PAR PITIÉ ! … suite 2
Résumé de l’épisode précédent : Toujours enfermé, l’homme cherche à comprendre ce qui lui arrive. Les bourreaux appellent les détenus les uns après les autres et quand leurs victimes reviennent, elles on subi le pire. Ted a été « prélevé », il revient avec d’atroces blessures. Comment des êtres humains peuvent-ils imposer ça à d’autres ? La soif, la faim, le froid, la nudité s’ajoutent à leurs effroyables conditions de détentions. Mais pourquoi ces hommes sont-ils retenus là ?
Je suis le dernier arrivé dans cette cellule pestilentielle. J’ai besoin de savoir ce qui se passe et pourquoi. C’est plus fort que moi mais je garde quelque part l’espoir de pouvoir m’échapper. Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre ? Alors je m’y accroche comme à une bouée de sauvetage que je n’ai pas.
Il faut absolument que j’en aie le cœur net. Alors je rampe au sol, doucement comme un serpent sauf que je ne pique pas. Je suis inoffensif ici. Je vous rappelle que je suis une victime. Je m’approche d’un gars que j’ai choisi au hasard. Lui, ou un autre, qu’importe ! Il me laisse m’installer à proximité, il ne me dispute pas son territoire. Je me lance :
— Je n’y comprends rien. Qu’est-ce qu’ils lui ont fait ? Pourquoi ils l’on mis dans cet état ?
Les yeux hagards, il me répond, agitant ses lèvres crevassées autour d’un puits tari et partiellement édenté.
— T’es nouveau toi !
— Oui !
— Je t’avais repéré. Ils lui ont fait ce qu’ils ont voulu lui faire, exactement. Pas plus, pas moins. Il faut qu’il reste en vie, pour la prochaine fois. C’est ça la règle ici : qu’on ne meure surtout pas !
Il me tourne le dos mais juste avant je l’entends dire :
— Maintenant, tire-toi !
Il ne veut pas m’en dire davantage alors je retourne d’où je viens.
Quand je passe à proximité de Ted, je ne peux pas m’empêcher de scruter son corps.
Comme moi, comme tous les autres, il est nu, si bien que je découvre les multiples incisions pratiquées sur lui. Je les qualifierais de parfaites. Si, si, parfaites ! Elles ont quelque chose d’esthétique. Elles semblent alignées les unes à côté des autres selon un plan judicieux qui pourrait faire penser à des arbres plantés dans une exploitation forestière. J’en compte approximativement une trentaine, avant que la lumière ne s’éteigne. Toutes de la même dimension, toutes réalisées avec la plus grande précision, une précision quasi chirurgicale. Mais les anesthésies, ici, ils ne connaissent pas.
Mon dieu, la porte s’ouvre brutalement.
Au secours, ils vont prendre quelqu’un !
À l’aide, pitié, pas moi ! C’est ce que je hurle dans ma tête.
Mais ils viennent simplement déposer un énorme seau en bois, plein d’eau, avant de disparaître.
Aussitôt, c’est la ruée, la bousculade, comme au moment des soldes mais il n’y a rien à acheter.
Les plus robustes d’entre nous se jettent alors en avant et plongent leurs visages crasseux dans le bassin qui, à ce moment-là ressemble davantage à une auge et eux à des porcs qui meurent d’envie de boire. C’est drôle d’employer cette expression car ils boivent pour rester vivants. Dans un instant, il ne restera plus rien alors je les imite et je me rue vers eux. Mais pour gagner, pour faire partie des heureux élus autorisés à étancher leur soif, il faut frapper les autres. C’est la guerre, un combat de coqs une lutte inégale à laquelle certains renoncent, faute de forces.
J’arrive à engloutir quelques gorgées avant de recevoir moi aussi des coups de poings dans les côtes et d’être violemment éjecté en arrière. Je ne pourrai plus approcher. Autour, il s’est formé un cercle de chiens enragés qui grognent et mordent. Mieux vaut en rester là.
Je retourne me caler contre mon pan de mur froid et sale en attendant que le calme revienne. Je viens de comprendre qu’ici on ne nous considère plus comme des hommes. Que sommes-nous alors ? Des amas de chair et d’os, pensants mais surtout souffrants et c’est ce que nos tortionnaires préfèrent.
Ayez pitié de moi !
Un rai de lumière passe sous la porte.
Ils reviennent, déjà.
Il leur faut une nouvelle marionnette. Ils ont envie de jouer.
— Josef !
Je déglutis avec peine. Josef, c’est moi !
Vous qui me lisez, venez-moi en aide ! Trouvez un moyen, sortez-moi de là ! J’ai peur, je me sens mal, je vais m’évanouir avant même qu’ils m’emmènent.
Je ferme les yeux d’effroi. Je sens soudain un coup de poing contenu appliqué sur mon épaule. Je sursaute et je les entends dire :
— Joseph, c’est bien ton prénom !
Je ne parviens pas à répondre tant ils rient. Bien sûr qu’ils me connaissent mais ils s’amusent avec mes craintes, mes doutes, mes nerfs… Je me mets à pleurer, à chialer comme un gosse terrifié.
C’est mon tour, ils vont m’emmener !
A suivre…
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AUDREY DEGAL