiques affirment qu’ils…

— …Tais-toi Claude ! Je t’en supplie, tais-toi ! Je ne peux plus rien entendre ce soir !

Telle une ombre, Dominique gagna sa chambre à coucher et s’allongea sous les couvertures chaudes, espérant trouver le sommeil. Toute cette vie ne pouvait être qu’un abominable cauchemar et le réveil réparerait la situation en rétablissant la réalité. Chacun retrouverait alors sa véritable place et le monde, celui d’avant, reprendrait ses droits, son fonctionnement, son ronronnement si bien rodé. Tant de livres, tant d’histoires, commençaient ainsi, par une vie impossible dont le héros ne voyait pas la fin et puis soudain, il se réveillait et retrouvait sa douce existence, avec ses privilèges, quand bien même ceux-ci privaient d’autres êtres de liberté. Mais Dominique ne ferma pas l’œil de la nuit et Claude, qui dormait à ses côtés du sommeil du juste, lui rappelait qu’au matin sa sombre vie se poursuivrait. Le mythe de Sisyphe était à l’œuvre. Sa vie ressemblait à une peine injuste à laquelle les Dieux auraient condamné sa personne en raison de son sexe.

*

Le réveil sonna. Dominique ne déjeuna pas.

Il fallait bien sortir ! Oui mais ce n’était pas toujours si simple ! La vie n’est pas si simple  !

Du placard du couloir de son appartement, au cinquième étage, Dominique sortit des bottes et un imperméable. Il pleuvait ce matin-là. Le soleil ne montrerait pas son nez de la journée. Il ne réchaufferait pas l’atmosphère gonflée d’humidité. Ce serait une journée de septembre identique à toutes les autres journées sordides. Ce serait une belle journée pour les autres, les privilégiés.

Ce matin-là, la radio avait annoncé de nouvelles mesures gouvernementales qui seraient adoptées dès janvier 2026. Parmi celles-ci les écarts salariaux entre les hommes et les femmes seraient rétablis et les postes à responsabilités exclusivement réservés au sexe fort. Le droit de vote, quelle que soit l’élection, serait aussi retiré pour préserver la fragilité morale des individus préalablement concernés. L’accès aux études supérieures serait aussi très encadré et les filières scientifiques, les métiers de la magistrature… seraient exclusivement réservés aux femmes. Enfin, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen serait corrigée et s’appellerait désormais la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne. Il y serait spécifié que des preuves scientifiques, nombreuses, étaient venues confirmer le fait que la Femme était supérieure à l’homme et que…

*

Février 2026. Le réveil sonna. Dominique se leva, comme tous les matins. La veille, il s’était occupé des enfants et du repassage du linge.

Il déjeuna puis se rendit dans la salle de bains. Il rasa les quelques poils du menton qui se disputaient un emplacement et rendaient son visage disgracieux. Le port de la barbe était devenu obligatoire. Elle devait être convenablement taillée chez tous les hommes. Ainsi, on les repérait mieux ! Avant de quitter la maison, il découvrit une liste sur le petit meuble en bois de l’entrée. Claude, sa femme, y avait écrit quelques achats qu’il devrait faire le soir, avant de rentrer car elle avait envie d’un bon repas bien mitonné. Claude avait pris soin de lui laisser aussi trois billets afin qu’il puisse régler la note.

Dans l’ascenseur, la voisine lui pinça les fesses. Dominique ne fut délivré que par l’arrivée de la cabine au rez-de-chaussée.

La rue, ces regards de désir portés sur lui, le bus, comme toujours bondé, et dans sa main, le petit mot de Claude qu’il avait froissé mais gardé. Une pensée : le lendemain, le surlendemain… Tout serait toujours pareil. Depuis cette guerre mondiale qui avait provoqué la mort de millions d’hommes, depuis l’arrivée au pouvoir de la dictatrice et de toutes les autres dans tant de pays, depuis la nomination de gouvernements constitués de femmes ministres, la revanche, comme elles disaient, se répandait plus vite qu’une pandémie. Les hommes, trop minoritaires, n’avaient plus leur mot à dire. Les femmes dirigeaient le monde politique, le monde religieux et renversaient des siècles d’oppression et d’esclavage.

Une avenue, un pont, un arrêt de bus sur le pont. Des portes qui s’ouvrirent et dans sa main le petit mot qui disait combien sa soumission à Claude était grande. Il y aurait d’autres matins, d’autres mots, d’autres ordres, d’autres obligations… Dominique sentit un crayon oublié dans la poche de son imperméable. Il le sortit et griffonna le papier.

Alors que le chauffeur allait refermer les portes, Dominique bouscula ceux qui le gênaient. Il sauta sur le trottoir. La pluie ruisselait. En moins de deux minutes, il fut trempé. Une voiture s’arrêta à sa hauteur :

— Hé, mon mignon, tu veux que je te dépose quelque part ? Tu es déjà tout mouillé ! Allez quoi !…

Dominique enjamba la barrière et se jeta dans les flots tumultueux sans aucune hésitation. Il disparut en quelques secondes. Il n’y aurait plus de lendemain car pour lui, il l’avait compris, il n’y aurait jamais d’échappatoire, jamais de destination lointaine, jamais de destin. Sur le goudron, un papier mouillé sur lequel on pouvait encore lire :

« Fais les courses. Surtout a… du fromage à raclette et la charcuterie. Je veux du…

……………………………………………………..

Je rentrerai tard ce s… car je sors avec des amies. Prépare le re… pour 21 heures

et puis fais-toi beau ! »

et la réponse qu’il avait eu le temps de griffonner avant de partir :

PLUS JAMAIS !

AUDREY DEGAL


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PARAÎTRE OU DISPARAÎTRE (suite 1)

Chers lecteurs et chères lectrices,

Voici la suite de l’histoire « Paraître ou disparaître ». Le prochain épisode sera publié rapidement afin que vous n’attendiez pas trop longtemps.

Merci à celles et ceux qui se sont déplacés samedi 4/3/2023 lors du salon du livre de Sigean afin d’acheter mon dernier livre « Paroles de pierres » que j’ai pu leur dédicacer et qui en ont profité pour me dire aussi combien ils ont (je vous cite) « trouvé passionnants » « La Muraille des âmes » et « Le Manuscrit venu d’ailleurs ». Votre confiance, votre enthousiasme, votre déplacement pour me rencontrer m’a vraiment touchée.

A celles et ceux qui n’osent pas encore se procurer les romans d’une auteure non médiatisée, je vous invite à lire les commentaires des lecteurs, sur ce site, pour comprendre que vous adorerez me lire.

Agréable lecture !

Résumé épisode précédent :

Éthan est cadre dans une banque. Il voue sa vie au travail si bien qu’il n’a aucune vie personnelle. Il vit seul et toutes ses journées se ressemblent. La compétition entre collègues est rude et pour rester au top, il travaille de façon acharnée. Une nuit, alors qu’il est dans son lit, il sent quelque chose bouger à côté. Effrayé, il pense à se défendre et à ce moment il comprend qu’il s’agit d’un homme allongé, qui dort. Il s’empare d’une lampe, prêt à la jeter sur l’inconnu.

            La lampe alla se fracasser de l’autre côté du lit. Il avait manqué sa cible.

            — Non mais ça va pas ! T’es devenu fou ou quoi.

            L’inconnu se rebellait mais ne semblait ni être inquiet ni vouloir partir. Éthan saisit alors le radio-réveil qu’il avait repéré grâce aux chiffres fluorescents.

            — Foutez le camp ou j’appelle la police !

            Mais où avait-il posé son smartphone ? Dans l’affolement il n’arrivait plus à rassembler ses esprits ou à réfléchir. À court d’idées, il lança l’appareil qui pesait son poids en essayant cette fois de viser vers les oreillers pour atteindre sa cible.

            Le radio-réveil vola dans l’air avant d’atteindre la forme qui dormait dans le lit puis de rebondir pour finir pulvérisé sur le parquet.

            — Putain, t’es dingue. Tu m’as fait mal. Viens te recoucher, on s’occupera de tes conneries demain.

            Éthan se sentait alternativement fébrile, hésitant, paniqué, effrayé ou indécis face à cette situation incompréhensible.

            Comme ses yeux commençaient à s’habituer à l’obscurité, il finit par discerner une vague silhouette couchée en chien de fusil. Il la regarda, inquiet, perplexe et surtout désemparé d’autant que l’individu restait indifférent aux menaces. Son calme l’impressionnait.

            — Allez, recouche-toi Éthan, le pria-t-il sur un ton étonnamment tranquille, et puis remets la couverture en place. Il ne fait pas chaud !

            Ce n’était pas un rêve. Tout était bien réel et il faisait effectivement frais dans la chambre. D’ailleurs, Éthan commençait à grelotter. Pris d’une sensation de vertige, il crut vaciller. Ses jambes se dérobaient sous lui et il se retint de justesse au rebord de son lit pour ne pas tomber. Il prit plusieurs grandes inspirations pour recouvrer ses esprits et ses forces.

            — Il faut dormir, couche-toi, répéta l’étranger en tapotant les draps du plat de la main comme on appelle un animal auprès de soi.

Cette voix, cette façon de parler, Éthan les connaissait.

            Ce squatteur nocturne le connaissait, lui, puisqu’il l’appelait par son prénom. Par contre, Éthan ne parvenait pas à l’identifier. Qui donc était couché, là, dans son lit ? La question tournait en boucle dans sa tête.

            Comme le dormeur ne semblait pas vouloir déguerpir, le jeune homme quitta la chambre à pas de velours puis, une fois à la porte il la referma derrière lui et se précipita pour tenter d’appeler les secours. L’autre restait apparemment imperturbable. Rien ne semblait le déranger ou l’alarmer.

            Dans sa hâte, il renversa une bouteille de bière qui traînait depuis des jours, par terre, à côté du canapé. Sa hanche rencontra le coin de la table de la cuisine et son petit orteil droit heurta douloureusement le pied d’une chaise, lui arrachant de la peau, de la chair et un gémissement qu’il étouffa aussitôt.

            — Mais bonté, où est ce foutu téléphone ?

            Tel un aveugle, il avançait dans son appartement, les mains en avant, épousant le dessus de tous les meubles. Arrivé devant la télé murale, il sentit enfin sous ses doigts un objet rectangulaire, plat, fin et froid qu’il reconnut sans hésitation. Il tapota deux fois sur l’écran qui s’éclaira enfin. Quelques instants plus tard, il était en contact avec la police et après des explications confuses, son interlocuteur le rassura.

            — Surtout ne tentez rien. Je vous envoie quelqu’un au plus vite.

— Venez vite, c’est peut-être un détraqué !

— Nous allons vérifier mais en attendant, n’intervenez pas, restez calme ! On arrive.

            Pendant ce temps, l’inconnu aucunement perturbé s’était à nouveau assoupi.

            Alors qu’il raccrochait, Éthan consulta l’heure sur l’écran de son smartphone : 5 H 15.

            — C’est un cauchemar. Je vais forcément me réveiller.

            Il ferma les yeux, très fort, contracta tous les muscles de son visage et serra les poings comme si cette intense concentration pouvait lui permettre de retrouver immédiatement sa vie normale.

            En attendant et malgré l’étrangeté de la situation, il était moins tendu. Après tout l’inconnu n’était pas agressif. Peut-être s’agissait-il d’un voisin qui avait perdu la raison ou s’était trompé de palier et d’appartement et qui se croyait vraiment chez lui. Mais dans ce cas comment était-il entré ? Il pouvait aussi s’agir d’un malade qui avait fait une fixation sur lui, l’avait suivi jusque à son domicile et avait pénétré dans l’appartement sans qu’il s’en aperçoive. Pourtant Éthan ne se rappelait pas avoir laissé sa porte ouverte ne serait-ce qu’un instant. Cette hypothèse ne tenait pas la route ! Mais s’il échafaudait des théories aussi fumeuses  les unes que les autres, celle d’un pervers extrêmement sûr de lui s’imposa tout à coup. Dans ce cas, il serait la prochaine victime d’un sérial killer qui s’amusait avec lui avant de lui infliger les pires supplices. À cette idée, tout son corps se crispa, son cœur se mit à marteler sa poitrine tandis que des bouffées de chaleur et une sensation d’étouffement montaient risquant de le submerger s’il ne se ressaisissait pas rapidement. Tel un automate, il se dirigea vers le couloir et se réfugia dans un placard, loin de sa chambre. Jamais il n’aurait imaginé qu’il s’y cacherait et que ce lieu constituerait un refuge contre la menace. Il resta là, immobile, comme paralysé, coincé entre un balai, un aspirateur et une barre de penderie chargée de vêtements qui, pour l’occasion, faisait office de boucliers dérisoires. Si on lui avait dit, quelques jours plus tôt, qu’il serait en planque là-dedans, comme un voleur, il aurait ri, aurait plaisanté et n’en aurait pas cru un mot. Pourtant, il s’était bien enfermé volontairement dans ce placard, prisonnier de sa peur. Seul dans le noir, il se sentait impuissant et se demandait quand tout cela allait finir. Il s’efforça de rester silencieux et il attendit. Que faire d’autre ? La police finirait bien par arriver même si les minutes qui s’écoulaient lui semblaient durer des heures.

Alors qu’il prêtait attention au moindre petit bruit, des problèmes auxquels il n’avait pas pensé lui traversèrent l’esprit. La sonnerie, l’électricité  !…

            — Merde, jura-t-il tant cela le contrariait.

            Il venait de comprendre qu’il n’entendrait pas le bip de l’interphone puisque le courant était coupé. Il devait sortir du placard.

            Au moment de choisir son appartement, il avait opté pour un endroit spacieux. Après tout, il avait les moyens ! Mais aujourd’hui, il n’y voyait que des inconvénients. Le disjoncteur se trouvait à l’opposé du placard où il se trouvait, à l’autre extrémité du couloir.

            Sa pomme d’Adam fit un aller-retour bruyant lorsqu’il déglutit tout en faisant glisser la porte coulissante. Personne ! Décidément, l’autre dormait d’un sommeil paisible ! Il alluma son téléphone qui lui procura une douce lumière bleutée, suffisante pour se repérer. Au fur et à mesure, ses pas le rapprochaient de la chambre et il percevait de façon distincte une respiration lente et sereine. L’intrus dormait maintenant à poings fermés.

Parvenu proche de la porte d’entrée, il repéra le tableau électrique sur sa droite. Il ouvrit doucement la petite porte métallique qui le masquait mais hésita à pousser sur le bouton du disjoncteur. Et si une lumière éblouissante jaillissait dans la chambre et qu’elle réveillait l’inconnu ! C’était malheureusement un risque à prendre mais il était presque certain d’avoir tout éteint avant d’aller se coucher.

            Sous ses pieds nus, le sol était froid et ses pantoufles comme son peignoir lui manquèrent plus que jamais ! Il déposa son téléphone à même le sol pour frotter ses mains glacées l’une contre l’autre et se réchauffer. Puis, dans un élan éphémère de courage, il leva le bouton du disjoncteur avec le sentiment d’avoir pris une décision hors du commun comme s’il actionnait celui de la bombe atomique. Un léger « clac » retentit mais aucune lumière ne s’éclaira, ce qui lui arracha un soupir de soulagement.

            Pour ne pas avoir à retraverser le couloir et risquer de faire du bruit, il décida d’oublier son premier refuge, le placard qui l’avait accueilli, d’autant que la buanderie située juste derrière lui pouvait lui offrir un abri sommaire mais surtout moins étroit. Il y dégoterait bien des vêtements dans le sèche-linge pour se mettre quelque chose sur le dos.

            Toujours avec d’infinies précautions, il pénétra dans la pièce et alors qu’il allait refermer la porte après son passage, celle-ci lui échappa, claqua tandis qu’il resta avec la poignée orpheline dans une main. L’autre partie ainsi que le carré tombèrent à l’extérieur, dans le couloir, sur le carrelage dans un bruit métallique retentissant.

            — Merde ! jura-t-il. C’est pas vrai !

Depuis des semaines il se promettait de réparer la poignée récalcitrante mais il reportait sans cesse l’intervention. Cette nuit-là, il subissait les conséquences de son laxisme, désormais prisonnier de la buanderie, téléphone à l’extérieur.

Il pestait intérieurement, s’en voulait, se maudissait et piaffait de colère contre lui-même mais rien n’améliorait sa situation, bien au contraire.

            Une sonnerie retentit, qui le tira de cet énervement sans fin. Un dring, deux dring , trois dring . L’interphone ! La police ! Enfin elle arrivait ! À ce moment-là, une envie irrépressible de frapper sur n’importe quoi le saisit pour évacuer le trop-plein de tensions. Il venait de prendre conscience de l’absurdité de la situation et du fait qu’il ne pouvait ni répondre ni ouvrir à ses sauveurs.

            — Mais bon Dieu, tout se ligue contre moi ! s’agaça-t-il.

            Il chercha autour de lui un moyen de débloquer la porte. Il essaya d’abord d’introduire un stylo dans le trou prévu pour le carré et ainsi le faire tourner. Crac ! Sous la pression le plastique trop fragile se brisa et se répandit en miettes au sol. Il utilisa d’autres objets inadaptés, en vain. La porte restait close et lui enfermé.

Dehors, les policiers s’impatientaient et s’appesantissaient sur le bouton de l’interphone. Éthan se résigna et se contenta de tendre l’oreille mais seul le silence lui répondait.

Soudain, interpellé par un bruit de pas, il recula légèrement, baissa la tête et aperçut un rai de lumière jaillir. Le bas de la porte venait de s’’éclairer. Quelqu’un marchait dans le couloir en traînant les pieds. L’intrus s’était réveillé.

Il prit encore un peu de recul comme pour se protéger d’une intrusion violente puis il entendit parler. L’inconnu venait de décrocher le combiné.

La suite paraîtra très prochainement. En attendant invitez vos amis à lire sur ce site, voire à s’abonner pour ne manquer aucune publication.

A très bientôt,

AUDREY DEGAL


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PARAÎTRE OU DISPARAÎTRE

Chers lectrices et lecteurs me revoici.

Tout d’abord, laissez-moi vous souhaiter une très bonne année 2023. Il n’est pas trop tard, nous pouvons le faire jusqu’au 31 janvier ! Je vous avais promis que j’allais reprendre mes publications de façon plus régulière dès 2023, c’est chose faite aujourd’hui. J’ai tardé en raison de la Covid qui ne m’a pas épargnée et m’a épuisée. Mais tout va bien et je vous présente donc la première histoire de 2023. Elle paraîtra en plusieurs épisodes et pour ne rien manquer je vous invite à vous abonner au site pour rejoindre les 1048 lecteurs fidèles qui ont déjà franchi le pas. Merci à eux ! (les 218 qui apparaissent peut-être sur votre écran ne reprennent que les abonnés par emails. Les 1048 correspondent aux abonnés email, Twitter et Facebook). Il s’agit ici d’une nouvelle à suspense, pas de policier. J’écris actuellement un roman policier et je ne veux pas que nouvelles et romans se parasitent. Pensez aussi à vous procurer mes livres déjà édités notamment les deux derniers « Le Manuscrit venu d’ailleurs » et « Paroles de pierres » dont les lecteurs rencontrés lors des dédicaces ne me disent que du bien tant ils ont apprécié l’originalité de chacune de ces histoires.

Bonne lecture !

PARAÎTRE OU DISPARAÎTRE

            Lorsque son chef déposa une énorme pile de dossiers à traiter sur le côté droit de son bureau déjà trop encombré, Éthan remercia poliment son supérieur hiérarchique mais il n’en pensait pas moins.

            — Voilà de quoi vous amuser un moment ! déclara le patron selon une habitude que tous les employés détestaient.

            Y avait-il de l’ironie ou du sarcasme dans sa réflexion ? Le jeune homme s’en moquait car le problème n’était pas là. Le problème c’était dans la stratification de tâches sans fin, l’accumulation, l’overdose : un dossier puis un autre, puis dix autres, tous urgents, tous particuliers, tous… Il y avait de quoi tomber craquer, devenir migraineux, dépressif. Il y avait de quoi foncer chez son médecin pour hurler « J’en peux plus ! ». Ethan aurait voulu que tout s’arrête. Fini les montagnes de dossiers derrière lesquelles il aurait pu se cacher. Il aurait voulu ne plus avoir à rendre de comptes, rester chez lui, ne plus voir son chef, souffler un peu. Il aurait voulu n’avoir plus à courir après tout : le temps, les repas, les transports… Il n’avait rien à envier à une cocotte-minute prête à exploser sous la pression.

En un mot, il aurait voulu dis-pa-raître.

            Mais Éthan se considérait comme un battant et il résistait au burn-out comme on dit aujourd’hui. Ce jour-là pourtant, il accepta une fois de plus, une fois de trop, le travail supplémentaire qu’on lui confiait. L’entreprise pour laquelle il travaillait exigeait que les cadres soient compétitifs, entreprenants, audacieux tout en prétendant qu’ils s’épanouissaient dans leurs tâches. La responsable des ressources humaines en avait vu défiler dans son bureau des jeunes loups ambitieux qui promettaient, lors des entretiens d’embauche, de se jeter corps et âme dans leur boulot. La performance était la promesse de rester et de signer un CDI, véritable sésame. Le médecin du travail les récupérait en miettes quelques mois plus tard, voire une année car il ne fallait pas longtemps pour que physiquement ou intérieurement ils s’effondrent. Tous gagnaient bien leur vie. Leurs comptes en banque étaient bien garnis mais aucun n’avait assez de temps libre pour en profiter.

            Même si Éthan se revendiquait agnostique, il ne pouvait s’empêcher de prier des entités lambdas susceptibles de l’aider : Vishnou, Le Saint-Esprit, Bouddha et tant d’autres. Après tout c’était un moyen de comme un autre de se convaincre que le lendemain tout irait mieux. Comment s’en sortir autrement ? Mais toutes ses suppliques montaient au ciel où de toute évidence elles s’égaraient.

            Ce rythme effréné, ce ronronnement journalier insidieux auquel il s’était habitué aurait pu perdurer encore un peu. Pourtant, ce mardi 8 mars, il vivait sans le savoir sa dernière journée de stress car tout allait radicalement changer !

*

            Dès sa sortie de l’université, il avait tenté sa chance dans le domaine bancaire, fort de stages qui l’avaient conforté dans son choix de carrière. Un curriculum vitae puis un rendez-vous avec le D.R.H et quelques mois après, il intégrait le prestigieux siège social du L.C.L, rue de la République à Lyon où l’histoire de la banque avait commencé. Il grimpait quotidiennement un escalier de béton prolongé par de très anciennes marches en bois pour arriver au second étage où on l’avait installé. Là, seul dans son immense bureau pourvu de grandes fenêtres ne donnant que sur des façades grises, il travaillait.

            Ses journées de labeur se ressemblaient. Il commençait invariablement par allumer son ordinateur puis passait environ deux heures à consulter sa boîte mail, à répondre aux courriers – dérogeant déjà au programme qu’il s’était fixé – afin d’avancer, de traiter plus vite les affaires en cours. Il était souvent dérangé par les commerciaux qui sollicitaient son avis avant de lui confier leurs dossiers de financement car Éthan était investi de ce pouvoir qui consiste à valider ou à invalider ce que les autres lui soumettaient. Ses collaborateurs redoutaient les « K.O » qu’il prononçait, lesquels réduisaient à néant des jours ou des semaines d’efforts.

            Le matin, il arrivait souvent parmi les premiers, à 7 heures. À midi, il déjeunait dans son bureau pour ne pas perdre la moindre minute et quittait l’antre de la finance à 20 heures. Si ses repas n’étaient pas copieux, son temps de présence l’était.

            — Encore là Éthan ! faisait remarquer Marine du service comptabilité qui le gratifiait systématiquement d’un au revoir lorsqu’elle partait.

            — Oui, des affaires urgentes à traiter. Bonne soirée !

Il ne levait même pas le nez et replongeait dans cette atmosphère feutrée procurée par la lumière chaude qui émanait de la lampe de son bureau, seule éclairée à l’étage aussi tard.

            Sa vie après le boulot n’existait pas et d’ailleurs personne ne m’attendait chez lui.

            Il faisait généralement nuit lorsqu’il se décidait à quitter le travail pour rentrer. Ce soir-là, comme tous les autres soirs, il fit place nette sur son bureau, ferma le capot de son ordinateur et courut pour attraper un métro à la volée.

            Telles les perles d’un collier sale et gris, les rames se succédaient. Il s’y engouffrait, patientait assis car à cette heure-là il y avait de la place – et prenait ensuite un train de banlieue. Une longue marche le guidait ensuite au pied de son immeuble de banlieue.

            Le four à micro-ondes et la cuisine industrielle étaient ses alliés et seul, installé au milieu de son grand canapé, il ingurgitait des aliments méconnaissables, aux parfums flatteurs, riches en sel, en exhausteurs de goût, en graisses saturées et en adjuvants aux codes impénétrables.

            Derrière l’écran, ses seuls compagnons s’agitaient, présentateurs à l’humour forcé ou vulgaire, journalistes qui réduisaient leurs discours à de la propagande gouvernementale croyant berner le téléspectateur… Avantage de ces êtres télévisés : aucun risque de déranger et possibilité de leur couper le sifflet d’une pression sur l’arrêt de la télécommande.

Inconvénient :  absence totale de discussion.

            Sur un rayonnage de son réfrigérateur désertique, Éthan trouva un vestige lacté qu’il avala sans vraiment l’apprécier. Et la soirée s’achevait, conforme aux précédentes, peuplée de vide, conforme aussi à celles qui suivraient. Du moins le croyait-il.

            — Minuit ! fit-il en consultant son téléphone portable sur lequel personne ne l’appelait jamais.

            Il était temps de dormir. Une douche rapide et quelques instants après il s’infiltrait au milieu de draps froissés qu’il n’avait pas pris la peine de secouer depuis des jours. Cela n’avait aucune importance. Il se remémora vaguement sa journée, visualisa ce qu’il devrait prioriser le lendemain et finit par s’endormir, harassé. Dehors, un orage s’annonçait. Par moments, sa chambre était striée par d’éphémères éclairs comme si les flashs d’appareils photos tentaient de capturer les instants exceptionnels d’une célébrité, à son insu.  Mais Éthan était monsieur tout le monde et il n’y avait pas de paparazzis dans sa chambre à coucher. Il n’était qu’un homme ordinaire, tout ce qu’il y avait de plus ordinaire et cet homme ordinaire dormait.

*

            À 5 heures du matin, comme le dîner absorbé était très salé, une soif tenace le réveilla. Il avait tenté de l’ignorer mais sa gorge et sa bouche étaient aussi sèches que ses lèvres. Il s’assit au bord de son lit, les pieds posés sur la couverture qu’il avait repoussée au sol dans son sommeil. Il avait chaud. Finalement, il se leva et, à tâtons, il se dirigea vers le mur de la chambre, franchit la porte ouverte et longea, tel un aveugle, le long couloir au bout duquel il tourna à gauche. Parvenu à la cuisine, il voulut prendre un verre. Impossible d’en trouver un sur l’évier. Il fit alors demi-tour, décidé à allumer la lumière. Mais seul le « clic » émis par la manœuvre de l’interrupteur lui répondit. La pièce restait baignée dans l’obscurité.

            — Ah, c’est vrai, se souvint-il. L’orage ! Les plombs ont dû sauter. Zut !

            Il but directement au robinet, s’essuya les lèvres d’un revers de sa manche de pyjama et s’étonna d’entendre du bruit. Il s’arrêta, fit silence et tendit l’oreille.

            — C’est rien, se dit-il à lui-même comme pour s’en convaincre.

            Il rebroussa donc chemin, évita l’angle de la commode qu’il se promettait chaque jour de déplacer et arriva rapidement jusqu’à son lit. À tâtons, il repéra les bords du matelas puis il se hissa sur les draps redevenus froids, pour s’y envelopper. Là, il voulut rouler sur le côté pour s’installer en chien de fusil mais il heurta quelque chose et cette chose se mit à remuer.

            — Nom de Dieu ! jura-t-il sans s’offusquer de son blasphème. Qu’est-ce que c’est ?

            Et il bondit hors du lit.

            — Mmmh ! fit la forme.

            — Que… Qui est là ? bafouilla Éthan effrayé.

            — Mmmh !

            Éthan scrutait vainement l’obscurité. Les stores automatiques qu’il actionnait machinalement quand il rentrait occultaient l’appartement, le plongeant dans un noir à couper au couteau.  Instinctivement, il fit un bond en arrière, bouscula une chaise qui se renversa entraînant dans sa chute sa serviette et tous les papiers qu’elle contenait. Il s’immobilisa ensuite et tendit les deux bras en avant pour vérifier que personne ne s’approchait. Il ne frôla que le vide.

            — Qui est là, bon sang ! Dégagez de chez moi, tout de suite !

            Il se déplaça sur la gauche, contourna une table de travail, parcourut le chambranle d’une porte de ses doigts et pressa l’interrupteur qu’il sentit.

            Aucune lumière ne jaillit.

            Il se rua nerveusement sur le fil de la lampe posée sur la table. Le léger tremblement nerveux qui s’était invité rendait ses gestes brouillons.  Quand il trouva enfin le bouton, il l’actionna mais seul un « clic » résonna dans la chambre qui restait plongée dans le noir.

            — Merde ! Qu’est-ce que c’est ce délire ? Sortez de mon lit et…

            Une voix masculine qui lui était curieusement familière lui répondit :

            — Je dors bonté divine. Moins de bruit !

— Dégagez ! Je vous ai dit de dégager.  

            La panique venait de monter d’un cran. Éthan s’empara de la lampe qui, à défaut de lui procurer de la lumière serait une arme. D’un geste brusque il la leva en l’air pour arracher la prise et la propulsa violemment en direction de la voix provenant de son lit.

La suite prochainement. A Bientôt. Audrey Degal


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Abbaye de Valmagne et mon roman « Le Manuscrit venu d’ailleurs »

Bonjour à toutes et à tous ,

Je ne devais pas produire de nouvel article avant janvier 2023, le temps de m’installer dans ma nouvelle demeure dans le sud mais aujourd’hui je fais une entorse à cette règle pour une bonne raison.

En effet, samedi 19 novembre 2022, j’ai visité la magnifique abbaye de Valmagne et, je dois bien avouer qu’en me promenant dans cet édifice du XIIe siècle, j’ai eu le sentiment très étrange de retrouver les personnages de mon roman « Le Manuscrit venu d’ailleurs » et de me retrouver mes propres pages, de parcourir les lieux inquiétants dans lesquels j’avais moi-même plongé les protagonistes de mon roman. Bien sûr, celles et ceux qui ont déjà lu ce roman (et je vous en remercie) savent que la partie consacrée à l’abbaye n’occupe qu’une place restreinte de mon récit qui se déroule à notre époque et en d’autres lieux. Mais je me devais, après cette visite de Valmagne, de vous faire ressentir et « visiter » ce qui ressemble fort au décor que j’ai planté et imaginé pour écrire « Le Manuscrit venu d’ailleurs ». J’ai donc accompagné cet article d’extraits de mon roman qui coïncident avec ma visite et les photos ci-dessous.

Bonne promenade !

Tout d’abord, remarquez la verticalité de l’abbaye dont la salle principale, l’ancienne église en fait, (voir première image de cet article) vaste, large et profonde n’a rien à envier à Notre-Dame de Paris car elle ne lui est inférieure que de 10 mètres. Remarquez aussi les hauts murs extérieurs que l’on retrouve dans mon roman que je cite au moment ou Jonathan Gentil approche de l’abbaye de Saint Ambroisius :

« Il se retrouva à l’orée d’une clairière. Au milieu de celle-ci, un immense bâtiment gris particulièrement austère dominait, érigé là depuis des siècles. La nuit sans lune, qui baignait maintenant les alentours, ne parvenait pas à dessiner les contours du bâtiment. Le silence s’était aussi emparé des lieux. Même les oiseaux semblaient intimidés. Ils avaient cessé de chanter.

Jonathan progressa dans le noir vers la masse sombre qui grossissait au fur et à mesure qu’il avançait. Où était l’entrée de la bâtisse ? Il pensait l’avoir repérée de loin, juste à la sortie du bois, comme il croyait avoir entrevu une immense porte. Mais plus il approchait, moins il en était sûr. Peut-être avait-il dévié de son cap. Peut-être qu’il ne s’agissait que de murs en ruine plus ou moins noirs. Peut-être que l’entrée se trouvait de l’autre côté…

Il comprit tout le sens de l’expression « se trouver au pied du mur » lorsque ses mains heurtèrent une paroi en pierre extrêmement froide. Il savait pertinemment que celle-ci courait de part et d’autre sur des centaines de mètres. Il avait évalué la hauteur considérable des murs devant lesquels il se trouvait. Franchir l’obstacle en passant par-dessus était impossible. Il n’avait pas d’autre alternative que d’avancer à tâtons pour suivre cette sorte de barrière défensive. »

Plus loin, Jonathan pénètre dans l’abbaye. Il découvre une fontaine, on le fait attendre proche du cloître (qui signifie à l’origine « clôture ») et vous remarquerez la similitude entre le passage de mon roman et les photos prises ce week-end que vous trouvez insérées dans cet article. Ci-après un autre passage de mon roman :

« À peine eut-il franchi le seuil qu’il entendit la porte se refermer derrière lui. Le moine donna deux tours de clé et poussa deux énormes verrous. Jonathan se sentit pris dans un piège.

Sans un mot, son guide s’éloigna. Le jeune chercheur dut lui emboîter rapidement le pas pour ne pas rester seul, égaré dans cette enceinte lugubre. Ainsi, l’un derrière l’autre, ils traversèrent une grande cour sombre surplombée de murs élancés apparemment dépourvus de fenêtres. L’endroit n’était pas rassurant. Au centre, une masse se détachait. Il s’agissait probablement d’une fontaine comme le gargouillis de l’eau qui s’en échappait pouvait le laisser supposer.

Quelques instants plus tard, ils pénétrèrent dans la bâtisse principale. On le pria de s’asseoir sur un long banc en bois brut patiné, plaqué contre la pierre noircie par le temps. C’était le seul mobilier de cette pièce froide. À ce moment-là, Jonathan comprit qu’il était vraiment seul, loin de la civilisation, à la merci de ses hôtes. Trop heureux, il n’avait pris aucune précaution avant de partir et personne ne savait où il était allé. Il avait conscience qu’il se trouvait dans la situation exacte qui fait trembler les lecteurs de romans policiers, quand un témoin suit une piste dangereuse en oubliant de dire où il s’est rendu. On le découvre généralement mort, quelques pages plus loin, assassiné et son corps abandonné au milieu de nulle part où personne ne le retrouve jamais. Cette seule idée lui glaça le sang. Personne ne s’inquièterait de sa disparition avant longtemps. En temps normal, l’atmosphère glauque des lieux et l’accueil glacial de son hôte l’auraient poussé à rebrousser chemin sans demander son reste. Mais il n’avait pas fait tant d’efforts pour renoncer si près du but. »

Il est vrai que l’abbaye de Valmagne est impressionnante et comme mon personnage se rend de nuit dans le monastère du roman lequel est situé loin de tout, il est très inquiet et se sent même en danger. D’ailleurs ce qui se passe au sein du monastère ne le rassure pas puisqu’il y a des gardes, qu’un moine disparaît et qu’il existe des salles cachées. Il aperçoit cependant une fontaine, que vous voyez aussi sur une photo. Les moines de Valmagne s’y lavaient les mains pour les purifier, avant de se rendre au réfectoire. Sauf erreur de ma part, il ne subsiste en France que deux abbayes qui possèdent encore leur fontaine, dont Valmagne.

La petite pièce que vous voyez ensuite en photo, pourvue d’un bureau et de deux chaises est la sacristie. Elle comporte une archivolte romane ornée d’une frise en dents de scie. Elle servait souvent de chapelle au prieur. Elle pourrait tout à fait correspondre, dans « Le Manuscrit venu d’ailleurs » à l’endroit où Jonathan rencontre le prieur, homme intimidant, voire inquiétant, doté d’un personnalité hors du commun.

« — Monsieur Jonathan Gentil, je suppose ! Asseyez-vous, fit le religieux présent dans la pièce, sur un ton étonnamment calme. Nous vous attendions plus tôt !

L’homme était installé à son bureau placé au beau milieu de la pièce et n’avait pas encore levé les yeux. Il finissait d’écrire.

Il s’agissait d’un individu âgé dont la tonsure dessinait une couronne blanche sur le pourtour de son crâne. Sa main droite tremblotait mais lorsqu’il redressa la tête, il plongea son regard bleu perçant dans celui de Jonathan. Il semblait lire en lui à livre ouvert.

— Comme vous l’avez peut-être deviné, je suis le prieur de cette abbaye.

Il marqua une pause, délaissa la feuille qu’il tenait entre ses doigts flétris par l’âge et reprit :

— Jeune homme, j’ai accédé à votre demande à titre tout à fait exceptionnel, car j’ai été sensible à votre motivation, à votre persévérance et bien sûr à vos diplômes d’archéologie et de littérature médiévale. Vous êtes une des rares personnes que j’autorise à franchir ces murs et vous comprendrez qu’il vous faudra obligatoirement respecter nos règles de vie même si elles vous paraissent parfois contraignantes et moyenâgeuses. Tout d’abord, la journée commence le matin généralement à 4 heures par la prière et s’achève le soir, à 22 heures, de la même façon. Le reste du temps, chacun vaque à ses activités. Vous prendrez vos repas avec les moines, dans la salle à manger, et une cellule vous sera assignée que vous ne devrez pas quitter sans notre autorisation. Pour tous vos déplacements au sein de l’abbaye, qui est immense, vous serez accompagné du frère que l’on va vous présenter. Bien entendu, il vous faudra faire preuve de la plus grande discrétion quant à l’existence de notre monastère et de ce que vous allez y découvrir. Sachez que je ne tolérerai aucune entorse à nos usages sans quoi vous seriez aussitôt reconduit hors de nos murs, sans possibilité d’y revenir jamais ! J’espère que vous avez bien compris.

Les propos du prieur résonnaient comme un avertissement. Jonathan avala bruyamment sa salive puis resta sans voix, décontenancé par cette entrée en matière abrupte à laquelle il ne s’attendait pas. Elle ne détonnait pas avec l’atmosphère austère de l’abbaye. »

Les trois dernières photos de ce diaporama vous permettent par ailleurs de découvrir d’autres salles, d’autres lieux importants dans une abbaye. La première est probablement la plus belle, particulièrement bien conservée et j’imagine volontiers mes personnages, Annabelle, Jonathan, Raphaël, le prieur ou le frère Guillaume s’y rendre. Il s’agit de la salle capitulaire, laquelle était le lieu où se réunissaient les moines. On y lisait un chapitre de la Règle et les moines « battaient leurs coulpes » (ce qui signifie qu’ils révélaient aux autres les pêchés qu’ils avaient commis, la coulpe étant la poitrine. On retrouve cette expression dans bien des chansons de geste (une est à votre disposition en cliquant dans le « Menu » puis « Littérature médiévale »)). L’avant dernière photo, plus petite, représente un endroit plus qu’un lieu. Celui-ci s’appelle l’armarium, sorte de petite bibliothèque puisque les moines déposaient leurs livres de prières lorsqu’ils quittaient l’église, dans ce renfoncement creusé dans la pierre. Dans la dernière photo, je me trouve dans une des quatre parties du cloître où je me suis plu à imaginer les moines contraints au silence parcourir ces allées entourées de murs. Bien entendu, je n’ai pu m’empêcher d’établir un lien avec mon roman.

« Jonathan aurait voulu apprécier un peu plus longtemps ce moment de quiétude matinal mais Frère Bastien commençait à s’impatienter et le lui faisait sentir. Il n’y avait plus personne dans la salle. Ils débarrassèrent rapidement, se levèrent et quittèrent le réfectoire.

            — Qu’avez-vous prévu au programme ce matin ? demanda l’étudiant impatient. J’espère que je pourrai enfin accéder à la grande bibliothèque ! C’est essentiel pour mes recherches.

            La question était claire mais le moine se contenta de répondre de façon toujours aussi laconique :

            — Suivez-moi !

            Ils empruntèrent à nouveau un dédale de couloirs avant de déboucher sur un cloître dont les dimensions étaient proportionnelles à l’immensité de l’abbaye. Il était entouré de hautes colonnes remarquablement ouvragées qui soutenaient un toit destiné à abriter une coursive. Celle-ci courait en hauteur sur tout le pourtour d’un jardin carré lui-même entrecoupé de chemins étroits, pavés. À chaque intersection, des statues blanchâtres, vierges, saints, martyrs, semblaient veiller sur ce lieu. Une atmosphère de recueillement régnait, propice à la méditation. Jonathan ressentit à ce moment-là un léger frisson. Heureusement, la nature omniprésente lui permit de reprendre rapidement le dessus. Des arbres aux essences variées, sur lesquels des feuilles récalcitrantes résistaient encore aux assauts de la saison, l’agrémentaient. Ils montaient en flèche vers le ciel comme s’ils voulaient escalader les murs en quête d’un peu de lumière ou bien s’évader. L’atmosphère pesante de ces lieux semblait les incommoder eux aussi.

Jonathan, qui s’était largement documenté avant de venir, devina qu’il venait de pénétrer dans le Saint des Saints, partie habituellement réservée au prieur et aux copistes, comme c’était le cas dans la plupart des monastères. La bibliothèque principale et il l’espérait le scriptorium étaient sans doute proches. Il sentit son pouls accélérer. Il allait peut-être bientôt admirer ce pour quoi il s’était tant battu ces dernières années, à coups d’arguments, d’attestations, de courriers, ce pourquoi il luttait contre la peur qu’il ressentait dans cette abbaye, convaincu d’être à un tournant important de sa vie.

Il pensait qu’ils allaient descendre mais au contraire, ils gravirent quelques marches pour parvenir de l’autre côté du péristyle où le moine bifurqua brusquement à droite comme s’il venait de prendre une décision hâtive. Ils se retrouvèrent dans une salle intermédiaire relativement petite, au mobilier restreint. Là, frère Bastien discuta un instant avec un moine installé derrière un pupitre. Il était plongé dans la lecture d’un manuscrit qui, à première vue, et à lui seul, aurait récompensé n’importe quel chercheur en visite à l’abbaye mais pas Jonathan. Ce dernier entendit qu’on prononçait son nom. Après un temps de réflexion qui parut durer longtemps, le moine lui décocha un regard méfiant et griffonna à la va-vite quelque chose sur un calepin. Il plongea ensuite une main dans un tiroir, en sortit une clé digne d’une nouvelle des Contes de la crypte et se leva pour ouvrir une porte dérobée située juste derrière lui, porte que l’étudiant n’avait pas remarquée. Elle était aussi grise que les murs de la pièce et se confondait avec eux. L’homme n’attendit pas davantage pour retourner s’asseoir. Il semblait déjà les avoir oubliés.        

     Le guide poussa lentement la porte qui s’écarta dans un grincement tel que Jonathan associa le bruit à l’ouverture d’un sarcophage. Il était toujours aussi désireux de découvrir les trésors de cette abbaye mais ce n’était pas sans crainte. Il se demandait si sa soif de connaissances n’allait pas l’emmener dans un endroit interdit au commun des mortels duquel il ne reviendrait jamais. Au-delà, le noir absolu régnait en maître et un courant d’air frais provenant des profondeurs de la Terre, remonta, tourbillonna autour de lui, l’enveloppa tel un drap mortuaire, pour finalement le glacer. Le jeune homme s’efforçait, tant bien que mal, de masquer la frayeur qu’il éprouvait à l’idée de descendre dans cet abîme. »

Voilà, chères lectrices et chers lecteurs, je ne vous ai présenté que quelques salles de l’abbaye de Valmagne et à peine quelques pages de mon roman « Le Manuscrit venu d’ailleurs » qui ne se limite pas à l’évocation du prieuré. Ce lieu est envoûtant, comme mon roman. Cependant, d’autres lieux, d’autres personnages peuplent mes pages mais je ne pouvais pas vous les présenter ici car ils sont moins en relation avec ma visite. Si vous voulez en savoir davantage, je vous invite vivement à vous procurer mon roman, à vous glisser entre les pages et à mener l’enquête (car il s’agit bien d’une enquête à suspense). Je vous rappelle qu’il est disponible en livre papier ou en ebook sur commande chez tous les libraires ou sur internet (comme tous mes romans).

Si vous voulez dynamiser vous aussi ce site d’auteur, rappelez-vous que s’abonner augmente le référencement du site sur Google, ce qui est essentiel, que les auteurs n’existent que s’ils sont lus et pour cela il faut bien que les passionnés achètent leurs romans, n’est-ce pas ! Un roman s’offre aussi pour Noël et vous avez le choix parmi les 5 romans que j’ai déjà publiés (voir « Polars, thrillers, romans » dans le menu.)

A bientôt pour de nouvelles histoires, pour l’évocation de livres que j’ai lus (et j’en ai lu beaucoup, certains m’ont plu et d’autres déplu), pour évoquer mon prochain roman etc.

Portez-vous bien !

Audrey Degal


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FILM TARANTINO, Once Upon a Time in Hollywood

Avant d’aborder ce film, je veux simplement dire que mes publications vont reprendre de façon plus régulière, elles seront plus nourries… car je dispose enfin du temps qui m’a toujours manqué. Le temps de bien m’installer dans ma nouvelle vie, au sud de la France et, dès janvier 2023, vous pourrez à nouveau venir lire sur ce site ou m’écouter sur ma chaîne YouTube qui, elle aussi va être dynamisée. Merci pour votre compréhension. 

J’adore Tarantino. J’ai vu tous ses films et je les ai tous adorés : Pulp fiction, Jackie Brown, Inglourious Basterds, Django Unchained, Kill Bill, Les Huit Salopards, Boulevard de la mort… Le dernier, Boulevard de la mort, est mon préféré. Donc, quand est sorti Once upon a time in Hoollywood, je suis allée au cinéma et je l’ai revu récemment.

L’histoire : surprenante… comme toujours chez Tarantino. Un acteur qui se sent sur le déclin est associé à sa doublure (véritable soutien moral), un cascadeur. Le premier, Rick Dalton, vit à Hollywood, dans une belle et riche demeure, à côté d’autres célébrités (Roman Polanski et sa femme), le second, Cliff Booth, dans une caravane, sur un terrain vague. Le spectateur est plongé dans les années 60/70 au coeur des productions cinématographiques que l’acteur, personnage autrefois célèbre, et le cascadeur, auparavant réputé, reconnaissent de moins en moins. Difficile d’y trouver sa place désormais.

Au fil des tournages, nous croisons des hippies un peu (pour ne pas dire beaucoup) déjantés, des acteurs heureux quand ils se voient à l’écran quelque part fiers de leur image et de leur rôle, une imitation de Bruce Lee (ici désacralisé) , une gamine de 8 ans qui prend son rôle très au sérieux et un toutou qui prend toute son importance à la fin en ce qu’il  propose un dénouement à « la Tarantino », dans un bain de sang savamment pensé.

Les deux acteurs principaux que sont Léonardo DiCaprio (Rick) et Brad Pit (Cliff) sont excellents et la scène qui m’a particulièrement convaincue de ceci est celle au cours de laquelle, DiCaprio, assis sur une chaise, tient sur ses genoux la gamine et la menace. Oui, DiCaprio comme Brad Pit à d’autres moments, sont exceptionnels de justesse dans leurs rôles respectifs, sachant s’adapter au scénario, à l’instant, pour nous livrer une interprétation que j’ai rarement vue sur les écrans. Oui, certains acteurs jouent toujours de la même façon. Eh bien eux non ! Ils composent, interprètent… Du grand art, du très grand art. La prestation de DiCaprio m’a particulièrement touchée car ce n’est pas un acteur que j’apprécie plus que ça. Pourtant, je ne peux que saluer ici son interprétation. Brad Pit est un acteur que j’ai toujours apprécié. Beaucoup de rôles lui ont permis de révéler son immense talent et je pense à mon préféré : « Rencontre avec Joe Black ».

Seulement,… il y a un mais :

Je n’ai pas autant aimé ce film (par rapport aux autres du même metteur en scène), Once upon a time in Hollywood. J’avoue avoir regardé l’heure à ma montre. Il m’a semblé décousu, trop… même si je sais que Tarantino joue souvent avec cela. (lorsque j’ai vu le film pour la seconde fois, je l’ai davantage apprécié).Je me suis demandée pendant un trop long moment où il voulait en venir et le passage correspondant à l’épouse de Polanski, certes jolie à souhait, qui va voir ses propres films au cinéma, m’a lassée. Je suis restée sur ma faim et j’ai trouvé le temps long.

Pourtant,… il y a un pourtant :

Mon époux, qui apprécie ce réalisateur, a adoré le film et n’a pas vu l’heure passer.

Comme quoi tous les goûts sont dans la nature ! En même temps, je me console en me disant que je reste très objective dans mes critiques puisque je ne jette pas des fleurs gratuitement à un auteur de romans ou à un réalisateur, sous prétexte que j’ai toujours aimé ce qu’il a écrit ou fait. Merci de ne pas me tenir rigueur de ma moindre « note » concernant ce film de Tarantino qui reste « agréable ».

Faut-il aller le voir ? Eh bien oui, comment vous forgeriez-vous VOTRE avis ? Peut-être serez-vous captivés et je vous le souhaite. Moi, j’attendrai le suivant.

Bonne continuation à tous !

Audrey Degal.

Pour information, mon 5e roman « PAROLES DE PIERRES » est paru et vous pouvez le commander chez votre libraire ou sur internet en ebook ou livre papier. Il a connu un franc succès lors du dernier salon du livre auquel je me suis rendue pour dédicacer mes livres, à Sigean, le 22 octobre 2022.


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NE LÂCHE PAS MA MAIN, BUSSI

Bonjour à toutes et à tous, 

Tout d’abord, permettez-moi de m’excuser pour le peu de publications sur ce blog. La charge liée à mon activité professionnelle d’enseignante associée à l’écriture de mes livres, ne me laisse vraiment pas assez de temps pour nourrir ce site et je vous remercie malgré tout de votre fidélité indéfectible. 

Si aujourd’hui je vous propose de vous pencher sur une de mes lectures, Bussi cette fois avec « Ne lâche pas ma main », sachez que dès le mois de septembre 2022 je recommencerai à nouveau à vous poster des lectures d’histoires, régulièrement, car je cesserai d’être professeure pour ne me consacrer qu’à l’écriture. Ce temps qui m’a tellement manqué, je vais enfin l’avoir pour écrire, écrire, écrire… et je vous garantis que des idées d’histoires diverses, à suspense, des romans policiers, mon cerveau en déborde et le clavier me démange. Tout est prêt ! Il ne me reste plus qu’à mettre en mots, en phrases, en pages, en livres ce qui m’a traversé la tête depuis des années, que j’ai intellectuellement amélioré sans jamais avoir le temps de le saisir sur mon ordinateur. Aussi, je vous remercie de patienter encore un peu, quelques mois à peine. « Tout vient à point à qui sait attendre » !


Un roman de Michel Bussi ! Eh oui, je parcours souvent TOUS les livres d’un auteur (j’en ai lu beaucoup d’autres de cet auteur. Je vous en parlerai dans un autre article). C’est bien pour se forger une idée et encore une fois, je n’ai pas été déçue pas ce roman dont le qualificatif approprié est : passionnant.

Bien écrit, comme toujours avec cet auteur, ce livre vous emporte sans vous lasser. Le cadre de l’histoire, exotique : l’île de la Réunion appelée à raison « l’île intense ». Martial y passe des vacances en compagnie de son épouse Liane et de leur fillette Josapha. Sa femme disparaît rapidement et tout pousse les enquêteurs à penser que Martial n’est pas étranger à cette disparition voire à ce meurtre car même s’il n’y a pas de corps, il y a du sang et des témoignages l’accablent. Une solution : fuir. Un obstacle et de taille : la fillette. Comment disparaître facilement en traînant avec soi une fillette ?

Bussi a réussi ce tour de force de rendre les enquêteurs sensibles, intéressants et quand l’un d’eux est confronté à l’impensable (la disparition d’un être cher), on sent que le personnage principal, dont on se doute de l’innocence depuis le début, est aux prises avec un tueur machiavélique, prêt à tout !

Le dénouement que je tairai ici est somptueux, sensible, logique (et c’est ce que j’apprécie car parfois certains auteurs bradent le dénouement alors que je le considère essentiel. En effet, il est si facile d’imaginer une histoire romanesque. En revanche, il est bien plus ardu de tendre vers une fin efficace, qui ne laisse aucune indice évoqué sur le côté. C’est ce que fait Bussi,  qui s’ingénie remarquablement à créer une histoire plausible, dirigée vers une fin implacable qui entraîne le lecteur sur les pas du personnage poursuivi, menacé, le tout à un rythme mené tambour battant.

Mon roman préféré reste, chez cet auteur, « Nymphéas noirs », dont j’ai déjà fait la critique. Si j’ai vraiment apprécié « Ne lâche pas ma main »,  « Nymphéas noirs », mené d’écriture de maître, le surpasse largement. Actuellement, je suis en train de lire « J’ai dû rêver trop fort », du même auteur. Je vous en parlerai plus en détails une autre fois car je n’ai pas fini ma lecture. Toutefois, je dois dire que le récit m’intrigue. Je m’interroge encore par rapport au titre et je brûle parfois d’envie de lire la fin avant d’y arriver afin de comprendre pourquoi l’héroïne se retrouve dans une telle situation, à 20 ans d’intervalle , bousculée par une série de coïncidences inexplicables. Je n’en dis pas davantage !

Je recommande donc la lecture de « Ne lâche pas ma main » et je nourris un souhait humble ici : que M. Bussi, qui a connu un parcours identique au mien en ses débuts puisqu’il est resté longtemps dans l’ombre, lise cet article que je lui consacre et qu’il m’aide à être révélée. Sait-on jamais puisque l’espoir fait vivre ! Ma bouteille à la mer est lancée même si je ne me berce pas d’illusions. Mes prochains romans seront présentés à des éditeurs de renom (ce que je n’ai jamais fait puisque je m’auto-édite) et participeront aux concours les plus connus car, vous l’avez compris, bientôt je vais avoir le temps de me consacrer à développer la promotion de mes livres etc.

Merci à toutes et à tous de suivre ce blog, merci pour vos partages, vos commentaires et je vous rappelle l’importance de mettre vos avis sur mes romans sur Amazon, Babelio, Decitre… bref sur toutes les plateformes où vous les achetez ou encore d’en parler au libraire où vous avez acheté votre roman. C’est un tremplin pour les auteurs.

Audrey Degal


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AD ASTRA, un film à savourer !

Je commencerai cet article en vous disant que c’est un beau film même si, d’après ce que j’ai pu lire, la critique est partagée. Moi, j’ai passé un très bon moment, qui plus est, reposant car l’atmosphère est d’un calme olympien ce qui s’associe remarquablement au thème de l’espace.

Pas de tirs, d’explosions à tout va, de course poursuite qui n’en finit pas. Les seuls moments d’accélération de l’action arrivent quand il le faut et ne s’éternisent pas. Ils mettent  du piquant à l’histoire.

Ad Astra, vous emporte aux confins de la voie lactée, sur la lune puis sur Mars et enfin sur Neptune. On s’y croirait ! Les images sont belles, apaisantes et quelques musiques choisies viennent jalonner le parcours de l’astronaute qui est joué par Brad Pitt, que l’on croise rarement dans de tels rôles.

Il incarne un personnage plutôt seul, en proie à des difficultés personnelles (un père lui-même astronaute parti pour une mission dont il n’est jamais revenu, une épouse (Liv Tyler) qui se sent délaissée, profession oblige… ). L’astronaute Roy McBride (Brad Pitt) gère ses difficultés existentielles et reste calme, serein, réfléchi, professionnel en toutes circonstances. C’est ce qui fait sa force. Il est envoyé dans l’espace car son père, contrairement à ce qu’il croit, ne serait pas mort et pire, la mission dont on l’avait chargé est devenue un risque majeur pour la Terre. Il faut y mettre fin. Roy accepte le défi que lui tend l’espace mais on ne lui dit pas tout et quand il veut prendre les choses en mains, il est mis de côté. Contre tous, il fera fi de l’ordre de regagner la Terre et tentera de rejoindre ce père, loin, très loin de la galaxie. Il y parvient mais les retrouvailles ne sont pas simples, inattendues et à la fois merveilleusement bouleversantes. Dans l’espace rien n’est aisé et la solitude subie difficile à gérer.

Pour ne pas tout vous révéler, je limite volontairement mon résumé, laissant à Brad Pitt, le loisir de vous subjuguer par son interprétation si douce. Oui, on retient son souffle parfois en regardant Ad Astra et cette quête du père, si apparemment elle en a gêné certains, m’a parue logique, belle, dotée d’un message qui dit combien nos parents ont compté, compte et compteront dans nos vies.

Un très bon moment donc que Ad Astra et j’espère que vous l’apprécierez comme moi !

Il n’est certes plus à l’affiche mais ne vous  en privez pas  en projection privée, blue ray, DVD, vous passerez un très agréable moment. 

Actualité : mon nouveau livre LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, 420 pages, est  disponible.  Vous trouverez la4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. 5 bonnes raisons de vous le procurer : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout ! 

PENSEZ à cliquer sur j’aime, à commenter, à partager largement sur les réseaux sociaux, à vous abonner…

Merci de votre fidélité,

AUDREY DEGAL

 


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PAR PITIÉ ! … FIN (Histoire à suspense)

PAR PITIÉ ! … FIN

Résumé de l’épisode précédent : Henri poursuit ses révélations et parle à Josef des chiffres et des noms repérés dans le couloir. Ce dernier comprend alors ce qu’il fait là. Il est prélevé par ses bourreaux. Il sait que cela ne s’arrêtera pas. Il voudrait mourir mais ne peut pas.

Cette fin est courte, certes,  mais elle vous permettra de savoir si vous aviez deviné qui étaient ces personnages prisonniers, subissant le pire. Bonne lecture ! Petite question : aviez-vous eu pitié d’eux avant de savoir qui ils étaient ? Et après lecture, avez-vous toujours pitié ?

A chaque fois qu’ils m’ont entraîné dans ce couloir, j’ai souhaité que ce soit le couloir de la mort. Mais non, je n’y ai pas droit. J’ai juste le droit de vivre, pas celui de mourir. La mort, voilà ce qu’on me refuse, ici. Elle serait trop douce à leurs yeux. 

Traîné comme un animal dans cet interminable couloir qui mène à la salle des supplices, j’ai parfois le temps de jeter un oeil à la grande plaque dont Henri m’a tant parlé. Il a raison. Il y a des noms, des milliers de noms et des nombres. Croyez-moi, il m’a fallu du temps et de nombreuses excursions dans ce couloir avant d’arriver à repérer le mien et ceux des malheureux qui partagent mon triste sort. Je crois qu’ils sont classés par dates, des plus anciens aux plus récents et je frémis lorsque je comprends que certains sont là, à subir ces tortures insoutenables depuis environ soixante-dix ans. Soixante-dix ans à supporter l’insupportable ! ce n’est pas humain !  C’est le cas d’Henri, du moins. je crois qu’il ne sait plus très bien depuis quand il est là-dedans, à croupir. Il ne cherche même plus à savoir. Voilà pourquoi je vous ai dit que je ne suis pas mort, non ! Ces sauvages, ces tortionnaires, ces brutes, nous cueillent juste avant comme on enlève un enfant à ses parents qu’il ne reverra jamais. 

Ces nombres me glacent non pas parce qu’il est clair qu’ils correspondent au nombre de victimes que chacun d’entre nous a fait périr mais parce que nos supplices sont proportionnels à nos exactions, à nos crimes, au plaisir que nous avons pu prendre, tous, à torturer les autres et à les faire périr. 

Henri Désiré Landru : 11 

Jack l’éventreur : 11 connues

Ted Bundy : 32 voire 100

Marcel Petitot : 30

Rudolf Hess : il y avait trop de zéros, je n’ai pas pu voir le chiffre devant.

Et aussi les miens :

Josef Mendele « L’ange de la mort » : et trop de zéros après !

 

Un soir, quand ils ont balancé ce qu’il reste de moi dans le trou qui est devenu notre maison, Henri s’est approché pour chuchoter à mon oreille :

— Tu voudrais mourir mais ici on ne meurt pas. On ne meurt jamais. Ils nous prélèvent indéfiniment dans ce laps de temps en suspension qui précède le trépas pour nous faire payer nos crimes. C’est pas le paradis, c’est évident. C’est pas l’enfer non plus. C’est autre chose. Un lieu, un temps qui nous est réservé, nous les VIP condamnés à la torture pour tous les meurtres dont nous nous sommes rendus coupables dans la vie, la vraie.

Il s’interrompt un instant avant de conclure :

— Ils ne veulent pas qu’on meure parce que quand on est mort, on ne souffre pas ! La mort serait trop douce. Ils nous détruisent tout doucement, éternellement, à très petit feu.

Je n’ai plus jamais reparlé à Henri, ni à personne d’ailleurs. Je me suis réfugié dans le mutisme non par choix mais parce que peu à peu, ma raison vacille et je comprends progressivement qu’il est impensable de pouvoir faire souffrir un être humain de la sorte. Mais on ne comprend cela que quand il est trop tard. D’ailleurs  l’aurais-je compris, admis, si je ne vivais pas quotidiennement le sort de mes anciennes victimes ? Je ne sais pas. je ne le saurai jamais et puis de toute façon à quoi bon ! Pour moi, il est trop tard car mon supplice durera le temps d’une éternité.

En m’endormant au milieux de mes propres excréments, si j’ose dire, deux citations que j’ai appris jadis me reviennent en mémoire. J’ai toujours été un homme cultivé : « Le corps est la prison de l’âme », Antoine Claude Gabriel Jobert,  et « Toutes les violences ont un lendemain », Victor Hugo. Je ferme les yeux?  C’est tellement vrai !

Je vous laisse, j’ai un rendez-vous ce soi :, les rats me guettent et m’attendent prêts à se délecter de l’un de mes deux yeux !

 

FIN

A bientôt pour une toute nouvelle histoire, des critiques de romans ou de films… et passez de belles fêtes !

VOICI MON 4E ROMAN, LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, DISPONIBLE SUR COMMANDE EN LIBRAIRIES ET SUR INTERNET. Il est encore à prix promotionnel pour son lancement si vous l’achetez en ebook.

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Merci de votre fidélité,

AUDREY DEGAL

 

 

 


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PAR PITIÉ ! … SUITE 4 (Histoire à suspense)

PAR PITIÉ ! … suite 4

Résumé de l’épisode précédent : Ted est en piteux état, Jack se laisse prélever sans broncher, défiant presque les geôliers. Josef discute avec Henri qui lui révèle tout ce qu’il sait de cet endroit. Ses révélations glacent Josef qui a compris que son tour viendra où il sera prélevé pour endurer les pires souffrances. Pourquoi ?

Henri demeure intarissable. On dirait que ça lui fait plaisir de me révéler tout ce qu’il sait. Accumuler ce savoir c’est probablement ce qui lui a permis de tenir, de résister à ce cauchemar. Mais est-ce que ça vaut la peine de tenir, de résister ? Ne vaut-il pas mieux se laisser aller, glisser lentement vers la mort plutôt que de vivre comme des chiens ?

— Je ne sais pas si tu as bien vu Ted. Regarde bien son visage.

Je me concentre sur lui, toujours échoué au milieu de la pièce, comme un bateau à la dérive, coque transpercée qui n’atteindra plus jamais aucune rive. Il est inconscient.

J’ai bien remarqué les incisions sur son corps mais je n’ai pas prêté attention à sa figure. Enfin, figure est un grand mot. Je serais incapable de dire à quoi il ressemble tant elle est tuméfiée. Ils se sont défoulés sur sa tête comme s’ils s’étaient disputé un ballon pour gagner une partie de foot.

Naïvement, je demande à mon encyclopédie sur pattes pourquoi ils l’ont mis dans cet état.

— Ils s’efforcent de le rendre méconnaissable, d’effacer ses traits. Je me souviens qu’au début, quand il était lui aussi le petit nouveau, il était plutôt beau gosse. Mais maintenant… Je crois qu’il y a une raison derrière tout ça.

— Une raison ?

Je veux savoir, je veux comprendre pourquoi nous sommes tous enfermés là tels des rats parmi les rats. Mais connaître l’envers de ce décor lugubre me terrifie, me glace, me liquéfie sur place. Et si savoir était encore pire !

— Bien sûr qu’il y a une bonne raison. J’ai mis du temps avant de piger.

Les yeux exorbités, je l’écoute déballer son savoir :

— Quand ils s’emparent de Jack, ils s’occupent toujours de son cou et de son abdomen. Ted, c’est le visage et de jolies plaies soigneusement réalisées sur tout le corps. Marcel n’a jamais de blessures. Ils lui font avaler des trucs atroces ou respirer du gaz… Pour moi c’est surtout des brûlures et cetera. Il m’a fallu un sacré bout de temps avant de comprendre pourquoi ils faisaient ça, pourquoi les uns subissaient ceci, d’autres cela…

Outre les détails qu’Henri me donne, je remarque qu’il parle bien. Il a dû recevoir une certaine éducation et la perpétuité dont il semble s’être accommodé n’a pas réussi à entamer son éloquence. C’est un gars qui ne devait pas avoir son pareil pour parler aux femmes.

Je raccroche à son récit.

— Un jour – ne me demande pas quand, c’était il y a longtemps – alors qu’ils me traînaient dans le couloir comme un chien galeux au bout d’une laisse, j’ai vu une sorte de plaque en granit, comme une stèle, immense qui occupait tout le mur. Tu te doutes que je suis passé et repassé un bon nombre de fois devant, à chaque fois qu’ils me prélevaient. Et un jour, tout s’est éclairé.

— Tout quoi ? Mais bonté, parle !

J’ai envie de le secouer, pire, de le frapper pour qu’il avoue. 

— Tu ne vas pas aimer !

— Au point où j’en suis…

— Tu l’auras voulu. Sur cette plaque, il y a des noms classés par années, nos noms, parfois nos prénoms et des chiffres à côté.

— Des chiffres ?

— Des chiffres. À côté du mien j’ai pu lire 11, pour Ted il y avait 32, pour Marcel 30… Je n’ai pas pu voir tous les noms mais il y avait des nombres impressionnants : 147, 82, 73…

— Et à quoi ils correspondent selon toi.

— T’as pas encore compris ou tu le fais exprès ?

Je me creuse la tête et je beau réfléchir, je ne vois pas en quoi des nombres peuvent être associés à nos identités. Peut-être qu’inconsciemment mon esprit fait barrage à la vérité, une vérité qui me dépasse et que je refuse d’admettre. 

— Tu ne vas pas me faire croire que t’es un ange et que tu n’as rien à te reprocher. Moi, j’ai fini par élucider le mystère de ma présence. Quand je repense à toutes ces femmes que…

S’il n’achève pas sa phrase, il en a dit assez pour que je comprenne. Henri n’est pas qu’un beau parleur, un dandy, un charmeur. Non ! Et y voir clair me permet d’entrevoir ce qui m’attend. L’épouvante s’empare de moi.

Anéanti, abattu, totalement privé de forces, je m’affaisse d’abord contre le mur puis au sol, les yeux hagards. Je crois que je baigne dans ma propre urine tant je suis terrorisé par tout à l’heure, par demain, par mes futurs rendez-vous avec mes tortionnaires.

J’attendrai quelques jours peut-être, des semaines, comment savoir ? Mais le jour viendra où ils me prélèveront forcément !

Une jour, deux jours,…..douze jours passent et un matin c’est mon tour.

Cher lecteur, je vous en conjure, priez pour moi !

Ils reviennent le lendemain encore et encore, et encore…

Ça ne s’arrêtera donc jamais !

Je suis au-delà de la douleur, je ne suis plus qu’une ombre, je ne suis personne, je suis simplement là. Une odeur nauséabonde rôde autour de mes plaies, de mon corps. Les autres m’évitent. Je suis devenu le nouveau jouet de mes bourreaux et je peux vous dire qu’il s’amusent bien.

Je ne suis plus un homme.

Je ne suis plus rien.

Je suis, c’est tout.

J’existe, hélas.

Incapable de disparaître.

Mourir est un sort trop doux qu’ils ne me réservent pas.

A suivre… LA FIN LA PROCHAINE FOIS. Avez-vous trouvé pourquoi ils sont tous enfermés là ?

Lors de la dernière séance de dédicaces du 17/11/2019, dès l’ouverture, des lecteurs m’attendaient pour se procurer « Le Manuscrit venu d’ailleurs ». Ils ont adoré « La Muraille des âmes » et ne voulaient pas manquer mon dernier roman. Imaginez ma joie, surtout que 2 d’entre eux ont pris mes 3 autres livres aussi. Une dame m’a même dit « J’avais peur que vous ne veniez pas ». Il est vrai que j’étais un peu en retard…

Actualité : mon 4e roman est disponible, LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, 420 pages.

Vous pouvez  lire la 4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. Vous trouverez au moins 5 bonnes raisons de l’acheter : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout ! 

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Merci de votre fidélité,

AUDREY DEGAL


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PAR PITIÉ ! … SUITE 3 (Histoire à suspense)

PAR PITIÉ ! … suite 3

Résumé de l’épisode précédent : Huis-clos abominable et particulièrement inquiétant. Que leur veulent ces hommes, leurs bourreaux. Ted a été abominablement torturé. Discuter avec les détenus permet d’en savoir un peu plus mais aussi d’avoir encore plus peur, peur d’entendre appeler son nom : Josef. Les tortionnaires jouent à désigner Josef, terrorisé.

 Josef, tu as eu peur, hein. Mais ce n’est pas ton tour. Pas encore !

Et ils s’éloignent, m’abandonnant à mes questions, à mes futures angoisses, celles de la prochaine fois où ils viendront vraiment pour me cueillir, pour me mener à l’abattoir, vivant, pour me prélever, comme disent les autres, ces rats, enfermés-là, comme moi !

Puis le rituel de l’appel recommence. Il résonne :

— Jack, c’est à toi ! Où est-ce que tu te caches ? Allez, sors du noir !

C’est lui, l’élu du jour, le candidat au massacre.

Contrairement à Ted, il se lève, péniblement certes mais, à mon grand étonnement, il précède ses deux bourreaux et les invite même à le suivre. Est-ce de la grandeur d’âme, de l’inconscience, de la soumission, du suicide ? À vous de me le dire !

Il paraît ignorer ce qui l’attend. Je me surprends à m’agiter comme une feuille secouée par un vent invisible mais violent. C’est nerveux et je n’arrive pas à me contrôler. Même mes dents claquent et je me mords la lèvre inférieure. Mince, le sang va attirer les rats, les vrais rats, ceux qui se délectent de notre chair pendant qu’on dort !

J’entends qu’on me parle.

Une ombre est étendue non loin de moi. Je ne l’avais pas remarquée.

— Jack a pété un câble, me dit-elle. Il a totalement décroché.

— Il est devenu fou ?

— Ouais, complètement dingue, confirme l’inconnu. Il faut dire qu’il ne peut plus parler.

— Ah ! Et pourquoi ?

— La dernière fois qu’ils l’ont prélevé, il est revenu avec une balafre qui lui traversait la gorge et une autre qui lui remontait du bas de ventre, jusque-là.

D’un geste, il me montre l’étendue des dégâts.

— Depuis, il est à l’ouest. Mais c’est pas le seul.

— Ah, dis-je persuadé que je viens de tomber sur l’encyclopédie vivante de l’horreur.

Observer et expliquer aux autres ce qu’il remarque, c’est peut-être ce qui aide ce gars à tenir, à survivre dans cette fosse immonde.

— Mate un peu là-bas, le gars complètement à gauche.

Je fronce les sourcils pour essayer de le voir.

— Il s’appelle Anthony.

— Et alors, quelle importance ça a ?

— Aucune mais lui, il déguste à chaque fois qu’ils le prennent et…

Je n’en peux plus d’entendre ça.

— Arrête, tais-toi ! Je ne veux rien savoir. Ferme-la, par pitié ferme-la !

— Toi, tu n’as pas encore été prélevé mais ça viendra, crois-moi !

— Tu ne peux pas te taire !

— Dis-donc, c’est toi qui m’a posé des questions. Je ne suis pas à ta botte et je parle si je veux.

Il a raison. Et puis même si ses révélations sont insupportables, parler me fait du bien et comble le vide de ma détention.

— Je m’appelle Josef. Et toi ?

— Henri. Je suis le plus ancien ici, je crois. En fait c’est Henri Désiré mais tu peux m’appeler juste Henri.

Il me tend sa main pour que je la serre, comme on conclut un pacte avec le diable. Le contact de sa peau est curieux, trop lisse. Il le sait et s’explique aussitôt.

— Ils m’ont brûlé la main, un pied aussi et d’autres partie du corps mais ces temps-ci ils me fichent la paix. Ils ont assez de nouveaux à se mettre sous la dent.

Ce qu’il me dit ne me rassure pas et vous auriez ressenti la même chose à ma place. N’est-ce pas ! Savoir que vous compatissez à ma peine, à ma douleur, que vous priez intérieurement pour que je m’en sorte – car je reste convaincu que c’est le cas, que je sortirai un jour de ce trou à rats – me donne un peu de courage, le courage qui me manquera forcément quand ils me prendront.

— Comment peux-tu supporter ça depuis si longtemps ?

— Parce que je n’ai pas le choix. Et puis j’ai cru comprendre que je suis un cas moins lourd que les autres.

— Moins lourd ! Qu’est-ce que tu veux dire ?

Il prend appui sur ses deux mains, pour se déplacer un peu et s’installer dans une position plus confortable. Qu’est-ce que je dis ? Une position moins inconfortable.

— Ils m’appellent l’escroc et il paraît que je suis un élément de moindre importance pour eux. Je les ai entendus le dire. Par contre les autres sont des cas sérieux. Alors ils trinquent.

Je me surprends à l’envier pour qu’ils m’oublient aussi, qu’ils ne m’appellent jamais mais je suis un nouveau et ils ne me rateront pas. Je me serais bien passé de la réflexion d’Henri mais voilà, il l’a faite, remuant dans une plaie que je n’ai pas encore un couteau que mes bourreaux ne manqueront pas de me planter et de retourner encore et encore dans mes plaies pour que ça fasse bien mal.

— Mais toi, comme tu viens d’arriver…

Inutile de préciser. Je l’ai déduit tout seul, je suis prisonnier, pas idiot !

J’ai presque envie de lui sauter au cou. Non, pas pour l’embrasser ! Il n’est qu’un compagnon d’infortune. J’ai plutôt envie de le tuer pour ce qu’il vient de dire, envie de lui broyer la trachée sous mes doigts. Heureusement qu’il ne lit pas dans mes pensées et qu’il ne sait pas qui je suis vraiment sinon, il tremblerait. Oui, j’ai oublié de vous le dire mais à une époque de ma vie, les gens me craignaient. Epoque révolue !

La peur de souffrir, la peur de l’instant où ils viendront me prélever m’envahit. Un vent de panique me traverse et je voudrais qu’il m’étouffe sur place, que je ne puisse plus respirer et que je meure subitement, comme ça. Je n’aurais plus besoin de trembler, plus besoin de redouter le moment fatidique qui arrivera inexorablement.

La mort ! Ça doit avoir un côté rassurant !

Mais je ne m’étouffe pas. Je respire, je suis vivant, un être vivant qui sait que le moment viendra où ils s’acharneront sur moi. Je me demande si la plus odieuse des tortures ne consiste pas dans le fait de savoir ce qui adviendra. J’ai l’impression que mon cerveau bouillonne à force de ressasser cette peur !

Mon esprit s’efforce de réfléchir, de mettre bout à bout les morceaux d’un puzzle qui ne coïncident pas. Il force les pièces, les tord, pour qu’elles s’assemblent mais elles résistent. Je ne comprends pas pourquoi je suis là !

Je tue le temps. Que pourrais-je faire d’autre ? La faim secoue mes entrailles et la soif revient peu à peu. Je me rends compte que je ne suis qu’une machine qui se résume à peu de choses : manger, boire, dormir, sont des fonctions vitales, celles auxquelles je suis réduit aujourd’hui. Le reste c’est du fard, de la poudre aux yeux : l’amour, l’amitié, ce genre de chose… Dites-moi à quoi ça me servirait maintenant ? À rien ! Je ne suis qu’un organe programmé dès la naissance pour respirer, se maintenir en vie le plus longtemps possible quelles que soient les circonstances. Et dans ces conditions, si je suis résistant, ma vie peut s’éterniser ici, hélas. Comme un épileptique, je me remets à trembler à cette perspective effroyable.

Quelle horreur ! Je n’imagine pas un seul instant que cela soit possible. Rester dans cet endroit à jamais, à leur merci et devenir une plaie putride, comme tous les autres. C’est… c’est… c’est inconcevable et en tout cas au-dessus de mes forces. Je m’égare… Je vais devenir fou.

A suivre…

Actualité : mon 4e roman est disponible, LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, 420 pages.  Vous pouvez  lire la 4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. Vous trouverez au moins 5 bonnes raisons de l’acheter : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout ! 

Et ce dimanche, je dédicace mes 4 romans à Sainte Foy les Lyon, dans le Rhône, salle ellipse (en face de Calicéo), parking gratuit, entrée gratuite. Pour me trouver, c’est simple. Cherchez AUREY DEGAL. 

Bon week-end et belles lectures !

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Merci de votre fidélité,

AUDREY DEGAL


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PAR PITIÉ !… SUITE 2 (histoire à suspense)

PAR PITIÉ ! … suite 2

Résumé de l’épisode précédent : Toujours enfermé, l’homme cherche à comprendre ce qui lui arrive. Les bourreaux  appellent les détenus les uns après les autres et quand leurs victimes reviennent, elles on subi le pire. Ted a été « prélevé », il revient avec d’atroces blessures. Comment des êtres humains peuvent-ils imposer ça à d’autres ? La soif, la faim, le froid, la nudité s’ajoutent à leurs effroyables conditions de détentions. Mais pourquoi ces hommes sont-ils retenus là ?

Je suis le dernier arrivé dans cette cellule pestilentielle. J’ai besoin de savoir ce qui se passe et pourquoi. C’est plus fort que moi mais je garde quelque part l’espoir de pouvoir m’échapper. Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre ? Alors je m’y accroche comme à une bouée de sauvetage que je n’ai pas.

            Il faut absolument que j’en aie le cœur net. Alors je rampe au sol, doucement comme un serpent sauf que je ne pique pas. Je suis inoffensif ici. Je vous rappelle que je suis une victime. Je m’approche d’un gars que j’ai choisi au hasard. Lui, ou un autre, qu’importe ! Il me laisse m’installer à proximité, il ne me dispute pas son territoire. Je me lance :

            — Je n’y comprends rien. Qu’est-ce qu’ils lui ont fait ? Pourquoi ils l’on mis dans cet état ?

            Les yeux hagards, il me répond, agitant ses lèvres crevassées autour d’un puits tari et partiellement édenté.

            — T’es nouveau toi !

            — Oui !

            — Je t’avais repéré. Ils lui ont fait ce qu’ils ont voulu lui faire, exactement. Pas plus, pas moins. Il faut qu’il reste en vie, pour la prochaine fois. C’est ça la règle ici : qu’on ne meure surtout pas !

            Il me tourne le dos mais juste avant je l’entends dire :

            — Maintenant, tire-toi !

            Il ne veut pas m’en dire davantage alors je retourne d’où je viens.

           Quand je passe à proximité de Ted, je ne peux pas m’empêcher de scruter son corps.

           Comme moi, comme tous les autres, il est nu, si bien que je découvre les multiples incisions pratiquées sur lui. Je les qualifierais de parfaites. Si, si, parfaites ! Elles ont quelque chose d’esthétique. Elles semblent alignées les unes à côté des autres selon un plan judicieux qui pourrait faire penser à des arbres plantés dans une exploitation forestière. J’en compte approximativement une trentaine, avant que la lumière ne s’éteigne. Toutes de la même dimension, toutes réalisées avec la plus grande précision, une précision quasi chirurgicale. Mais les anesthésies, ici, ils ne connaissent pas.

            Mon dieu, la porte s’ouvre brutalement.

            Au secours, ils vont prendre quelqu’un !

            À l’aide, pitié, pas moi ! C’est ce que je hurle dans ma tête.

            Mais ils viennent simplement déposer un énorme seau en bois, plein d’eau, avant de disparaître.

            Aussitôt, c’est la ruée, la bousculade, comme au moment des soldes mais il n’y a rien à acheter.

            Les plus robustes d’entre nous se jettent alors en avant et plongent leurs visages crasseux dans le bassin qui, à ce moment-là ressemble davantage à une auge et eux à des porcs qui meurent d’envie de boire. C’est drôle d’employer cette expression car ils boivent pour rester vivants. Dans un instant, il ne restera plus rien alors je les imite et je me rue vers eux. Mais pour gagner, pour faire partie des heureux élus autorisés à étancher leur soif, il faut frapper les autres. C’est la guerre, un combat de coqs une lutte inégale à laquelle certains renoncent, faute de forces.

            J’arrive à engloutir quelques gorgées avant de recevoir moi aussi des coups de poings dans les côtes et d’être violemment éjecté en arrière. Je ne pourrai plus approcher. Autour, il s’est formé un cercle de chiens enragés qui grognent et mordent. Mieux vaut en rester là.

            Je retourne me caler contre mon pan de mur froid et sale en attendant que le calme revienne. Je viens de comprendre qu’ici on ne nous considère plus comme des hommes. Que sommes-nous alors ? Des amas de chair et d’os, pensants mais surtout souffrants et c’est ce que nos tortionnaires préfèrent.

            Ayez pitié de moi !

            Un rai de lumière passe sous la porte.

            Ils reviennent, déjà.

            Il leur faut une nouvelle marionnette. Ils ont envie de jouer.

            — Josef !

            Je déglutis avec peine. Josef, c’est moi !

            Vous qui me lisez, venez-moi en aide ! Trouvez un moyen, sortez-moi de là ! J’ai peur, je me sens mal, je vais m’évanouir avant même qu’ils m’emmènent.

            Je ferme les yeux d’effroi. Je sens soudain un coup de poing contenu appliqué sur mon épaule. Je sursaute et je les entends dire :

            — Joseph, c’est bien ton prénom !

            Je ne parviens pas à répondre tant ils rient. Bien sûr qu’ils me connaissent mais ils s’amusent avec mes craintes, mes doutes, mes nerfs… Je me mets à pleurer, à chialer comme un gosse terrifié.

          C’est mon tour, ils vont m’emmener !

A suivre…

Actualité : LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, mon 4e roman de 420 pages est disponible sur commande dans toutes les librairies et sur internet.  Vous pouvez déjà lire la 4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. Vous trouverez au moins 5 bonnes raisons de l’acheter : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout ! 

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Merci de votre fidélité,

AUDREY DEGAL

 


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PAR PITIÉ !… SUITE 1 (histoire à suspense)

PAR PITIÉ ! … suite 1

Résumé de l’épisode précédent : un homme est maintenu prisonnier dans un endroit insalubre, infesté de rats. Il est le dernier arrivé, jeté dans une fosse avec des centaines d’autres. Il se rappelle son passé heureux et se demande comment il pourra fuir ce lieu cauchemardesque.

           Dans cet enfer, j’ai sympathisé avec certains – enfin sympathisé est un grand mot – disons que nous avons échangé quelques mots, vagues, histoire de discuter, de nous rassurer ou de nous faire encore plus peur. Parler aux autres m’aide un peu à supporter ma situation mais le plus souvent ça me terrifie, surtout quand ils reviennent et me racontent tout ce qu’ils leur ont fait.

            Ici, notre existence est rythmée par les appels de nos bourreaux, qui jettent leur dévolu sadique sur l’un d’entre nous. Ils le font sortir de cette prison, de force et s’il refuse ou s’il traîne, ils lui assènent des coups de matraque. Nos geôliers ne sont pas tendres ! Et quand l’infortuné revient, la porte s’ouvre et ils le jettent comme une ordure dans la pièce où nous sommes tous, sans ménagement et je peux vous dire que ça les amuse. Le pire, c’est que celui qui est « prélevé » comme on dit entre nous, revient toujours mais dans un sale état !

            Non, vous ne rêvez pas, moi non plus d’ailleurs, ceci c’est mon quotidien, c’est ma vie, c’est comme ça et je ne pense pas que je tiendrai très longtemps. Leurs supplices sont trop barbares. Ils ne m’ont pas encore prélevé, mais je sais que ça arrivera. Imaginez ma peur. Que dis-je ! Imaginez ma terreur !

            Tout à l’heure, c’est Ted qu’ils ont appelé. Ils ont dû répéter plusieurs fois son prénom car il ne bougeait pas. Comme nous tous, il s’est prostré dans son coin en espérant qu’ils ne le verraient pas. C’est ridicule, ils savent toujours où est leur cible, leur marionnette, leur souffre-douleur, la souris dans laquelle ils aiment planter leurs griffes acérées. Je l’ai regardé. On aurait dit un petit garçon réfugié au fond d’un placard pas assez profond et qui a peur de ses parents. Mais dans notre cas, ses parents sont deux colosses armés qui ne plaisantent pas !

            — Ted B…, ont-ils répété de plus en plus autoritaires.

            Je n’ai pas compris son nom. Je les ai juste entendu aboyer son prénom. Puis, comme il restait pelotonné dans son armoire, ils sont entrés plus en avant et l’ont agrippé avec leurs sales pattes, l’un par ce qui lui reste de cheveux, l’autre par un bras, pour l’entraîner hors de la pièce. Son épaule a craqué, un bruit sec, bref mais net. Je crois qu’il l’ont déboîtée. Et s’ils font pareil avec moi… Je tremble. Si vous pouvez m’aider, je vous en supplie, aidez-moi !

            Ted ne s’est même pas débattu. Telle une poupée de chiffon qui n’a pas rencontré de savon depuis des lustres et qui sent mauvais, il s’est laissé glisser sur le sol, entraîné par ses bourreaux, traîné comme un sac poubelle. Le blanc de ses deux yeux semblait tracer un sillon dans l’air au fur et à mesure de sa progression. Mais une fois dans le couloir, après que la porte s’est refermée, on l’a tous entendu crier :

            — Non, non, pas moi ! Pas ça ! Pitié !

            Nous, on savait qu’il ne pouvait pas leur échapper. Ils décident, on subit.

Puis les murs ont englouti sa voix et le silence est revenu comme un couvercle qui descend lentement sur un cercueil. 

            La torture est la bête malfaisante qui sévit au-delà des limites de cet endroit ou nous vivons – mais le mot vivre est excessif car nous survivons – si bien qu’on trouverait presque notre prison sympathique. C’est dingue non, alors que nous pataugeons dans l’innommable !

            Depuis combien de temps Ted est-il sorti ?

            J’ai soif.

            J’ai faim.

            J’ai froid.

            J’attends la suite, plongé dans une angoisse indescriptible ! La suite de quoi ? Je ne le sais même pas !

            C’est affreux ce que je vais vous dire. Mais ayez quand même pitié de moi, je vous en prie ! Je dois avouer que chaque fois que j’entends qu’ils appellent quelqu’un d’autre que moi, je suis presque content : content que ce soit lui, content que ce ne soit pas encore le moment pour moi. Ne me jugez pas ! C’est humain d’espérer ça et puis je parie que tous les autres pensent la même chose, à chaque fois, à chaque extraction : pourvu que ça ne soit pas moi ! Et puis c’est le soulagement lorsqu’un nom fend l’air, un nom qui n’est pas le nôtre. Oui, quand ça tombe sur un autre, ça soulage, ça nous donne un répit. C’est très égoïste de dire ça mais faites un effort pour comprendre et demandez-vous comment vous réagiriez à ma place, à notre place à tous ? La souffrance, la souffrance extrême est capable de changer les hommes, de les transformer en monstres – à moins qu’ils ne le soient déjà – et le pire c’est quand on sait qu’elle est à venir. D’ailleurs, nos bourreaux misent sur cette peur-là ! Serai-je le prochain ? C’est ce que nous nous demandons tous, c’est ce que vous vous demanderiez si vous étiez coincé là.

            J’humecte mes lèvres an passant et repassant ma langue râpeuse sur elles mais elle est désespérément sèche. J’ai encore plus soif, encore plus faim que tout à l’heure, je grelotte et finalement je m’endors, pour un instant au moins ! Mes rêves sont cauchemardesques mais ils m’apaisent car pendant que je dors, il ne se passe rien.

           Soudain, il y a de l’agitation autour de moi, comme à chaque fois que quelqu’un pénètre dans la prison. J’ouvre les yeux et je vois Ted propulsé par deux bras vigoureux qui le poussent violemment en avant, à l’intérieur de la pièce, tel un chien galeux dont on veut qu’il détale au plus vite. Ils ont fait exprès d’allumer la lumière, enfin l’ampoule crasseuse qui domine au plafond et qui semble nous observer insidieusement. Ils veulent que l’on voie, que l’on sache ce qu’ils ont fait de Ted.

           Leur victime ne peut résister à la poussée qu’ils lui infligent. Ted est trop maigre et ses jambes le portent à peine. Il fait deux trois enjambées maladroites, incontrôlées, il perd l’équilibre et s’effondre, presque devant moi. Je replie mes jambes sous moi, de crainte qu’il ne me touche. Ce n’est plus vraiment Ted que je regarde, c’est un corps, un corps à vif, un corps qui n’est qu’une plaie dont on se demande si elle pourra guérir. Je ne peux retenir mon dégoût. Je me retourne et je vomis de la bile dans un coin, derrière moi. Mon ventre est vide. Rien d’autre ne pourrait en sortir que ce liquide visqueux. Ensuite, je m’écarte un peu pour trouver un autre endroit plus… moins… enfin un autre endroit.

            Les autres semblent indifférents au triste sort de Ted. Il faut dire qu’ils ne sont pas en meilleur état. Maigres, décharnés, on dirait qu’ils sont sur le point de se casser. Mais ils résistent. Est-ce bien ? Je ne sais pas. Moi-même, je suis indifférent à son sort et je me contente de le regarder en me disant que j’y ai échappé pour cette fois encore. Après tout, chacun ses problèmes ! Vous me trouvez dur, insensible ? Peut-être, mais quand il s’agit de survivre on se métamorphose en…en je ne sais pas quoi.

A suivre…

Actualité : mon nouveau livre LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, 420 pages, est  disponible. Vous pouvez déjà lire la 4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. Vous trouverez au moins 5 bonnes raisons de l’acheter : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout ! Vous pouvez le commander en librairie ou sur internet sous forme ebook ou papier. Bonne lecture.

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A celles et ceux qui ont déjà lu mes livres, sachez que pour un auteur encore peu connu, les messages que vous laissez sur les sites d’achat en lignes sont essentiels. Aussi, je me permets de vous suggérer de laisser un avis sur AMAZON (même si vous n’avez pas acheté votre livre là) car le site opère un classement des auteurs en fonction des avis. Vous me permettrez ainsi d’avoir davantage de visibilité sur le Net. Merci d’avance.

Merci de votre fidélité,

AUDREY DEGAL

 


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SORTIE DE MON 4E ROMAN : LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS

MON 4E ROMAN : LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS. Un livre haletant, comme toujours !

Il est enfin disponible !

Vous l’attendiez ! Certains d’entre vous, fidèles lecteurs, m’avez sollicitée à maintes reprises pour savoir quand il sortirait. Mes précédents livres vous ayant plu, vous avez eu envie de vous plonger dans le dernier et je vous en remercie. 

Disponible en libre papier ou ebook dans toutes les librairies et sur internet, il vous suffit de le commander en indiquant son titre, LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, le nom de l’auteure, AUDREY DEGAL et l’éditeur, BoD. Je vous emporte pour 420 pages doucement au début, le temps que vous découvriez les personnages intrigants de ce roman et que tout se mette en place mais attention, le rythme s’accélère progressivement. Je vous invite, par moments,  au Moyen Âge, à d’autres dans le temps présent, à Lyon plus exactement. Vous descendrez dans un scriptorium mais les moines vous surveilleront ! De rebondissements en rebondissements, vous suivrez Annabelle, Jonathan, Marc et Raphaël qui doivent mener leur enquête pour espérer sortir du guêpier dans lequel ils se retrouvent bien malgré eux. Et puis, il y a cet homme, sans nom, qui est présent sans que l’on sache pourquoi, qui les précède, qui les suit par moments. D’où vient-il et que cherche-t-il ? Pour le savoir, tournez les 420 pages jusqu’au dénouement. Accrochez-vous bien, certains ne sont pas ce qu’ils paraissent être.

Vous trouverez ci-dessous le 1er chapitre et d’autres extraits choisis au hasard.

 4e de couverture :      

           Une abbaye perdue, sombre, inquiétante que même les cartes ne mentionnent pas. Quels secrets se cachent derrière ses murs imposants ? Pourquoi un parfait inconnu, qui s’éclipse ensuite, offrirait-il un manuscrit d’une valeur inestimable à Raphaël alors qu’il ne le connaît pas ?

            Ailleurs, pendant ce temps-là, un parc, un livre abandonné sur un banc. Quelqu’un l’a-t-il oublié ? Annabelle le prend et se plonge dans un récit étrangement trop captivant. Comprendra-t-elle, avant de s’envoler pour Miami, que celui qu’elle a déjà croisé trois fois, par hasard, va changer sa vie et la tournure de l’histoire ?

            Une intrigue tissée avec une efficacité remarquable où le Moyen Âge fait irruption dans le présent pour bousculer la vie de personnages étonnants. Une fin magistrale.

1er chapitre  :

1   LIBRE

       La pierre tombale glissa très lentement sur le soubassement qui la retenait depuis des siècles.

            Le bruit du frottement se répercuta en un écho lugubre dans la crypte sans déranger les hôtes endormis depuis longtemps en ce lieu.

            L’air vicié le prit aussitôt à la gorge. Il avait l’impression d’étouffer. Les moisissures, la poussière, les insectes et l’humidité s’étaient emparés de cet endroit de repos éternel pour l’envahir. Les petits vitraux censés laisser passer un peu de lumière étaient presque totalement occultés par le lierre qui s’y était accroché et avait prospéré.

            Tout autour de lui, le silence, le vide, la mort, l’éternité.

            Il s’assit quelques instants sur le rebord de la sépulture, histoire de reprendre ses esprits, de faire le point sur la mission à mener. Leurs vies en dépendaient, la vie de ceux qu’il avait appris à aimer et qui, prisonniers, ne pouvaient agir.

           Il regarda le gisant de la reine, qui souriait, celui du roi, impassible. Il se rappela le tribunal de l’Inquisition qui voulait l’exécuter. La cause ? Une simple difformité qui faisait de lui un être différent, trop grand pour l’époque donc ensorcelé. Un prétexte, un mensonge, des témoins achetés qui jurèrent qu’ils l’avaient vu adorer le diable et le bûcher était dressé. Alors que tout semblait perdu, le souverain était intervenu pour le sauver. Sa Majesté en personne jura sur la croix qu’elle était avec lui à la chasse ce jour-là et que ses accusateurs mystifiaient le tribunal. On ne conteste pas la parole du Christomimetes[1]. Il fut relâché et remercia son sauveur.

          Il mènerait à bien sa mission, avec d’autant plus de ferveur qu’il devait la vie à la famille royale.

        C’était écrit désormais.

        Sa promesse serait exaucée bien au-delà de ce qu’il imaginait.

        Mais il était seul dans cette chapelle et personne d’autre que lui ne pouvait infléchir leurs destinées.

       Il savait que là, dans le passé, ils attendaient, ils l’attendaient.

       Il savait que le moment de leur mort était en sommeil, qu’il pouvait encore intervenir mais que le temps était compté.

       Il savait qu’ici, dans ce présent, les autres ne se doutaient encore de rien, qu’ils ignoraient ce qui allait arriver. Comment auraient-ils pu imaginer ?

        Dehors le vent soufflait comme pour lui rappeler ce qu’était la vie.

        Il devait partir.

        Il s’étira pour réveiller son corps engourdi, regarda la lourde porte close de la crypte avant de se diriger vers un coin sombre et de sortir par une issue dérobée. Seuls les seigneurs du domaine et lui-même en connaissaient l’existence. L’air frais provenant de l’extérieur ne se laissa pas prier. Il s’engouffra en quelques secondes alors que lui s’éloignait.

            Il faisait nuit noire.

            Il était libre.

            Il est celui qui retient le temps.

        

[1] Christomimetès : personnification du Christ. Le roi était considéré comme le représentant du Christ sur Terre.

 

AUTRE EXTRAIT :  LES TREFONDS DE LA TERRE

          … Le guide poussa lentement la porte qui s’écarta dans un grincement tel que Jonathan associa le bruit à l’ouverture d’un sarcophage. Il était toujours aussi désireux de découvrir les trésors de cette abbaye mais ce n’était pas sans crainte. Il se demandait si sa soif de connaissances n’allait pas l’emmener dans un endroit interdit au commun des mortels duquel il ne reviendrait jamais. Au-delà, le noir absolu régnait en maître et un courant d’air frais provenant des profondeurs de la Terre, remonta, tourbillonna autour de lui, l’enveloppa tel un drap mortuaire, pour finalement le glacer. Le jeune homme s’efforçait, tant bien que mal, de masquer la frayeur qu’il éprouvait à l’idée de descendre dans cet abîme. Et s’il s’agissait d’un aller simple ! Mais pourquoi se débarrasserait-on de lui ? Pour continuer d’avancer, il devait chasser cette idée saugrenue de son esprit. Mais, tenace, elle s’y accrochait.

            — Suivez-moi ! ordonna encore une fois le guide comme si c’étaient les seuls mots qu’il connaissait.

            Et il s’engouffra dans l’obscurité.

            Frère Bastien introduisit sa main dans une sorte de niche, pressa un interrupteur invisible et le pâle faisceau lumineux d’une ampoule fendit le noir, permettant d’apercevoir un escalier qui s’enfonçait dans les tréfonds de l’abbaye. On aurait dit l’antre du diable, entité à laquelle il avait fait allusion en quittant sa cellule et qui avait profondément choqué le moine. Et si Lucifer existait ! Et si le moine s’apprêtait à guider ce blasphémateur jusqu’à lui, pour le punir !

            La peur faisait divaguer le chercheur.

          Les deux hommes se glissèrent dans le passage étroit, mal éclairé et commencèrent la descente. Elle parut durer, s’éterniser même, car l’escalier abrupte n’en finissait pas de s’enfoncer. Il semblait n’aboutir nulle part. Jonathan devinait les marches plus qu’il ne les voyait. Celles-ci d’abord larges, droites mais irrégulières, probablement taillées dans la roche, se rétrécissaient au fur et à mesure qu’ils progressaient.

            — Tenez-vous à la corde ! Certaines marches sont piégeuses et si vous en manquez une…

        Il s’interrompit avant de poursuivre :

           — La verticalité de l’escalier n’est guère propice à un sauvetage !

            Il parlait d’expérience mais sa réflexion tenait plus de l’ordre que du conseil, car sa voix n’avait rien d’agréable. Prisonnière de cet espace confiné, elle résonnait de façon rauque et ténébreuse. Elle n’était en aucun cas rassurante.

          Le niveau du cloître était déjà loin au-dessus de leur tête quand la pierre céda la place au bois et à un escalier en colimaçon cette fois qui craquait sous les pas des visiteurs. Il descendait lui aussi de façon raide en même temps qu’une odeur de cave montait et que la température baissait. Les rares ampoules censées l’éclairer se contentaient de projeter des ombres inquiétantes qui s’allongeaient puis diminuaient au rythme de la progression des deux hommes comme si deux spectres les précédaient ou les suivaient.

            — Où sommes-nous ? osa demander Jonathan en chuchotant.

           Ce lieu oppressant l’intimidait autant qu’il l’inquiétait.

            — Sous l’abbaye !…….

AUTRE EXTRAIT :  INTRUSION

            Étrange !

            Ne l’avait-elle pas fermée à clé en quittant son appartement ? Annabelle fouillait en vain dans sa mémoire. Elle se sentait si mal à ce moment-là qu’elle avait peut-être oublié de tirer la porte derrière elle ! Bizarre ! Plus elle tentait de se souvenir, plus elle était convaincue qu’elle n’avait pas pu la laisser ouverte à tous les vents.

            Et s’il y avait quelqu’un dans son appartement ! Les idées les plus noires inondaient son esprit, les scénarios les plus sombres l’envahissaient inexorablement.

            Avancer ? Faire demi-tour ? Appeler la police ?…

            Annabelle se rappela les conseils de prudence que Marc lui prodiguait souvent. Combien de fois lui avait-il suggéré d’installer une alarme dans son appartement ou de mettre un système de fermeture de meilleure qualité ? D’ailleurs où était-il, Marc, en ce moment ? Jamais là quand on avait besoin de lui finalement.

            Elle était inquiète, qui plus est amère.

            Alors que ces pensées se bousculaient dans sa tête, elle choisit de tendre une oreille avant de s’aventurer plus loin. C’était plus prudent ! Elle s’attendait à chaque instant à ce qu’un individu surgisse.

     La porte de l’ascenseur se referma totalement derrière elle dans un bruit sourd, ce qui la fit sursauter. Particulièrement attentive et sur ses gardes, elle fut à nouveau surprise lorsqu’elle entendit un claquement provenant des étages supérieurs. Soudain la lumière s’éteignit, plongeant les lieux dans l’obscurité. Les éléments semblaient se liguer contre elle. Angoissée, elle retint sa respiration, à l’affût, comme si quelque chose allait surgir de la pénombre. Au même moment, l’ascenseur redémarra, probablement appelé par un résident. Après être redescendu jusqu’au bas de l’immeuble, il remonta avant de s’immobiliser au quatrième étage. Annabelle prêta l’oreille mais personne ne sortait de la cabine. C’est alors qu’un flot de jurons provenant d’un appartement situé plus haut brisa le silence. Un couple se disputait violemment. Mais l’objet exact de leur discussion restait inaudible. Dans la montée d’escalier, les rares vasistas situés en hauteur diffusaient une légère lumière à laquelle la jeune femme s’était peu à peu accoutumée. Malgré cette semi-obscurité, elle s’approcha de la rambarde et se pencha précautionneusement dans la cage d’escalier pour tenter de voir ce qui se passait sur le palier du dessous. Elle entendait quelqu’un marcher et il ou elle devait farfouiller dans un sac pour prendre quelque chose. Et s’il cherchait un revolver ! Pourquoi n’allumait-il pas ? Peut-être voulait-il la surprendre ! Annabelle recula instinctivement, ne se sentant plus du tout en sécurité ni à son étage, ni à un autre. Ses mains étaient moites, sa respiration s’accélérait inconsciemment et son cœur frappait de façon inconsidérée dans sa poitrine.

            Finalement, elle entendit une porte s’ouvrir puis se refermer presque aussitôt. Un voisin venait sans doute de rentrer chez lui. Elle aurait pu lui demander de l’aide, lui dire qu’elle était inquiète, que quelqu’un avait pénétré par effraction chez elle en son absence… Mais elle était à nouveau seule et devait faire face à la situation.

          Elle allait se retourner quand elle sentit une main peser lourdement sur son épaule. Elle ne put s’empêcher de pousser un cri strident tandis que ses jambes se dérobaient sous elle.

            L’instinct de conservation prit les commandes et en un éclair, elle fit volte-face et se cramponna fermement à la rampe qui courait le long du mur, craignant que son agresseur ne veuille l’attraper pour la précipiter dans le vide. Et la lumière revint, presque éblouissante, clignota à plusieurs reprises avant de s’éteindre à nouveau dans un claquement sec. L’ampoule venait de griller. Durant le bref instant de clarté, elle eut le temps d’apercevoir un homme imposant, la mine peu avenante qui la fixait, le regard noir, les sourcils froncés. Il n’avait pas l’air commode du moins pour ce qu’elle avait pu en voir. Son visage, faiblement éclairé par la lumière verte du bloc lumineux qui signalait l’issue de secours, paraissait cadavérique…

********************************

 

 

 

 


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PAR PITIÉ !… (Nouvelle histoire à suspense. Accrochez-vous !)

PAR PITIÉ ! …

 

            Soixante  ! Il me semble qu’il y en a soixante !

            Non, je ne parle pas des rats qui grouillent de partout et tentent, chaque nuit de nous grignoter une oreille, le nez ou le bout des doigts quand ce ne sont pas les paupières. Ça doit être tendre et bon une paupière ! C’est pour ça qu’ils courent sur nos visages. Ils ne renoncent jamais et reviennent à l’assaut, inlassablement. Si au moins j’arrivais à en tuer un, de temps en temps, je lui tordrais le cou ou alors je lui arracherais la tête, avec mes dents. Et je pourrais même le manger car j’ai faim, une faim tenace.

            Donc je ne parlais pas des rats mais de ceux qui sont là, avec moi, enfermés comme moi, ces compagnons de cellule – si je peux dire – qui croupissent aussi dans cette pièce sordide, crasseuse toujours plongée dans la pénombre. J’ai toujours eu peur du noir. Je les discerne à peine même si mes yeux se sont habitués à ces ténèbres. Les leurs aussi. Ils savent que je suis là, que je suis le nouveau, le dernier arrivé.

            Parfois, je les entends gémir ou se plaindre. Parfois ils hurlent comme des damnés. À croire que leurs cris leur permettront d’ouvrir grand la porte et de s’échapper. S’échapper ? Impossible ! Ils s’époumonent quand ils sont à bout, qu’ils n’en peuvent plus, c’est tout. Ce ne sont que des cris de rage, d’horreur…

            Et puis, il y a aussi l’odeur ou plutôt la puanteur… Car on ne sort jamais d’ici, vous vous en doutez ! Ça sent l’urine à plein nez, mêlée à toutes sortes d’excréments que je n’ai pas besoin d’énumérer. C’est infect mais c’est mon lieu de vie maintenant et moi aussi j’ai l’impression que je deviens un déchet.

 

            Depuis quand est-ce que je suis là, me demanderez-vous. Eh bien, je n’en sais rien, je ne me rappelle pas à quel moment tout a basculé. J’essaye de me souvenir mais quelque chose m’échappe. C’est le trou noir, le vide total. J’avais une vie avant ça, j’étais heureux.

 

            Je suis certain que j’avais une femme déjà âgée, comme moi d’ailleurs. Mais n’allez pas croire dans ce que je viens de vous dire que je suis simplement mort et que je ne connais pas la raison de mon décès. Non, je me sens bien vivant, et je suis convaincu que mes tortionnaires veulent que je le reste. Ils veulent que je souffre. Ils veulent se délecter de ces effroyables conditions de détention jusqu’à… La question est celle-ci : jusqu’à quand ? Bien aise celui qui pourrait répondre à cette question !

            Je disais donc que j’avais une famille et des enfants. Deux garçons, grands qui ont de bonnes professions et ont fait de beaux mariages. Il faut dire que je suis riche, enfin plus maintenant. J’étais riche.  J’ai toujours eu le sens des affaires. J’ai vécu en Argentine ou au Paraguay pendant longtemps mais je viens d’ailleurs. Ah, tout ça appartient au passé. C’était le bon temps !

 

            Justement, le temps : j’ai perdu sa notion. Les jours, les heures n’ont plus d’importance ou plus de sens pour moi. Pourquoi en auraient-ils puisque je suis constamment enfermé dans ce trou immonde. Tout se ressemble, tout est gris ou noir, à part le sang, seule couleur un peu plus vive dans ce dépotoir. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là. Trop longtemps à mon goût mais je suis convaincu que je vais y rester encore un sacré moment. Ça me fait peur, terriblement peur. Et puis j’ai froid, constamment froid. L’humidité me traverse la peau, la chair et me glace au plus profond de moi. C’est atroce ! mon corps me fait mal, meurtri par les conditions puisque tout le monde dort à même le sol, sans matelas, sans couverture, sans rien !

A suivre…

Actualité : mon nouveau livre LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, 420 pages, est actuellement sous presse et devrait être très bientôt disponible. Je lui consacrerai un article mais vous pouvez déjà lire la 4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. Vous trouverez au moins 5 bonnes raisons de l’acheter : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout ! 

PENSEZ à cliquer sur j’aime, à commenter, à partager largement sur les réseaux sociaux, à vous abonner pour être sur de pouvoir lire la suite.

Merci de votre fidélité,

AUDREY DEGAL


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L’ENVIE, SUITE ET FIN

Résumé de l’épisode précédent : deux femmes, Bénédicte et Maryline, sont amies mais la première même si elle est jolie souffre de la comparaison avec la seconde qui excelle dans tous les domaines et la surpasse. Bénédicte aimerait vivre la vie de Maryline. Autour d’un verre elle suggère cette idée ridicule à son amie qui rit mais accepte de prendre sa place. Après tout, c’est impossible. Elles se séparent mais lorsque Bénédicte regagne sa voiture, elle fait un malaise et s’effondre sur le trottoir. 

Un passant accourt et m’aide à me relever.

— Ça va mademoiselle ?

Il sort un mouchoir pour éponger mon front ensanglanté. Comme je suis faible, il propose de me conduire aux urgences ou de me ramener chez moi. Je choisis de lui donner mon adresse. J’espère que je n’aurais pas à le regretter car après tout je ne connais pas cet homme.

Il me demande le code de l’alarme et nous entrons dans mon appartement. Il m’installe sur mon canapé, délicatement, cale un coussin sous ma tête, puis il s’éclipse, comme s’il était chez lui. J’entends la porte du réfrigérateur se refermer et il reparaît, deux verres de jus d’orange frais à la main. Je le remercie et j’en profite pour le regarder. Il est plutôt pas mal.

— Un antalgique peut-être ? propose-t-il.

— Dans l’armoire de la salle de bains.

Quand il revient, il me tend un comprimé de doliprane avant de me prodiguer des soins.

— Ce n’est rien ! dit-il. Comment vous sentez-vous ?

— Ça va, je me remets. Mais vous vous y connaissez ?

— Je suis médecin.

— Ah, je ne pouvais pas mieux tomber.

— Si on peut dire, mais je n’ai rien fait. Le cuir chevelu saigne facilement. N’importe qui aurait pu vous soigner. Vous avez toujours mal à la tête ?

— Non, plus vraiment. Mais j’abuse de votre gentillesse. Vous êtes peut-être pressé !

— Non, répond-il, en plongeant dans mes yeux un regard puissant qui en dit long. Je peux rester si vous voulez !

Au petit matin, pendant qu’il dort encore, je m’enroule dans un drap de bain en sortant de la douche. Mon crâne est encore douloureux et je n’ai pas les idées très claires. Tout me semble étrange. Pendant que nous faisions l’amour tout à l’heure, j’avais l’impression de flotter, de ne pas reconnaître mon lit ni ma chambre mais j’ai été secouée. D’un revers de la main, j’essuie la buée accumulée sur le miroir. Et là, je me regarde comme jamais je ne l’ai fait. J’oriente mon image vers la gauche, vers la droite comme pour vérifier… Mais je n’en ai pas besoin, Nolan qui vient de se lever pour me rejoindre exprime ce qui s’est passé mieux que moi à ma place :

— Bonjour Maryline. Ça a l’air d’aller mieux ce matin.

Eros en personne est appuyé nu contre le chambranle de la porte. Il admire mon corps alors que la serviette qui m’entourait vient de glisser au sol. Il s’approche, se plaque contre moi et m’enlace. Nos visages se frôlent dans le miroir avant que nos corps ne recommencent à s’aimer. Alors qu’il est en moi, mon esprit s’échappe, appelé par une obsession merveilleuse, inimaginable qui pourtant me paraît bien réelle : je suis devenue elle, je l’ai remplacée.

Il me laisse son adresse, son numéro de téléphone et prend le mien. Il me rappellera, c’est certain.

Un café chaud en main, de ma fenêtre, je le regarde s’éloigner. Il m’envoie déjà un SMS : « je n’ai jamais vu une femme si belle. Je crois que je t’aime ! »

Je ne rêve pas. Il fait gris dehors mais ma vie est ensoleillée. Je suis devenue Maryline, je suis chez elle, je m’y sens comme chez moi. Tout semble vrai !

Mon téléphone vibre. Je décroche. C’est elle.

— Je croyais que c’était impossible ! Qu’est-ce qui s’est passé ?

— Tu regrettes ? Tu es déçue ?

— Non, je suis plutôt perdue. Je suis toi, je suis chez toi, je ne sais pas comment j’y suis arrivée mais je me sens bien. Pour le reste, je n’y comprends rien.

— Moi non plus mais c’est arrivé.

— Et toi, qu’est-ce que ça te fait d’être Maryline ?

— Comme toi, je suis bien, je dirais même extrêmement bien et surtout heureuse.

— Parce que tu ne l’étais pas avant ?

— Si, mais moins.

— Moi, être Bénédicte, ça me convient. Je me sens plus forte, épanouie ! Mais tu crois que ça va durer ?

— Franchement, j’en sais rien. Mais c’est toi-même qui a suggéré hier que ce soit définitif.

— C’est vrai. Bon, je te laisse. Je vais me plonger dans tes dossiers. Enfin dans mes dossiers. On se rappelle !

J’aurais dû me demander pourquoi elle cet échange lui convenait mais je ne l’ai pas fait. J’aurais dû trouver étrange qu’elle soit heureuse d’être moi alors que je l’ai toujours enviée mais je n’y ai pas songé. Je suis retournée dans la salle de bains pour m’enivrer de mon image, de ce corps sublime. Comment aurais-je pu deviner ce que cachait la face polie du miroir ?

*

            Seule l’issue de la vie est incertaine. J’ai revu Nolan et me suis nourrie de bonheur le lendemain et les jours suivants. J’ai vécu un rêve, éveillée. Les week-ends improvisés à la montagne, les périples à moto, l’aventure sur son voilier, seule avec lui, et plus que tout l’intensité d’être aimée.

Lorsque je plaide dans des affaires délicates, je suis d’une redoutable efficacité. Tout me paraît plus clair qu’avant, je vais à l’essentiel, on me réclame, on me paye cher, je gagne mes procès. Je suis celle que j’ai toujours voulu être.

Je rencontre parfois Bénédicte étrangement heureuse dans une vie sympathique mais plus simple. Comment ne regrette-t-elle pas ce qu’elle était ? Puis nos rendez-vous se font plus rares jusqu’au jour où…

Un taxi me mène à la clinique car je ne me sens pas très bien. Cela fait des semaines que je suis fatiguée. J’ai l’estomac en vrac, des nausées. J’ai peur. Et si tout s’arrêtait… Si je redevenais celle que j’étais que je finalement je détestais. Je perdrais Nolan…

Je paye la course, je claque la portière, les doubles portes automatiques s’ouvrent devant moi, m’avalent.

La secrétaire me reconnaît. Elle prévient aussitôt Nolan qui termine sa consultation avant de m’examiner.

— Tu es peut-être enceinte ! Calme-toi !

— J’ai fait trois tests de grossesse. Tous négatifs !

Il me fait un prélèvement de sang pour en avoir le cœur net. Nous attendons. Négatif !

— Qu’est-ce que j’ai ?

— Il faut approfondir !

Une IRM, un scanner, de nouvelles analyses et son diagnostic tombe, inimaginable, comme le couperet d’une guillotine : cancer, métastases, plus que quelques mois à vivre.

Il pleure ! Je m’effondre ! Il n’y a rien à tenter.

*

            Je suis assise à une table en terrasse, rue de la Longe, au café Fred. Le soleil brille comme jamais. Je l’attends. Je la vois arriver. Bizarre, elle est vêtue du petit tailleur Chanel que je portais ce fameux jour, quand je lui ai parlé de l’échange. Tous les regards sont braqués sur moi. Je suis très pâle mais si belle. À croire que la maladie m’a momentanément sublimée. Elle ne s’assoit même pas, m’embrasse froidement.

— Qu’est-ce que tu veux ? attaque-t-elle.

— Je veux redevenir Bénédicte !

— Pourquoi ?

— Je crois que tu le sais !

— On ne peut pas faire marche arrière, dit-elle froidement.

Comme j’ai été bête !

— Tu le savais, tu aurais dû me le dire, j’aurais pu me soigner, j’aurais pu…

Elle m’interrompt :

— Rappelle-toi : je t’ai dit qu’on perd parfois au change. Maintenant, oublie-moi !

Elle tourne les talons, s’éloigne et me raye déjà de sa vie. Elle m’efface encore une fois.

Jusqu’aux derniers moments, Nolan me comble. Je m’éteins doucement. La vie me quitte.

*

            Quelqu’un me secoue légèrement l’épaule. Je suis assise à une table au café Fred, rue de la Longe.

— Bénédicte ! C’est moi, Maryline. Tu es sûre que ça va ? me dit-elle, penchée au-dessus de mon visage.

— Oh oui, ça va très bien. J’étais simplement perdue dans mes pensées ! En t’attendant j’imaginais des tas de choses.

— Et à quoi pensais-tu pour être si absorbée ?

— À rien et je ne veux pas parler de mon absence.

— OK. Pour savoir ce qui t’est arrivé il faudrait donc qu’on échange nos vies et que…

Je l’interromps comme apeurée :

— Non, surtout pas ! Restons-nous-mêmes !

 

FIN

Mon 4e roman, LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS sort enfin. Oui, j’ai tardé mais les bonnes choses se font généralement attendre, n’est-ce pas. Il est entre les mains de l’éditeurs qui finalise. je ne manquerai pas de vous indiquer sa date de disponibilité chez les libraires mais le référencement sur les plateformes de vente prend parfois du temps. Un peu de patience encore. 

Rappel : les titres et résumés de mes 3 premiers livres, LE LIEN, DESTINATIONS  ETRANGES, LA MURAILLE DES ÂMES, se trouvent en page d’accueil ou dans « mes thrillers publiés ». N’hésitez pas à vous les procurer en les commandant en librairie. Vous ne serez pas déçus, le suspense y règne en maître !

Prochain article : un film que j’ai adoré et un livre pas mal du tout ! Soyez au rendez-vous et partagez cet article. Vous pouvez cliquer sur « j’aime », laisser un commentaire, en parler à vos amis. Le bouche à oreille, c’est vous ! Mon succès dépend de vous et je vous en remercie. 

AUDREY DEGAL

 


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NYMPHEAS NOIRS, BUSSI

Bonjour à toutes et à  tous, 

Avant de vous livrer la fin de la nouvelle « L’Envie », que vous avez trouvée haletante – je vous promets qu’elle ne va plus tarder – je voulais vous parler de certaines de mes lectures car j’ai tellement lu de livres…  Or, si j’ai constitué une petite pile des élus dont je veux vous parler, juste derrière moi et  le bureau d’où j’écris mes articles sur ce blog, je n’ai pas pu résister : il fallait que je vous présente NYMPHEAS NOIRS, de Bussi. 

Pourquoi me direz-vous ? Parce que je décerne la palme d’or des romans que j’ai lus (et ils sont extrêmement nombreux), oui, oui, la palme d’or ! Il est tout à la fois : captivant, intéressant, original, enrichissant culturellement parlant… Certes, j’ai deviné la fin ( aux 2/3 du livre environ) avant de la lire mais je crois que c’est à cause de mon imagination débordante et du fait que moi aussi je suis auteure à suspense. Cependant, cela n’a en rien gâché mon plaisir. Le récit alterne magnifiquement dialogues, descriptions ténues et utiles, rebondissements, analepses, narration… Donc, avant de vous dire de quoi il retourne – mais rassurez-vous, comme d’habitude je me limiterai à l’essentiel pour préserver votre plaisir de lecture – vous vous doutez que je recommande cette lecture, tout comme je vous invite à lire mes romans qui ne sont pas en reste côté suspense notamment « LA MURAILLE DES ÂMES » que mes fidèles lecteurs dévorent en 2 à 3 jours. 

Donc, NYMPHEAS NOIRS, de quoi s’agit-il ? 

Eh bien l’incipit est intrigant en ce qu’il vous présente 3 femmes qui n’ont, semble-t-il, rien à voir les unes avec les autres et qui cachent un secret. Avouez que je pique déjà votre curiosité. Nous découvrons ensuite la narratrice qui est l’une d’elle, une vieille femme puis une jeune et séduisante institutrice dont tombe amoureux le policier chargé de l’enquête et enfin une fillette. Un meurtre a été commis dans la petite bourgade de Giverny, haut lieu de la peinture des impressionnistes en son temps et lieu de pèlerinage des amoureux des arts de nos jours. Or dans le passé, un crime presque identique a eu lieu. Pourquoi une telle similitude dans ces morts suspectes alors que le temps a creusé une fossé entre elles ? C’est a priori inconcevable ! La vieille femme a vu et sait bien des choses et paraît presque machiavélique. L’institutrice, femme mariée, suscite la jalousie de son époux bien évidemment et la fillette qui semble douée pour la peinture, souhaite participer au grand concours annuel encouragée par un ami mais pas par tous. Elle côtoie un peintre qui l’encourage dans cette voie. La fillette et le peintre forment une étrange association qui ne plaît pas à tous. On les observe, on veut leur nuire. Qui et pourquoi ? Le policier de son côté piétine un peu en matière criminelle mais pas sentimentalement puisqu’il parvient à séduire la belle institutrice qui veut fuir avec lui loin de sa triste vie. Mais eux aussi sont sous surveillance et rien ne sera simple. Ah, j’oubliais de vous parler du chien, personnage à part entière, attachant, qui a son rôle à jouer ! 

Je ne vous en dirai pas davantage si ce n’est : lisez ce beau roman et laissez-vous bercer par l’intrigue. Vous pousserez aussi la porte des impressionnistes ce qui ajoutera à votre plaisir. 

Bonne lecture à toutes et à tous. La fin de « L’Envie » sera en ligne sur ce site très bientôt et les abonnés  en seront informés. Je vous glisserai aussi les premières pages de mon roman « LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS » qui arrive enfin et je vous ferai part de mes autres lectures parfois intéressantes, d’autres fois, un peu moins. 

Bel été ! 

Votre auteure : AUDREY DEGAL

 


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L’ENVIE

L’ENVIE

 

J’ai toujours aimé le prénom de mon grand-père : Emmanuel. C’est moderne, avec un côté séducteur. Ma grand-mère s’appelait Marie. Joli prénom, divin, oserai-je dire !

Mais moi je m’appelle Bénédicte. Je déteste, vous vous en doutez ! Ça fait banal, ça fait vieux, ça fait… enfin, j’ai toujours exécré ce prénom. Pourtant j’ai fait avec, du moins pendant un certain temps. N’allez pas vous imaginer que j’ai changé de prénom en chemin ! Non, ce serait trop simple. Quel manque d’originalité ! Non, vous dis-je. J’ai eu une autre idée, un autre plan qui allait changer mon destin, qui l’a changé mais pas comme je l’imaginais !

 

            Je devais avoir deux ans. J’étais assise dans un bac à sable et mon seau a rencontré Maryline. Ou plutôt c’est elle qui s’en est emparé. Elle a aussi pris ma pelle et a fait des pâtés, de beaux pâtés, parfaitement moulés, mieux que les miens.

            Nos mamans s’appréciaient et nous nous sommes revues régulièrement. Maryline était gentille et nous sommes devenues comme deux sœurs. Elle partageait ses jouets avec moi, ses goûters avec moi, elle se privait même parfois, juste pour moi. Déjà, elle avait le cœur sur la main.

            Sur les bancs de l’école – enfin, il s’agit de chaises maintenant – nous étions assises à côté l’une de l’autre. Toujours ensemble aux récréations, mêmes jeux, mêmes copains mais pour célébrer les anniversaires c’était elle qu’on invitait la première. Moi aussi j’avais droit à mon carton mais parce que j’étais la meilleure amie de Maryline. Pas parce que j’étais moi.

            Au lycée rien n’a pas changé, pas plus qu’à la faculté et aujourd’hui, à 30 ans et des poussières ni elle ni moi ne sommes mariées. Pas le temps ! Nous sommes avocates. Je ne vous ferai pas l’offense de vous dire laquelle a le plus brillé à l’examen du barreau !

            Nous n’avons jamais habité très loin l’une de l’autre et quand nous nous donnions rendez-vous, j’arrivais systématiquement la première, juste pour voir approcher sa longue silhouette fendant l’air comme s’il la caressait. Elle avançait d’un pas à la fois assuré et nonchalant, accompagné d’un savant balancement des hanches qui la rendait encore plus désirable. Je l’étais moi aussi mais pas autant.

            Quand nous sortions le soir, ses mini-jupes mettaient en valeur ses jambes interminables, sculptées par la pratique du sport et tous les garçons la dévoraient du regard. Moi aussi, mais moins. Elle m’effaçait, comme si je n’étais qu’une esquisse sur la planche d’un dessinateur de B.D. Une gomme entre ses doigts et mes formes les plus voluptueuses disparaissaient tandis que de l’autre main il accentuait les siennes, à l’excès. Même Lara Croft aurait nourri des complexes à côté de Maryline, Maryline la femme bien réelle, Maryline qui jouait avec dextérité de l’adjectif « parfaite ».

            J’aurais pu être jalouse, vous vous en doutez ! Avouez que j’avais l’embarras du choix quant aux raisons. Eh bien non, cela ne m’a jamais effleurée. Je l’ai toujours trouvée belle, bien plus belle que moi, intelligente, bien plus intelligente que moi, brillante, bien plus brillante que moi jusqu’au moment où, sans me l’expliquer, je me suis sentie meurtrie, déchirée, dépossédée de moi-même.

            J’ai refusé de la voir pendant des jours, des semaines, des mois. Elle ne comprenait pas pourquoi, ni ce qui se passait. Comment lui dire que je souffrais de la voir si parfaite ? Oui, moi aussi je suis belle ! Oui, j’ai un QI au-dessus de la moyenne ! Non, je n’ai pas à me plaindre. Et pourtant ! Je suffoquais sous sa supériorité, sous sa beauté, sous elle.

            Alors comme on prend un train, un avion pour disparaître, pour tourner une page qui est restée trop longtemps figée, je me suis engouffrée dans une brèche et quelle brèche ! Un abîme insondable, l’antre d’un univers dont on peut ne jamais revenir.

*

            — Maryline, c’est Bénédicte !

            — Bénédicte ! Qu’est-ce qui t’est arrivé ?

            — Rien. On peut se voir ?

            — Évidemment. Mais avant promets-moi que tu ne me referas jamais une peur pareille. Je me suis fait un sang d’encre !

— J’avais simplement besoin de couper, de faire le point mais je vais bien !

            — Bon, tant mieux. Ce serait bien qu’on se voie pour en parler. Dis-moi où et quand, je m’arrangerai. Je suis tellement contente de t’avoir au téléphone !

            — Dans une heure si tu veux, rue de la Longe, au café Fred. J’ai quelque chose d’important à te dire.

            — J’y serai. À tout à l’heure. Bisous.

            Bien sûr j’arrive avant elle. Elle approche. Elle est vêtue d’un jean et d’un tee-shirt banal et pourtant elle ressemble à un top-modèle en plus charnel. Encore une fois, elle rayonne. Moi, je porte un petit tailleur cintré de la marque Chanel qui, c’est vrai, me met en valeur. Enfin, ce serait le cas si elle n’était pas à mes côtés.

            Elle se penche vers moi pour m’embrasser et aussitôt elle capte tous les regards. À cet instant précis, je n’existe plus, je disparais. Un garçon prend la commande. La sienne d’abord, la mienne après et dès qu’il s’éloigne elle me dit :

            — Si tu savais ! Comme tu ne répondais plus, je me suis fait plein de scénarios.

            Elle croise, décroise ses jambes, passe sa main dans ses longs cheveux ondulés. Je me demande si elle n’est pas encore plus belle que la dernière fois. Je lui dis qu’on parlera plus tard de mon absence, que j’ai quelque chose d’important à lui demander. Elle n’insiste pas, me regarde droit dans les yeux et ajoute :

            — Pas de problème !

            — Ce que j’ai à te dire est particulier, tu sais !

            Elle fronce les sourcils mais même cette expression la sublime. Je me lance. Je dois le lui demander, je suis venue pour ça.

            — Si tu pouvais devenir moi et que moi je pouvais prendre ta place, tu accepterais ?

            Elle sourit, amusée. Elle ne s’attendait probablement à ce que je lui dise cela.

            — Oui, on est toutes les deux avocates même si tu gagnes un peu moins que moi, ironise-t-elle.

            — Je ne parle pas de ça ! Si je pouvais me glisser dans ta peau, vivre ta vie, être toi tandis que tu vivrais la mienne…

            — Ah, je comprends. Mais c’est impossible !

            Elle rit, à la fois sincère et perplexe. J’insiste.

            — Machiavel a dit : « Rien n’est impossible à qui veut fermement. » Alors, tu accepterais ?

            — Machiavel c’était en 1515 et ceci ne peut pas arriver. En plus, je ne vois pas pourquoi tu voudrais changer ta vie pour la mienne ! On sait ce que l’on perd mais pas toujours ce que l’on gagne ! Je trouve que tu es bizarre.

            — Drôle d’idée ou pas, c’est oui ou c’est non ?

            Elle réfléchit et finit par dire :

            — Oui, pourquoi pas mais je ne suis pas sûre que tu gagnerais au change.

            Le garçon dépose son verre de whisky sur la table, devant elle, avec un biscuit, un carré de chocolat noir à 90 % et une petite serviette. Il laisse pour moi une vodka orange, sans rien d’autre. Je crois qu’il a oublié l’accompagnement. Ah si, il me tend quelque chose : la note. Je ne dis rien. J’ai l’habitude.

            Maryline ne s’est pas aperçue de la joie qui s’est emparée de moi quand elle a dit oui. J’ai vaguement souri, j’ai prié intérieurement mais elle ne peut pas le savoir. Lorsque nous nous sommes quittées, elle a ajouté :

            — Et ce serait pour toujours bien sûr !

            C’est curieux qu’elle en ait reparlé ! Elle m’a embrassée avec la promesse de me revoir très vite puis elle a disparu dans son coupé bleu avant de tourner à l’angle de la rue en faisant légèrement crisser ses pneus sur le bitume.

            Je repense à tout ça : et si c’était possible ! C’est ridicule, inutile de me torturer. Je sors un billet que je pose sur la table, je me lève et je pars sans attendre la monnaie.

            Je cherche ma voiture des yeux. Elle n’est nulle part. Pourtant je suis certaine de m’être garée devant cet hôtel dont l’enseigne abimée clignote. Je me rappelle aussi l’employé qui fumait sur le pas de la porte, enfin je crois. Ou alors c’était ailleurs. Mon esprit se brouille, ma tête tourne, je crois que je vais tomber, je chancelle et je finis par m’effondrer sur le trottoir.

 

La suite de cette nouvelle à suspense très bientôt. En attendant je vous prépare aussi quelques résumés des nombreux livres que j’ai lu et certains étaient passionnants. 

N’hésitez pas non plus à partager cet article et ce site et à lire mes romans déjà publiés (voir en page d’accueil) car le prochain, LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS ARRIVE très bientôt. Si vous êtes abonnés à ce site vous en serez informés. Avant sa sortie, je vous glisserai les premières pages, celles du premier chapitre, qui ne manqueront pas de vous intéresser. 

Merci de votre fidélité.

PASSEZ UN TRES BEL ETE.

AUDREY DEGAL

 


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J’ai lu « Purgatoire des innocents »

J’ai terminé ce roman de Karine Giebel depuis quelques mois déjà et je saute aujourd’hui sur mon clavier pour vous en parler. 

C’est un livre très noir qui porte par conséquent fort bien son titre. 

Il m’a intriguée au début. L’histoire : Raphaël, un braqueur, son jeune frère William et 2 complices se réfugient chez Sandra, une jeune femme vétérinaire car l’un d’eux est grièvement blessé. Leur plan a mal tourné. Toutefois, et c’est là que je trouve l’écrivain très imaginative et brillante, la « belle » Sandra est étrange, presque inquiétante. Prise en otage, malmenée, elle craque parfois mais se reprend et ne semble pas vraiment avoir peur ou craindre les intrus qui ont envahi sa vie. Elle est mariée, à un gendarme, dit-elle, qui devrait rentrer d’un jour à l’autre. Cela n’arrange pas les voleurs, vous vous en doutez. Et ce qui devait arriver arrive : le mari rentre, peu troublé pas ces étrangers chez lui. Que cache-t-il ? Personnellement j’ai immédiatement su quel était son secret. L’intérêt de l’histoire ne réside pas là mais plutôt dans la façon dont les 4 braqueurs, qui ne sont plus que 3 d’ailleurs, et le couple vont se comporter. Quand des êtres malsains en côtoient d’autres, comment cela peut-il s’achever ? Eh bien lisez car c’est intéressant et bien tourné. Le lecteur se prend finalement de sympathie pour Raphaël et William, des bandits. Pourquoi ? La réponse se trouve entre les lignes. 

Cependant, une histoire parallèle se développe, qui intéresse probablement beaucoup de lecteurs friands de choses terribles mais j’avoue que personnellement j’ai du mal avec les récits de torture et de pédophilie. Du coup, j’ai laissé tombé le livre  quelques semaines, car cela me retournait. Le suspense reste toutefois là et l’intrigue est palpitante jusqu’au bout. Oui, Karine Giebel conçoit des récits extraordinaires mais il faut aimer lire des récits dérangeants, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Donc vous êtes prévenus : Récit palpitant : oui. Intrigue intéressante : oui. dénouement apprécié : oui. je vous recommande cette lecture . MAIS : âmes sensibles s’abstenir ! 

Prochainement un autre résumé d’un roman que je viens de finir en attendant la sortie du mien LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS qui vous passionnera, j’en suis sûre ! Et pour ceux qui ne l’ont pas lu, procurez-vous mon roman policier LA MURAILLE DES ÂMES, au suspense inouï garanti.

 

Merci pour votre fidélité

AUDREY DEGAL


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LA DEMOISELLE INACHEVEE, 1ère partie

La Demoiselle inachevée

— Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire Mathilde, joyeux anniversaire !

Dès les dernières notes fredonnées, elle avait soufflé les bougies érigées comme des tourelles sur un château de la Renaissance. Les trente flèches dressées fièrement vers le plafond de la salle louée pour l’occasion s’étaient éteintes au même moment et on avait rallumé les lumières pour apporter les cadeaux.

Mathilde souriait. Elle ne s’attendait pas à tant d’attention de la part de ses amis surtout depuis… Non ! Elle refusait d’y penser. C’était un jour de joie à savourer auprès de ceux qui la chérissaient.

Devant elle, des montagnes de paquets colorés, des grands, des petits. Elle s’en approcha et releva les pans de sa robe de cocktail pour mieux avancer. Le sol était glissant, ses talons trop hauts et elle avait l’impression de marcher sur des œufs.

— Je ne sais par lequel commencer, lança-t-elle tandis que tous les regards se braquaient sur sa personne.

— Prends n’importe lequel ! suggéra Noé.

La jeune femme en souleva un dans ses mains. Il paraissait léger. Elle en soupesa un second. Il aurait rivalisé avec une plume. Elle se fraya un passage parmi les paquets empilés pour en attraper un autre, bien plus gros. Son poids était infime.

— À quoi est-ce que vous jouez ? Je parie qu’il y a anguille sous roche !

— Et tu vas nous la cuisiner ! renchérit Denis selon son habitude.

Mathilde se doutait que cette mise en scène cachait un stratagème élaboré. Elle soupesa encore quelques paquets. Ils paraissaient tout aussi vides. Doucement, elle se mit à les écarter et, au bout de quelques minutes, elle repéra une minuscule boîte qui attendait, docilement, sous une cloche transparente. Elle s’en empara cérémonieusement comme d’un objet mystique. Elle l’ouvrit et sortit un papier plié, déposé dans un écrin de velours bordeaux. Elle le déplia et lut :

« Mathilde Delacour, à ce jour, vous êtes l’heureuse propriétaire de l’annexe située 12 place de la République où vous pourrez ouvrir votre pâtisserie chocolaterie ».

Émue aux larmes, elle faillit vaciller mais se surprit à sourire à ceux qui l’entouraient et qui lui offraient ce local.

— Le gâteau ! réclamèrent les convives à l’unisson.

 Mathilde remercia ses amis puis, d’un revers de la main, elle essuya les perles d’eau salée qui glissaient le long de ses joues. Elle prit le couteau et la pelle qu’on lui tendait et découpa précautionneusement la pièce montée.

 Elle avait toujours été d’une gourmandise absolue et tout en s’interrogeant à propos des cadeaux, elle n’avait pu s’empêcher de dévorer des yeux ce dessert qui l’attendait. Ses proches l’avaient choisi en fonction de son goût immodéré pour le chocolat, la ganache, les macarons, les calissons et le nougat. Ils voulaient la combler. Elle en avait besoin. Tous le savaient. Elle avait servi les autres et s’était servie, resservie, copieusement, trop peut-être. Il était cinq heures du matin quand Noé la raccompagna chez elle, dans sa grande maison vide.

— Des projets pour demain ? lui demanda-t-il.

— Pour l’instant, prendre un bon bain et dormir. Le reste, je verrai après.

 La voiture de sport l’abandonna sur le perron, fit demi-tour sur le gravier de la cour intérieure et disparut dans la nuit.

 Dix minutes plus tard, Mathilde se posta devant sa chaîne hi-fi pour la programmer. Si elle appréciait à l’excès la bonne chair, la jeune femme était aussi friande de musique. Des mélodies classiques en passant par le rock, elle aimait tout. Il était impensable pour elle d’entendre un air sans se le procurer aussitôt. Elle ne comptait plus ses soirées passées dans les auditoriums à se délecter des plus célèbres symphonies ni celles consacrées à scruter la toile pour dénicher le dernier concert des groupes qu’elle adorait. De Rome en Italie en passant par Reykjavik en Islande, Oslo en Norvège ou encore Los Angeles aux États-Unis, elle voulait s’imprégner, jusque dans ses gênes, de ces ambiances dont elle raffolait, de ces notes suaves, revigorantes et exceptionnelles qui flattaient son esprit autant que le chocolat son palais. Dans la vie, Mathilde se régalait de tout !

 Et cela se voyait. Elle avait fait installer son jacuzzi dans une pièce totalement dédiée à la détente. Sur les murs, des miroirs, témoins muets, lui donnaient l’impression qu’elle était entourée du monde qui lui manquait. Mais ce n’était pas le seul message silencieux qu’ils délivraient. Incapables de mentir, lorsqu’elle s’y reflétait, ils lui assénaient toujours le même leitmotiv : « gourmande que tu es ! Tu as encore grossi ! ».

 Ce soir-là, plus encore que les autres, ces surfaces froides et insensibles ne cessaient de lui répéter qu’elle avait trop profité de ce copieux repas comme des précédents. Ses joues chantaient sa gourmandise. Ses épaules moelleuses racontaient la richesse des entrées qu’elle avait appréciées. Sa taille lui répétait que la sauce forestière qui accompagnait la viande était une réussite tandis que ses hanches, pourvues de poignées d’amour inutilisées, fredonnaient une litanie faite de magrets de canards, de pommes de terre rissolées et de délicates bouchées au foie gras. Enfin, ses cuisses rondes grignotées par des îlots de cellulite étaient à elles seules un hommage aux métiers de bouche, à leur savoir-faire inépuisable et à leurs secrets.

 Mathilde prit un des objets qui reposait, parmi d’autres, sur les rebords du SPA et le lança violemment en direction des miroirs. Plusieurs se brisèrent, démultipliant désormais au sol sa silhouette qui s’y reflétait désespérément.

 — Je vous hais ! lança Mathilde.

 Je me hais ! pensa-t-elle, le regard mauvais.

Qu’y pouvait-elle ? À la tête de la plus prestigieuse table de la ville, elle se donnait corps et âme à ce qui se mangeait. Et ce soir-là, ses proches venaient de lui offrir une extension de son activité.

Elle avait menti en prétendant qu’elle ne pouvait se l’offrir, prétextant qu’il lui manquait toujours quelques deniers, qu’elle avait fait de mauvais placements en bourse… En fait, elle tentait de résister. Et voilà que ceux qui l’avaient toujours soutenue, lui apportaient sur un plateau l’annexe tant espérée, l’annexe tant redoutée. Ils avaient probablement emprunté pour elle. Ils voulaient la combler, lui permettre d’oublier, lui ouvrir de nouvelles perspectives…

  Plongée dans le bain chaud, dont les bulles masquaient son corps, elle s’imaginait concoctant ses plus prodigieux entremets : son 2000-feuilles souvent copié, jamais égalé, son Absolu citron meringué qui lui avait permis d’être remarquée, sa Banquise au caramel et beurre salé qui l’avait consacrée… Pour réussir, pour innover, pour créer il lui fallait impérativement être gourmande. Et elle l’était. Seul un « hélas » était venu s’ajouter, lancinant, impoli, agressif mais tu par nécessité.

 Un lit immense l’accueillit finalement au petit matin. Elle s’y réfugia, enveloppée dans son peignoir encore humide qu’elle avait refusé de quitter. Le visage poupin immergé dans son oreiller de soie, elle avait pleuré avant de sombrer dans des rêves sombres et peut-être prémonitoires. Elle se voyait à la tête de sa nouvelle enseigne « Mathilde Delacour, pâtissier-chocolatier », rivalisant avec les plus grands : Fauchon, Peltier ou Larher. En devanture, une queue sans fin de gourmands, jamais rassasiés, tenait davantage du boa constrictor. Le serpent, crocs sortis, voulait l’avaler. Puis cette vision cauchemardesque déboucha sur une nouvelle, encore plus angoissante. Les clients, qui entraient dans sa pâtisserie, étaient des gloutons qui se goinfraient de façon anarchique et n’appréciaient rien. Comme ils souffraient d’agueusie, ils saccageaient sa boutique et avant de partir, ils l’obligeaient à finir leurs restes. Aucune trace de leur passage ne devait subsister. Elle se mettait ensuite à grossir et à gonfler à tel point qu’elle était obligée de sortir. Une fois dehors, elle s’envolait, comme un ballon de baudruche rempli d’hélium et finissait par éclater.

Elle se réveilla en sueur, persuadée que ces songes étaient des présages et qu’ils contenaient implicitement des conseils avisés : elle devait maîtriser sa gourmandise ! Facile à dire mais difficile à appliquer !

A suivre…

Merci pour votre fidélité. 

Vous trouverez en page d’accueil toutes les références de mes livres que vous pouvez vous procurer en ebook ou en livre papier. 

Audrey Degal


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VERTIGE, Franck Thilliez

Chers lecteurs,

Comme je le fais souvent et parce que les écrivains sont très souvent des lecteurs assidus, j’ai lu pour moi et donc pour vous VERTIGE de F. Thilliez.

En fait j’ai découvert cet auteur à cette occasion et ce qui a fait que je me suis tournée vers lui, c’est l’engouement que manifestaient certains lecteurs devant son oeuvre. J’ai donc acheté VERTIGE et d’autres titres puisqu’en général je parcours toutes les oeuvres d’un auteur afin de me faire une idée plus précise sur ses écrits.

J’avoue avoir été happée par l’incipit du livre ( je l’étais déjà par la 4ème de couverture) et je savais à quoi m’attendre.

Des hommes se retrouvent enfermés dans une grotte gelée pour une raison qu’ils ignorent. Ils se réveillent l’un après l’autre et s’interrogent sur leur conditions de détention car ils sont prisonniers. Aucun d’eux ne sait qui les a conduits là ni pourquoi. Apparemment, ils n’ont aucun lien. Auprès d’eux, une tente, deux paires de chaussures et de chaussettes, deux couvertures… Quand on est 3 cela pose bien évidemment problème et le partage s’impose tandis que la lutte contre soi-même, face à l’intensité du froid, les pousserait plutôt vers l’égoïsme et la préservation. Un chien est également présent, compagnon d’un des détenus. Un réchaud, une flamme, quelques provisions  mais ils comprennent très vite qu’ils ne tiendront pas longtemps ainsi. La violence s’impose à eux comme moyen de survivre, la compassion aussi parfois.

Les 3 individus ne sont pas soumis au même sort. L’un est attaché à une chaîne par la cheville, l’autre par le poignet et le troisième est libre mais porteur d’un masque de fer  et d’un système susceptible d’exploser s’il décidait de s’éloigner de la grotte. Dès lors, il s’agit pour eux de survivre !

Une inscription les interpelle aussi : « Qui sera le menteur ? Qui sera le voleur ? Qui sera le tueur ? » Mystère et suspense sont présents qui poussent à lire la suite.

Petit à petit, on en sait plus sur eux : qui ils sont dans la « vraie » vie, quelles étaient leurs passions, quels problèmes ils rencontraient ? Certains cachent aux autres la vérité et le lecteur comprend inéluctablement qu’ils ne sont pas ici ensemble par hasard, qu’ils ont quelque chose en commun et le chien n’y est pas étranger.

Je ne veux pas vous gâcher la lecture de ce livre, aussi je n’en dirais pas plus si ce n’est que :

  • j’ai rapidement compris, trop vite à mon goût, qui était sous ce stratagème et la fin m’a démontré que j’avais vu juste. Je suis donc un peu déçue surtout quand je vois que certains éditeurs recalent des livres pour ce même motif. J’avoue que je ne comprends pas  mais tant mieux si le succès était au rendez-vous pour l’auteur;
  • le livre est prenant, c’est vrai, à cause de l’intrigue et des nombreux rebondissements qui jalonnent le livre. Mais… je m’en suis lassée avec un sentiment que l’intrigue traînait ;
  • J’ai donc posé le livre plusieurs semaines avant de me décider à le terminer ;
  • La violence, parfois gratuite, voire la torture évoquée m’a dérangée. Je trouve en effet facile de faire trembler le lecteur avec l’hémoglobine, plus difficile de piquer sa curiosité par la seule intrigue. Mais c’est la griffe de cet auteur. Certains apprécient, je n’ai pas à juger. Par contre je me suis sentie mal à l’aise tandis que l’histoire piétinait.
  • La fin m’a déçue, je vous l’ai dit, je m’y attendais et puis je l’ai trouvé bâclée. Une sorte de « il fallait terminer le livre » et qu’importe si la banalité est évoquée. Je me répète, si le livre vous plaît ou vous a plu, tant mieux, je ne donne que mon avis.

Par conséquent, à vous de voir si vous voulez lire VERTIGE. Mais en ce qui me concerne, je m’arrêterai là pour les oeuvres de THilliez. Toutefois, je le répète, vous pouvez très bien trouver votre bonheur à la lecture de ce livre. Tout dépend ce que vous cherchez.

Bonne lecture,

Lisez en page d’accueil les résumés de mes livres et laissez-vous séduire § Enfin je vous prépare une nouvelle histoire courte qui sera bientôt publiée.

Audrey Degal qui vous remercie de votre fidélité.


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La série : VIKINGS

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Quelle série extraordinaire, pour ceux qui ne craignent pas la violence car, s’agissant du peuple Viking, il ne saurait en être autrement !

Cette série, dont je n’ai vu que deux saisons, pour l’instant, est addictive et belle. Entre conquêtes, navigation, défis lancés à la mer, croyance en des dieux absents, sacrifices, chrétienté, combats, amour, trahison, fratrie, loyauté, crainte, péril, horreur… Tout y est.

Les personnages sont attachants ou haïssables. Ragnar, le héros historique, plus intelligent qu’il n’y paraît au début de la saison, s’avère être un conquérant hors normes, doté d’un raisonnement fin. Comme il a véritablement existé vous en saurez un peu plus sur les Vikings même si la version télévisée est probablement très romancée. Oui, si la série s’écarte quelque peu de l’Histoire, elle la visite souvent et en respecte bien des aspects ce qui, à mon sens, la rend encore plus intéressante. Je me suis intéressée à divers documentaires au sujet de ce peuple et des chercheurs se sont  penchés sur leurs façons de vivre, de conquérir… Force est de constater que la série puise largement dans la réalité, ajoutant ici ou là des personnages, notamment féminins dont je doute qu’ils aient existé mais qui pimentent bien l’intrigue par rapport à nos exigences contemporaines. 

Cependant, si vous craignez le sang, passez votre chemin ! Les Vikings ont bâti leur monde sur la force et la cruauté. On ne peut, malgré tout, que les admirer car ils s’appliquent à eux-mêmes tout ce qu’ils prônent et on en reste souvent bouche bée. « Ils jouent au jeu difficile des hommes » (on retrouve cette expression chez Anouilh, dans Antigone, quand Oreste tente de convaincre Antigone d’abandonner ce pour quoi elle lutte)  qui luttent pour exister, jeu difficile qui a parcouru nombre de nos tragédies classiques, jeu qui se nourrit aussi de contemporanéité. 

Il me tarde de découvrir les saisons suivantes et je ne manquerai pas de vous faire part de mon expérience afin de vous éclairer quant à l’évolution des personnages et à leur insatiable esprit de conquête. 

Je publierai bientôt la fin de « Paroles de pierres » ainsi qu’une critique sur une autre série : Le trône de fer, autrement dit« Game of thrones ». Tout un programme !

Pensez que LA MURAILLE DES ÂMES, mon 3ème roman (un thriller policier) est actuellement disponible dans toutes les librairies et que l’histoire est aussi passionnante que celle des Vikings ou d’autres livres. Merci pour vos lectures sur ce site, merci d’être les acteurs de mon succès d’auteur. Vous êtes bientôt 600 abonnés, fidèles à mes rendez-vous de lecture et lecteurs de mes livres. Je vous souhaite une belle journée. 

Audrey Degal.


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PAROLES DE PIERRES

PAROLES DE PIERRES

        Je rappelle enfin la sortie de mon dernier roman, un thriller policier, LA MURAILLE DES ÂMES, Audrey Degal, que vous pouvez vous procurer partout, même à l’étanger ou en cliquant ici :                                                                                                                                Pour commander « La Muraille des âmes » CLIQUEZ ICI

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   « Tous les silences ne font pas le même bruit », Baptiste Beaulieu.

           

          Il était tôt, ce matin-là, quand un camion de chantier s’arrêta sur le parking de la toute nouvelle piscine implantée sur la ville de Brignais. Il s’agissait du centre aquatique intercommunal concernant aussi les villes de Chaponost, Millery, Montagny et Vourles, baptisé « Aquagaron ». Il avait pour vocation de créer un espace de détente privilégié.

          Ce serait un espace de détente mais pas au sens où la population l’entendait, pas au sens premier du mot, pas au sens de la quiétude. Le centre aquatique allait se révéler dans une dimension que nul n’aurait jamais imaginée.

          Deux ouvriers descendirent du véhicule et l’un d’eux commença à décharger des matériaux : sacs de ciment, parpaings, truelles… L’autre se dirigea vers le bâtiment moderne récemment inauguré mais déjà en activité. Une fois à l’intérieur, il héla un employé qui se trouvait là.

            — Bonjour ! Nous venons pour les travaux au niveau des vestiaires.

            — Bonjour ! On m’avait prévenu de votre arrivée

            — Très bien. Je vais aider mon collègue à approcher le diable. C’est assez lourd !

            — Le diable dites-vous ?

            Le visage de l’employé venait de se liquéfier.

            — Oui, le diable, répéta l’ouvrier surpris de la réaction de son interlocuteur. Enfin le diable, ce chariot à deux roues qui sert à tout, notamment à transporter les chargements très lourds sans se casser le dos. Le diable. Vous comprenez ?

            — Oui, oui, je comprends, répondit le néophyte remis de sa frayeur. Allez-y ! Je vous attends.

            L’ouvrier s’amusa intérieurement de sa réaction excessive. D’autant que l’homme parut rester absorbé dans ses réflexions.

            Il sortit finalement et fit signe au jeune homme d’avancer mais ce dernier ne bougeait pas. Il s’était assis sur le repose pied du camion. Il attendait.

            — Qu’est-ce que fait ? Tu n’as pas vu que je t’appelais. Bouge-toi ! On a du boulot !

            — Je te rappelle que je ne devais pas être là aujourd’hui. Je ne fais que remplacer Manu.

            — Je sais mais tu ne crois pas que je vais faire le travail tout seul. Remplacer Manu signifie que tu dois m’aider. Lève-toi !

            L’autre paraissait embarrassé. Il ne bougeait pas, les coudes sur les genoux, la tête baissée comme une élève puni, pris sur le fait.

            — Bonté Loris, l’heure tourne et on a d’autres chantiers. Tire le diable, je vais t’aider, fit-il repensant toujours à l’attitude surprenante de l’employé.

            — Apparemment tu n’es pas au courant !

            — Mais de quoi tu parles ?

            Le jeune homme leva les yeux vers lui et, le regard inquiet il ajouta :

            — Tu ne sais pas !

            — Je ne sais qu’une chose : tu m’énerves ! Nous devrions déjà être en train de travailler !

            — Tu n’as pas entendu parler des…

            L’employé de mairie qui s’impatientait venait de sortir du bâtiment. Il interrompit leur conversation.

            — Messieurs !

            Deux visages se tournèrent aussitôt vers lui. Alfred bascula le diable sur ses puissantes roues et commença à le pousser. Il jeta un œil noir à Loris qui comprit qu’il n’avait pas le choix. Il se redressa pour aider son collègue, contraint et forcé.

            Un instant plus tard, le réceptionniste invita les deux ouvriers à le suivre. Ils laissèrent les matériaux devant une rampe d’accès extérieure. Ils reviendraient les chercher plus tard.

            Par la grande baie vitrée qui donnait sur les bassins, les deux visiteurs purent admirer le complexe sportif. Ils étaient fascinés par l’endroit, presque envoûtés. Il était lumineux, végétalisé et particulièrement agréable. L’infrastructure était une réussite. Les eaux bleues, qui capturaient par endroits la lumière du ciel, étaient une invitation au bien-être.

          Mais pour les deux compères, la semaine de travail commençait à peine. Elle serait longue et particulièrement laborieuse.

          Ils quittèrent donc le hall d’entrée. Leur hôte les guida à l’étage inférieur, jusque devant une série de portes. Plusieurs vestiaires collectifs réservés aux clubs de natation et aux élèves des établissements scolaires environnants se succédaient. Pour les distinguer on avait octroyé à chacun des couleurs différentes, jaune, vert, bleu, qui correspondaient aux tons du totem de la ville.

            — Voilà, nous y sommes ! Quelque chose ne va pas ? ajouta-t-il remarquant que l’un d’eux semblait soucieux.

            — Non, s’empressa de rétorquer Alfred. Quelle est la porte concernée ? Ah, il nous faudra aussi une arrivée d’eau.

            — Ce n’est pas ce qui manque, ironisa l’employé, mais je vais vous indiquer un point où vous pourrez vous brancher. Tenez, regardez ! Vous voyez là-bas, derrière le poteau orange ? Eh bien vous trouverez un robinet.

            Loris, légèrement en retrait, se contentait d’écouter.

            — Je vous laisse à présent ! Appelez-moi dès que ce sera fini.

            Leur guide tourna les talons et commença à s’éloigner.

            — Attendez, vous êtes bien pressé ! Et pour la porte ? demanda Alfred.

            L’autre s’arrêta immédiatement, sans songer un instant à revenir sur ses pas. Il semblait à nouveau inquiet et sur le point de prendre la fuite. De loin, il se décida enfin à répondre :

          — La porte, oui, bien sûr ! Il s’agit de celle qui porte le numéro 7.

            Il la désigna du doigt, sans oser s’avancer.

            — On peut entrer pour voir ?

            — Voir quoi ? se durcit-il soudain. Il n’y a rien à voir.

            — Ne vous fâchez pas monsieur. C’est juste qu’avant de commencer les travaux, nous devons tout de même vérifier la stabilité de l’encadrement, du support et nous avons besoin d’accéder aux deux côtés de la cloison.

            — Oui, bien sûr, répondit l’employé toujours à bonne distance..

          — Et puis il ne faudrait pas emmurer quelqu’un là-dedans ! plaisanta Alfred afin de détendre l’atmosphère.

          À sa mine, l’ouvrier comprit que le réceptionniste n’avait pas apprécié sa remarque. L’homme croisa les bras, tapota du pied le sol carrelé et dit :

          — Est-ce que ce sera tout ? Parce que j’ai du travail moi ! Je dois remonter à l’accueil.

Sa réponse cinglante clôtura le débat.

          — Dans deux heures le mur sera terminé, affirma Alfred.

            — Bon ! À tout à l’heure !

            Il fit demi-tour, pressé de remonter. Mais arrivé au bas des marches d’escaliers, il comprit qu’il n’en avait pas fini avec les deux ouvriers.

            — Avant de vous sauver, pourriez-vous ouvrir la porte s’il vous plaît ? Elle est fermée à clé.

            L’employé de la municipalité s’immobilisa pour la seconde fois, visiblement très agacé. Il sortit un trousseau de la poche de son pantalon, passa en revue plusieurs sésames, sortit la clé concernée de l’anneau qui la retenait. Elle portait le numéro 7.

            — Vous n’avez qu’à venir la chercher. Je la laisse là, déclara-t-il avant de gravir les quelques marches à la hâte et de disparaître.

            Alfred ne comprenait pas pourquoi son interlocuteur n’avait pas rebroussé chemin pour la leur donner. La clé les attendait sur un petit rebord. Elle brillait légèrement.

            — Quel drôle d’hurluberlu ce gars ! Allez zou, va la chercher !

            Loris obtempéra et, les mains dans les poches, il revint quelques secondes après avec l’objet.

            — Ouvre !

            — Pourquoi moi ? intervint le jeune homme.

            — Écoute mon p’tit gars. On a déjà perdu suffisamment de temps alors ou tu ouvres cette porte ou je signale au patron ton refus de travailler. Choisis !

          Loris regarda la clé qui dormait dans le creux de sa main. Il fixa le petit panneau collé au beau milieu de la porte : vestiaire 7. Il considéra longuement Alfred qui s’imagina un instant qu’il allait lui dire : « C’est toi qui l’auras voulu ! ». Il inséra avec la plus grande délicatesse la clé dans la serrure et, presque solennellement, il la tourna, les yeux rivés sur chaque geste qu’il faisait.

          — Allons, dépêche-toi ! On n’a pas que ça à faire !

          Lorsqu’il entendit le petit « clic » Loris lâcha la clé et recula précipitamment de plusieurs pas sous les yeux ébahis de son collègue.

            — Voilà, c’est fait ! dit-il, en s’écartant davantage, comme si une bête sauvage allait surgir de la pièce.

            Dans son for intérieur, Loris aurait voulu détaler mais toute fuite était impossible. Alfred n’avait pas la moindre idée de la peur qu’il ressentait.

La suite de cette histoire, sous peu. 

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  • Je rappelle enfin la sortie de mon dernier roman, un thriller policier, LA MURAILLE DES ÂMES, que vous pouvez vous procurer partout, même à l’étanger ou en cliquant ici :                                                                                                                                Pour commander « La Muraille des âmes » CLIQUEZ ICI
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Bonne lecture à toutes et à tous et à très bientôt !

Audrey Degal

 


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LA GRANDE MURAILLE

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Film à grand spectacle, LA GRANDE MURAILLE, avec en acteur vedette Matt Damon, avait bien des promesses à tenir.

Alors je dirais aujourd’hui, pour l’avoir vu : promesses partiellement tenues.

L’histoire :

Deux hommes sont poursuivis dans une contrée désertique chinoise et arrivent subitement au pied d’une gigantesque muraille. Ils n’ont pas le choix et y entrent. Là, on voudrait les exécuter mais l’un d’entre eux a un objet qui intrigue les résidents de la muraille (car la muraille n’est pas un mur mais un lieu d’habitation pour les soldats). La nuit précédente, il a été attaqué par une créature étrange à laquelle il a coupé une patte. On comprend dès lors que l’objectif auquel répond cette Muraille est la protection contre les attaques des ennemis et notamment de créatures effrayantes. Lors du premier assaut de celles-ci, le héros, Matt Damon, parvient à se délivrer et, au lieu de fuir, il prête main forte aux Chinois engagés dans une lutte terrible et sans merci. La femme qui commande le bataillon de cette partie de la muraille, apprécie son art du combat. De son côté, lui est ébloui par les techniques de défense qui sont déployées et surtout par la « poudre noire » qu’il est venue chercher en Chine. Tandis que son compagnon cherche par tous les moyens à voler cette poudre et à quitter la Muraille, le héros est tiraillé entre deux pôles : cette poudre explosive et la bataille. Finalement, il choisit de rester. Grandeur d’âme du personnage principal oblige. 

Comme d’habitude, je ne vous dévoilerai pas la fin pour ne pas vous priver de l’intérêt du film. 

J’ai particulièrement aimé la Muraille (mon dernier roman LA MURAILLE DES ÂMES déroule son action là-bas mais en un autre temps, au XXe siècle. J’avais donc un regard particulier envers ce film). Ainsi filmée, elle est grandiose et spectaculaire. Spectaculaires aussi sont les attaques et plus particulièrement le système de défense chinois. Fort bien imaginé ! 

L’intrigue quant à elle est banale mais le film se laisse voir. 

La fin m’a en revanche déçue. Non qu’elle soit inintéressante mais je l’ai trouvée facile. Pour ne pas trop vous en révéler, je dirais simplement que se débarrasser de l’élément principal pour que tout cesse, j’aurais aimé quelque chose de plus déroutant, de moins convenu. Cela résonne comme du déjà vu.

En conclusion, l’intérêt de ce film réside dans ses images, dans cette muraille impressionnante, et de ce côté on ne peut pas être déçu. C’est grandiose, les images sont parfaites. 

Ce film a déjà quitté les écrans de certaines salles, mais vous pourrez le voir en DVD. Privilégiez dans ce cas un grand écran. 

*******

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Vous aimez lire, procurez-vous mes livres et notamment le dernier, un thriller policier de 384 pages, « LA MURAILLE DES ÂMES ». En librairie, même à l’étranger, donnez le titre, mon nom d’auteur, AUDREY DEGAL, éditions BoD, pour le commander en livre papier. Il est également disponible en ebook. à prix cassé pendant 4 semaines seulement. Résumé et extrait en page d’accueil du site.

 

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Merci, bonne lecture et bon films,

Le prochain article sera une nouvelle histoire. Un peu de patience !

Audrey Degal.


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Quelle belle journée !

Quelle belle journée !

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            Le jour n’est pas encore levé mais le réveil de Claire sonne. Il est l’heure.

            Contrairement à d’habitude, elle ne se sent pas agressée. Une douce lumière a progressivement gagné en intensité et elle inonde maintenant la chambre, lui permettant de se réveiller en douceur. Un gazouillement d’oiseaux prend ensuite le relais. On dirait une journée de printemps. Un long bâillement, quelques étirements et Claire se lève. Elle glisse ses pieds dans ses pantoufles et se lève.

            Une odeur de café chaud et de pain l’attire à la cuisine. La veille, elle a pris son de programmer les appareils, qui se sont déclenchés, comme par magie. Elle n’a plus qu’à s’attabler. Elle a du temps devant elle et pourra même prendre une longue douche et profiter plus longtemps de ce moment.

            Un peu plus tard, elle retourne dans sa chambre pour s’habiller.

            — Je mettrai bien ce jean avec ce chemisier Agnès B. J’ai rarement l’occasion de les mettre !

            Elle dépose ses vêtements sur le lit avant de les enfiler. Elle jette un œil par la fenêtre. Les premiers rayons de soleil pointent. Il fera beau !

            — Tu vois Ragnar, dit-elle au beauceron qui dort encore et dresse juste une oreille en entendant sa maîtresse lui parler. Je crois que je vais aller travailler en moto. Ҫa fait un moment que je ne l’ai pas sortie ! On a rarement de pareilles journées au moi de février. Je dois en profiter !

            Le chien se lève, tourne dans sa caisse, une fois, deux fois, trois fois et se recouche exactement au même endroit. Claire le regarde amusée puis elle se penche au-dessus de lui et le caresse. Le chien semble apprécier.

            Avant de quitter son domicile, elle se regarde dans le miroir et, malgré le blouson et le casque intégral qu’elle porte à la main, elle se trouve plutôt à son avantage. Elle a une allure incomparable, presque racée. Le célèbre félin de son cuir, représentatif de la marque Furygan, qui trône dans son dos, ne la contredit en rien. Elle s’empare de son cartable et d’un lainage, au cas où il ferait frais et elle prend soin de refermer la porte à clé, derrière elle.

            La Kawasaki démarre au quart de tour et quelques minutes après, Claire prend le chemin du lycée, comme tous les jours. La route est dégagée mais quelques kilomètres plus loin, elle rejoint une nationale où les véhicules roulent pare-chocs contre pare-chocs. Elle marque le stop et s’apprête à se faufiler doucement mais un automobiliste s’arrête et lui fait signe de s’infiltrer dans le flot de circulation. Claire le remercie d’un signe de la main et passe devant lui. Elle parcourt 300 mètres et tourne à droite, pour emprunter un itinéraire parallèle plus dégagé. Un quart d’heure plus tard, elle arrive devant son établissement.

Quand elle arrive au travail en moto, elle déteste béquiller devant la barrière afin de l’ouvrir. Ce jour-là, par chance, un collègue l’a précédé et elle peut entrer dans s’arrêter. Le parking est déjà bondé mais à l’emplacement où se garent les motos il n’y a personne. C’est parfait.

— Bonjour, lance-t-elle en pénétrant en salle des professeurs. Certains lui répondent avec un sourire, d’autres lui renvoient son salut.

Elle prépare les photocopies nécessaires pour assurer ses cours de la matinée et se dirige vers sa classe, au quatrième étage. Des élèves la reconnaissent. Claire est appréciée dans son lycée. Elle échange quelques paroles avec certains de ses anciens élèves, histoire de savoir comment se passe leur scolarité, cette année. Ils aiment discuter avec elle et savent qu’elle se soucie d’eux même si elle ne les a plus en responsabilité.

La matinée se déroule agréablement. Chacun a fait les devoirs qu’elle a demandés et lorsqu’elle interroge quelque uns, elle s’aperçoit que la leçon est sue.

— Je suis agréablement surprise et je vous remercie. Nous allons pouvoir aller plus loin. C’est parfait. De ce fait, je ne vous donne pas de devoirs pour demain mais pensez tout de même à réviser.

— Oui, madame, lancent-ils comme s’ils n’étaient qu’une seule personne.

— Le cours était vraiment intéressant, lui dit Ivan en quittant la salle.

            — Je suis ravie qu’il t’ait plu.

            — Soyez prudente en rentrant, ajoute Marianne. Il faut être prudent en moto madame !

La sonnerie qui marque la fin des cours de la matinée vient de retenir et tous souhaitent à leur professeur une excellente journée. Claire est ravie. Ces jeunes gens sont à la fois intéressés, travailleurs et bienveillants. Que demander de plus ?

*

Il est midi. Claire se rend à la cantine mais elle a oublié d’acheter de nouveaux tickets repas. Elle s’apprête à faire demi-tour, quand elle sent, au fond d’une de ses poches un bout de papier : un ticket de déjeuner.

            — Formidable ! Je l’avais oublié celui-là.

Elle déjeune en compagnie de collègues, gère les formalités administratives qui lui incombent, saisit les notes des évaluations sur un ordinateur libre parmi les 8 autres anciens PC qui se trouvent dans la salle commune. À 14 heures, elle a un rendez-vous avec un parent pour faire le point.

Elle devrait quitter le lycée vers 15 heures. Elle rentrerait ensuite chez elle, jouerait avec le chien et s’installerait à son bureau pour préparer les cours du lendemain et corriger des copies.

Aux alentours de 18 heures, elle irait dans son club de karaté et elle rentrerait le soir, vers 21 heures pour dîner.

— Vraiment, une journée comme celle-ci est une belle journée ! dit-elle en savourant une tasse de thé. Il est 23 heures. Claire va se coucher.

Devra-t-elle attendre le lendemain matin pour vivre des moments aussi agréables ? Pas nécessairement ! Il existe parfois une autre réalité !

*

La fin de cette histoire prochainement.

*

Pensez à partager, à vous abonner, c’est gratuit et à vous procurer mes livres : LE LIEN et DESTINATIONS ETRANGES (voir en page d’accueil). Ils sont disponibles partout, même à l’étranger. Les acheter est aussi une façon de m’inviter à écrire, pour vous, sur ce blog.

Et puis, ça y est, La Muraille des âmes mon thriller policier est en cours de publication. Il sera disponible à l’achat dans quelques semaines, le temps que l’éditeur ait fini son référencement. Bien sûr je vous tiendrai au courant et mettrai, en ligne un résumé, un extrait et la photo de la couverture.

Merci de votre fidélité,

Audrey Degal.

 


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DONNE-MOI LA MAIN, fin

4ème partie (fin)

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Résumé des épisodes précédents : Lola est seule avec ses deux garçons depuis que son mari l’a quittée. Elle finit par rencontrer Gabriel qui se montre doux avec elle et se projette dans l’avenir. Alors qu’ils viennent de s’installer ensemble, il lui révèle la vérité : il est toujours en relation avec une autre femme, il a acheté une maison avec elle et il envisage de laisser Lola pour retourner à ses côtés. Lola s’en relèvera-t-elle ?

*

— Maman, c’est Lola.

Dans sa voix, on sent tout le poids des derniers jours passés à espérer.

— Maman, c’est fini, on se sépare, il retourne avec l’autre. Il va vivre avec elle, il veut avoir des enfants… Maman, c’est horrible ! Pourquoi est-ce qu’il m’a fait ça ? Je l’aime ! Il dit qu’il m’aime encore mais qu’il préfère retourner avec elle. C’est insupportable, je souffre. J’ai mal, maman !

Autour de Lola, tout s’écroule, tout s’effondre, l’apocalypse est de retour, tout a un goût de fin du monde, tout est amer, tout est douleur. Jamais elle ne pourra se relever. Elle est au bord du précipice, cet abîme qu’elle connaît. Gabriel vient de l’y pousser à coups de mensonges, de promesses, d’inconscience. Lola doit tout recommencer !

Grand seigneur, il l’aide à s’installer dans un petit appartement, avec les deux garçons. Il paye la caution, histoire de racheter sa conduite déplorable sans parvenir à voir que Lola est échouée, quelque part dans une vie, prisonnière d’une existence fracassée. Elle a croisé la route d’un monstre et ce monstre s’est bien amusé.

Elle se sent détruite, salie, souillée, transparente, indésirable. Et si l’abîme l’attendait. Tout dans sa vie la ramène sans cesse à ce vide. Et si c’était sa destinée. Comment croire en des lendemains meilleurs ? Comment croire qu’un autre pourrait la désirer ? Comment ne pas devenir méfiante à l’excès ?

Gabriel portait un masque. Gabriel venait de l’ôter.

*

Quatre ans plus tard.

            — Au revoir madame, à bientôt !

            Lola sort d’un laboratoire lyonnais. Ses deux garçons sont à ses côtés. Elle s’apprête à monter dans sa voiture quand un homme l’interpelle.

            — Veuillez m’excuser madame, vous partez ? Je tourne depuis 20 minutes sans parvenir à trouver une place pour me garer.

            Lola lève les yeux et répond :

            — Oui, je m’en vais !

            L’homme, arrêté en double file, sort de son véhicule, lentement. Hésitant, il s’avance vers elle.

            — Lola ? Lola, c’est toi.

            La jeune femme s’apprête à claquer les portières arrières de son véhicule. Elle vient de vérifier que les garçons ont correctement bouclé leurs ceintures de sécurité. Elle relève la tête et dévisage l’individu.

            — Gabriel ?

            — Oui, c’est moi. Tu es ravissante ! Comment vas-tu ?

            Elle aurait pu lui répondre avec la gentillesse qui la caractérisait, mais soudain, le coup de poignard qu’il lui avait asséné le dernier soir lui revient en mémoire. Toute la souffrance passée rejaillit : toutes les années de galères quand il est parti, les fins de mois difficiles le temps de réactiver les allocations supprimées lorsqu’elle était avec lui, les week-ends seule, le concert dont ils avaient réservé les places auquel elle était allée avec une amie, toute la solitude des nuits froides dans un lit vide…

            — Parce que ça t’intéresse ? fit-elle sarcastique.

            — Bien sûr, répond-t-il sûr de lui. Je suis si heureux de te retrouver !

            Lola n’a qu’une seule envie : partir et s’éloigner de lui. Pourtant, la curiosité la pousse à lui parler :

            — Elle va bien ?

            — Qui ? demande-t-il étonné.

            — Ne fais pas l’idiot, tu m’as très bien comprise. Celle pour qui tu m’as lâchement et brutalement abandonnée avec mes fils après m’avoir juré que tu m’aimais.

            Il glisse ses mains dans ses poches et baisse la tête.

            — On est séparés.

            Lola jubile. Elle sent, du plus profond d’elle-même, une douce chaleur monter et l’envahir.

            — Ah, tu l’as plaquée elle aussi, pour une autre peut-être.

            — Non, elle m’a trompé, je suis parti et après je t’ai cherché. Je suis si heureux de te revoir ! Et toi, qu’est-ce que tu fais ?

            — Eh bien, comme tu peux le voir, je m’apprête à entrer dans ma voiture, à démarrer et à partir.

            Elle lui tourne le dos pour se glisser à l’intérieur de son véhicule. À travers les vitres, les deux garçons ont reconnu Gabriel. Même si, pour les épargner, Lola ne leur a jamais dit la vérité, ils sentent qu’ils doivent se tenir à l’écart de la partie engagée sur le trottoir.

            — Mais on vient juste de se retrouver ! Dis-moi ce que tu deviens. On pourrait peut-être aller boire quelque chose ? Je ne veux pas te perdre à nouveau. Tu m’as tant manqué Lola. Si tu savais !

            Le regard de la jeune femme, éteint pendant de longues années, se pare soudain d’une nouvelle lueur. Ses yeux semblent pétiller. Ce n’est pas une discussion entre cet homme et elle, c’est un combat qui est engagé. Elle compte bien le gagner.

            — Alors écoute-moi bien : boire quelque chose avec moi, fais-le dans tes rêves, dans ton grand lit où tu resteras probablement seul pendant de très nombreuses années. Quant au fait de me perdre, mais mon pauvre Gabriel, tu m’as définitivement perdue il y a quatre ans. C’est irrévocable. Lorsque j’étais enfant, je ne croyais pas que les monstres pouvaient exister. Grâce à toi j’y crois maintenant mais l’avantage c’est que je suis prête à les affronter.

            — Mais Lola, souviens-toi, nous parlions d’avoir un enfant tous les deux ! intervient-il éberlué.

            — Justement, regarde donc où je suis garée : « Laboratoire d’Analyses Médicales ». Je viens de découvrir mes résultats. Ils sont positifs. Je vais avoir un bébé dans environ 8 mois et pour mon plus grand bonheur, il n’est pas de toi. Mon compagnon va très bien et je vais lui annoncer la nouvelle. Ce soir, lui, les garçons et moi, nous allons fêter la nouvelle. Quant à toi Gabriel je ne sais pas ce que tu deviendras et je m’en moque totalement. Tu vois, je parle comme toi à présent car j’ai beau te regarder, tu ne m’inspires que cette phrase que tu répétais sans cesse : je ne sais pas. Eh bien moi, je sais désormais où aller, qui aimer et qui m’aime. Dans ton cas, c’est désespéré !

            — Lola, tu ne peux pas me laisser ! Donne-moi la main, nous sommes faits l’un pour l’autre, je te jure que…

            Lola s’installe au volant de sa voiture, met le contact, le regarde, lui adresse un de ses plus beaux sourire et disparaît. Gabriel reste bouche bée sur le trottoir. Il vient de recevoir le coup de grâce. Il fait demi-tour pour regagner son véhicule et se garer. Mais lorsqu’il se retourne, la place qu’il convoitait est occupée.

            Il faut toujours garder un oeil derrière soi. Quelqu’un peut vouloir prendre votre place sans que vous vous en doutiez !

***

Pensez à vous abonner au site, à consulter, dans la rubrique « Accueil », mes deux livres en vente. 

Bientôt, je vous annoncerai : 1) la date de sortie de mon thriller policier ;

                                                     2) les dates du prochain salon littéraire auquel je vais participer ;

                                                     3) le résumé d’un film qui m’a passionnée, en dépit des critiques ;

                                                   4) le début d’une nouvelle histoire à suspense, qui s’inscrira davantage que « Donne-moi la main » dans la veine de ce que j’écris d’habitude : mystère, suspense et fin surprenante. 

MERCI POUR VOTRE FIDELITE

AUDREY DEGAL

 


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DONNE-MOI LA MAIN, 3e partie

Donne-moi la main, 3ème partie

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Résumé des épisodes précédents : Lola vit seule avec ses deux garçons depuis que son mari l’a quittée. Elle vient enfin de rencontrer un homme et nourrit des espoirs d’avenir avec lui. Il semble parfait. Est-il ce vraiment ce qu’il paraît être ?

Je suis désolée d’avoir mis tant de temps à publier cette suite mais la grippe m’a bien éprouvée. J’espère que de votre côté, lectrices et lecteurs, vous êtes en pleine santé.

*

            Deux mois ont passé. C’est vrai que l’argent n’est pas un problème. Il partage tout avec Lola qui doit se l’avouer : ils s’entendent vraiment bien. Il est sérieux, prévenant, gentil avec les enfants. Il les conduit à l’école quand il le peut, ils partent tous les quatre en week-end ensemble… La vie est belle ! Le soleil brille à nouveau. C’est si bon d’être à nouveau deux. Gabriel. Ce prénom résonne agréablement aux oreilles de Lola. Quand elle le prononce, il a une certaine saveur, celle des lendemains heureux.

            Lola vit toujours dans la maison qu’elle occupait avec son mari. Gabriel en a louée une six mois plus tôt, quand lui aussi s’est séparé. Ils passent des soirées chez l’un, ou chez l’autre. C’est si bon d’avoir quelqu’un à ses côtés. Et puis il le lui a dit : Je t’aime !

            Lola est heureuse. Elle rayonne. Fini de glisser, de tomber. Elle vit et il lui propose de vivre avec lui. Il faut réfléchir. C’est une décision importante. Qu’importe, il l’attendra !

Les vacances approchent et comme le temps a passé ils sont allés voir leurs parents respectifs. Ceux de Gabriel sont divorcés et Lola ne rencontre que la mère. La mère et son chat. Drôle de duo ! Elle est un peu bizarre, hypocondriaque en fait. C’est curieux, avec un fils médecin, d’autant plus qu’elle est dermatologue. Comme quoi l’inquiétude face à la santé n’épargne personne.

— Tu as enfin trouvé quelqu’un qui t’aime, dit la mère de Gabriel.

La remarque est étrange mais Lola aime Gabriel et cela se voit. Il se rendent dans les Alpes. Là, il la présente à ses amis. Eux aussi sont heureux de rencontrer celle pour qui le cœur du médecin s’enflamme. Ils l’apprécient aussitôt et trouvent qu’il a de la chance. Ils la comparent à la précédente et la trouvent mieux : plus gentille, plus attentionnée, plus stable. C’est bon signe !

Au retour de cette escapade, tous deux sont plus liés que jamais. Ils commencent alors à faire des projets. Le premier vient de lui.

— Je vais donner la dédite de mon appartement et m’installer avec toi.

Les yeux de Lola brillent. Elle accepte. Ils seront bien chez elle avec les enfants et puis outre le fait que ce sera plus simple, ils feront des économies.

Deux mois plus tard, avec l’aide des parents de la jeune femme, c’est le déménagement. Lola a fait de la place dans le garage pour caser ses meubles à lui, en attendant.

— En attendant quoi ? lui demande-t-elle.

— Tu as vécu ici avec ton ex. C’est notre chez nous provisoire. Nous allons nous trouver une location en attendant d’acheter une maison à nous. Et puis j’ai 37 ans. Un enfant de toit, après, ça me tente tu sais.

Une maison à elle, à eux ! Lola en a toujours rêvé mais cela ne s’est jamais concrétisé. Et voilà que lui y pense déjà. Un enfant, ce serait merveilleux  !Il est parfait ! C’est aussi l’impression qu’ont ses parents à qui elle l’a présenté.

— Il est gentil, doux, affectueux, il semble aimer notre fille.

— Et il a un bon métier, ajoute le père. C’est important. Manque d’argent, manque d’amour, c’est bien connu. Quelque chose semble te chagriner.

La mère de Lola semble effectivement perplexe.

— Je ne sais pas. Tout est trop beau, tout est allé vite et puis il est trop gentil, trop attentionné, trop un peu tout. Je lui cherche un défaut mais je n’en trouve pas.

— Il est peut-être parfait !

— La perfection en ce monde n’existe pas. Mais je m’inquiète peut-être à tort, ils ont l’air plutôt bien dans la maison qu’ils louent, les enfants aussi.

Un mois plus tard, Lola invite ses parents à se joindre à des collègues de travail, histoire de passer une belle journée au bord de la piscine. Gabriel s’occupe du barbecue et de ses invités. Lola l’aide et fait circuler les plats qu’ils ont préparé. Ambiance décontractée.

Dans la maison, des cartons de l’emménagement sont encore empilés et il y a du tri à faire. Comme ils ont beaucoup de matériel en double, il faudra se débarrasser d’un peu de vaisselle et de mobilier. Gabriel, qui n’est par du tout bricoleur, a quand même monté des armoires pour ranger le linge des enfants. Lola a apprécié.

Il est trois heures de l’après-midi quand la mère de Lola quitte la table et entre dans la maison. Elle a envie de s’isoler avant d’enfiler son maillot de bain pour aller se rafraîchir dans la piscine. Elle franchit le seuil et là, à la porte de la cuisine, elle trouve Lola en larmes.

— Mais que t’arrive-t-il, demande-t-elle inquiète.

— Rien !

La réponse est classique. Il est difficile de se confier. Mais finalement, à force d’insister, la mère parvient à lui faire exprimer la raison de son mal-être.

— J’ai peur, dit-elle.

— Peur de quoi ?

— Peur qu’il me quitte. Je ne m’en remettrai pas !

— Alors, fais tout pour le garder !

— Mais il y a autre chose !

— Quoi ? demande la mère.

— Il m’a appris qu’il n’avait pas rompu le PACS avec celle qu’il a quitté il y a quelques mois, qu’ils avaient acheté une maison ensemble, qu’elle n’est pas vendue et qu’il va entretenir régulièrement la propriété.

La nouvelle tombe comme un couperet. Ce que la mère de Lola craint est là : ce gars n’est pas parfait. Il cachait bien quelque chose. Elle se souvient de discussion qu’elle a eu avec lui, quand elle lui a demandé ce qu’il pensait de ceci, comment il envisageait cela. Sa réponse était souvent la même : un haussement d’épaules suivi de :

— Je ne sais pas !

Sa fâcheuse tendance à ne jamais se positionner lui revient tout à coup à l’esprit, comme celle de repousser au lendemain les choses, de n’avoir aucune opinion précise sur certains sujets. Ce gars, apparemment bien sous tous rapport, est en fait inconsistant, quelqu’un incapable de s’engager, un homme qui hésite en permanence. Elle voudrait que le temps lui donne tort, hélas, quinze jours plus tard, Lola en pleurs l’appelle :

— Maman, je crois qu’entre Gabriel et moi c’est fini !

— Mais ce n’est pas possible, vous avez emménagé ensemble il y a à peine un mois. Qu’est-ce qui te permet de dire ça ? demande la mère.

— Il dit qu’il m’aime mais qu’il ne sait plus où il en est, qu’il n’a pas ses repères dans cette nouvelle maison, qu’il est perdu dans ses idées.

— C’est normal, il faut du temps pour s’habituer à une nouvelle demeure, comme à tout changement de situation.

— Oui, mais il dit qu’il ne sait plus s’il veut rester avec moi ou s’il doit retourner avec elle, l’autre qu’il a quittée !

La mère croit défaillir. Lola a quitté son logement il y a à peine un mois et voilà qu’il lui faudrait tout recommencer. La situation, ubuesque, lui paraît impossible.

— Il veut réfléchir, continue Lola.

— Qu’il le fasse vite alors ! Tu ne vas pas rester là à attendre que monsieur ait décidé.

Pendant les jours qui suivent, Lola ne cesse de pleurer. Elle choisit de vivre momentanément chez ses parents avec ses deux fils. Rester dans cette maison, louée avec lui, est une torture. Chaque pièce, chaque meuble lui rappelle les bons moments qu’ils ont passé entre ces murs, moments éphémères.

Elle attend. Il l’appelle, la rassure parfois. Elle espère alors, certaine qu’il la choisira elle. L’autre, il l’a déjà quittée une fois. Elle le faisait souffrir et l’avait trompé, considérant que dans un couple, chacun doit être libre.

— Ne t’en fais pas Lola, il ne peut pas retourner avec elle ou alors il est fou ! Elle l’a déjà trompé une fois, elle recommencera. En plus elle ne l’aimait pas. À ce que tu dis et il ne supportait pas ses deux filles. Seul un malade retournerait entre les bras de cette prédatrice.

Lola acquiesce. Elle sait tout cela, mais l’attente est une plaie ouverte. Ses yeux bleus se baignent en permanence dans d’innombrables larmes comme une rivière que l’on ne peut assécher. Elle croit revivre le moment où son mari l’a quittée. Ce gouffre de l’existence, elle le connaît, elle y est déjà tombée. Elle glisse, elle essaye de s’accrocher mais les parois sont lisses et la chute, lente, ne peut être freinée. Elle regarde vers le haut et croit voir de la lumière. Tout n’est pas perdu. Il n’a pas encore choisi. Elle doit espérer. Elle repense aux paroles de la mère de Gabriel « Enfin quelqu’un qui t’aime ! ». Cela signifie que sa rivale ne l’a jamais aimé. Il va s’en apercevoir, il va comprendre, il va tirer un trait sur ce passé, une fois pour toutes ! Il rompra le PACS, vendra la maison et l’oubliera. C’est ce qu’il a de mieux à faire !

Il est tard, Lola est avec Gabriel, dans la maison. Ils doivent parler ! Il a réfléchi, pesé le pour et le contre. Le téléphone sonne.

Vous pourrez lire la fin de ce récit la semaine prochaine. En attendant abonnez-vous en quelques clics et n’hésitez pas à vous plonger dans mes deux livres déjà publiés disponibles ici, https://www.amazon.fr/s/ref=nb_sb_noss?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&url=search-alias%3Daps&field-keywords=audrey+degal ou sur internet ou dans n’importe quelle librairie, même à l’étranger. 

Mon 3e roman,« La Muraille des âmes », un thriller policier de 400 pages sort en février 2017. En avant première, je vous dévoilerai la couverture, je vous ferai parvenir un résumé et les premières pages. Pour bénéficier de cela il faut être abonné au site. C’est gratuit ! Allez-y. 

Audrey Degal.