Avant d’aborder ce film, je veux simplement dire que mes publications vont reprendre de façon plus régulière, elles seront plus nourries… car je dispose enfin du temps qui m’a toujours manqué. Le temps de bien m’installer dans ma nouvelle vie, au sud de la France et, dès janvier 2023, vous pourrez à nouveau venir lire sur ce site ou m’écouter sur ma chaîne YouTube qui, elle aussi va être dynamisée. Merci pour votre compréhension.
J’adore Tarantino. J’ai vu tous ses films et je les ai tous adorés : Pulp fiction, Jackie Brown, Inglourious Basterds, Django Unchained, Kill Bill, Les Huit Salopards, Boulevard de la mort… Le dernier, Boulevard de la mort, est mon préféré. Donc, quand est sorti Once upon a time in Hoollywood, je suis allée au cinéma et je l’ai revu récemment.
L’histoire : surprenante… comme toujours chez Tarantino. Un acteur qui se sent sur le déclin est associé à sa doublure (véritable soutien moral), un cascadeur. Le premier, Rick Dalton, vit à Hollywood, dans une belle et riche demeure, à côté d’autres célébrités (Roman Polanski et sa femme), le second, Cliff Booth, dans une caravane, sur un terrain vague. Le spectateur est plongé dans les années 60/70 au coeur des productions cinématographiques que l’acteur, personnage autrefois célèbre, et le cascadeur, auparavant réputé, reconnaissent de moins en moins. Difficile d’y trouver sa place désormais.
Au fil des tournages, nous croisons des hippies un peu (pour ne pas dire beaucoup) déjantés, des acteurs heureux quand ils se voient à l’écran quelque part fiers de leur image et de leur rôle, une imitation de Bruce Lee (ici désacralisé) , une gamine de 8 ans qui prend son rôle très au sérieux et un toutou qui prend toute son importance à la fin en ce qu’il propose un dénouement à « la Tarantino », dans un bain de sang savamment pensé.
Les deux acteurs principaux que sont Léonardo DiCaprio (Rick) et Brad Pit (Cliff) sont excellents et la scène qui m’a particulièrement convaincue de ceci est celle au cours de laquelle, DiCaprio, assis sur une chaise, tient sur ses genoux la gamine et la menace. Oui, DiCaprio comme Brad Pit à d’autres moments, sont exceptionnels de justesse dans leurs rôles respectifs, sachant s’adapter au scénario, à l’instant, pour nous livrer une interprétation que j’ai rarement vue sur les écrans. Oui, certains acteurs jouent toujours de la même façon. Eh bien eux non ! Ils composent, interprètent… Du grand art, du très grand art. La prestation de DiCaprio m’a particulièrement touchée car ce n’est pas un acteur que j’apprécie plus que ça. Pourtant, je ne peux que saluer ici son interprétation. Brad Pit est un acteur que j’ai toujours apprécié. Beaucoup de rôles lui ont permis de révéler son immense talent et je pense à mon préféré : « Rencontre avec Joe Black ».
Seulement,… il y a un mais :
Je n’ai pas autant aimé ce film (par rapport aux autres du même metteur en scène), Once upon a time in Hollywood. J’avoue avoir regardé l’heure à ma montre. Il m’a semblé décousu, trop… même si je sais que Tarantino joue souvent avec cela. (lorsque j’ai vu le film pour la seconde fois, je l’ai davantage apprécié).Je me suis demandée pendant un trop long moment où il voulait en venir et le passage correspondant à l’épouse de Polanski, certes jolie à souhait, qui va voir ses propres films au cinéma, m’a lassée. Je suis restée sur ma faim et j’ai trouvé le temps long.
Pourtant,… il y a un pourtant :
Mon époux, qui apprécie ce réalisateur, a adoré le film et n’a pas vu l’heure passer.
Comme quoi tous les goûts sont dans la nature ! En même temps, je me console en me disant que je reste très objective dans mes critiques puisque je ne jette pas des fleurs gratuitement à un auteur de romans ou à un réalisateur, sous prétexte que j’ai toujours aimé ce qu’il a écrit ou fait. Merci de ne pas me tenir rigueur de ma moindre « note » concernant ce film de Tarantino qui reste « agréable ».
Faut-il aller le voir ? Eh bien oui, comment vous forgeriez-vous VOTRE avis ? Peut-être serez-vous captivés et je vous le souhaite. Moi, j’attendrai le suivant.
Bonne continuation à tous !
Audrey Degal.
Pour information, mon 5e roman « PAROLES DE PIERRES » est paru et vous pouvez le commander chez votre libraire ou sur internet en ebook ou livre papier. Il a connu un franc succès lors du dernier salon du livre auquel je me suis rendue pour dédicacer mes livres, à Sigean, le 22 octobre 2022.
Je commencerai cet article en vous disant que c’est un beau film même si, d’après ce que j’ai pu lire, la critique est partagée. Moi, j’ai passé un très bon moment, qui plus est, reposant car l’atmosphère est d’un calme olympien ce qui s’associe remarquablement au thème de l’espace.
Pas de tirs, d’explosions à tout va, de course poursuite qui n’en finit pas. Les seuls moments d’accélération de l’action arrivent quand il le faut et ne s’éternisent pas. Ils mettent du piquant à l’histoire.
Ad Astra, vous emporte aux confins de la voie lactée, sur la lune puis sur Mars et enfin sur Neptune. On s’y croirait ! Les images sont belles, apaisantes et quelques musiques choisies viennent jalonner le parcours de l’astronaute qui est joué par Brad Pitt, que l’on croise rarement dans de tels rôles.
Il incarne un personnage plutôt seul, en proie à des difficultés personnelles (un père lui-même astronaute parti pour une mission dont il n’est jamais revenu, une épouse (Liv Tyler) qui se sent délaissée, profession oblige… ). L’astronaute Roy McBride (Brad Pitt) gère ses difficultés existentielles et reste calme, serein, réfléchi, professionnel en toutes circonstances. C’est ce qui fait sa force. Il est envoyé dans l’espace car son père, contrairement à ce qu’il croit, ne serait pas mort et pire, la mission dont on l’avait chargé est devenue un risque majeur pour la Terre. Il faut y mettre fin. Roy accepte le défi que lui tend l’espace mais on ne lui dit pas tout et quand il veut prendre les choses en mains, il est mis de côté. Contre tous, il fera fi de l’ordre de regagner la Terre et tentera de rejoindre ce père, loin, très loin de la galaxie. Il y parvient mais les retrouvailles ne sont pas simples, inattendues et à la fois merveilleusement bouleversantes. Dans l’espace rien n’est aisé et la solitude subie difficile à gérer.
Pour ne pas tout vous révéler, je limite volontairement mon résumé, laissant à Brad Pitt, le loisir de vous subjuguer par son interprétation si douce. Oui, on retient son souffle parfois en regardant Ad Astra et cette quête du père, si apparemment elle en a gêné certains, m’a parue logique, belle, dotée d’un message qui dit combien nos parents ont compté, compte et compteront dans nos vies.
Un très bon moment donc que Ad Astra et j’espère que vous l’apprécierez comme moi !
Il n’est certes plus à l’affiche mais ne vous en privez pas en projection privée, blue ray, DVD, vous passerez un très agréable moment.
Actualité : mon nouveau livre LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, 420 pages, est disponible. Vous trouverez la4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. 5 bonnes raisons de vous le procurer : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout !
PENSEZ à cliquer sur j’aime, à commenter, à partager largement sur les réseaux sociaux, à vous abonner…
Résumé de l’épisode précédent : Henri poursuit ses révélations et parle à Josef des chiffres et des noms repérés dans le couloir. Ce dernier comprend alors ce qu’il fait là. Il est prélevé par ses bourreaux. Il sait que cela ne s’arrêtera pas. Il voudrait mourir mais ne peut pas.
Cette fin est courte, certes, mais elle vous permettra de savoir si vous aviez deviné qui étaient ces personnages prisonniers, subissant le pire. Bonne lecture ! Petite question : aviez-vous eu pitié d’eux avant de savoir qui ils étaient ? Et après lecture, avez-vous toujours pitié ?
A chaque fois qu’ils m’ont entraîné dans ce couloir, j’ai souhaité que ce soit le couloir de la mort. Mais non, je n’y ai pas droit. J’ai juste le droit de vivre, pas celui de mourir. La mort, voilà ce qu’on me refuse, ici. Elle serait trop douce à leurs yeux.
Traîné comme un animal dans cet interminable couloir qui mène à la salle des supplices, j’ai parfois le temps de jeter un oeil à la grande plaque dont Henri m’a tant parlé. Il a raison. Il y a des noms, des milliers de noms et des nombres. Croyez-moi, il m’a fallu du temps et de nombreuses excursions dans ce couloir avant d’arriver à repérer le mien et ceux des malheureux qui partagent mon triste sort. Je crois qu’ils sont classés par dates, des plus anciens aux plus récents et je frémis lorsque je comprends que certains sont là, à subir ces tortures insoutenables depuis environ soixante-dix ans. Soixante-dix ans à supporter l’insupportable ! ce n’est pas humain ! C’est le cas d’Henri, du moins. je crois qu’il ne sait plus très bien depuis quand il est là-dedans, à croupir. Il ne cherche même plus à savoir. Voilà pourquoi je vous ai dit que je ne suis pas mort, non ! Ces sauvages, ces tortionnaires, ces brutes, nous cueillent juste avant comme on enlève un enfant à ses parents qu’il ne reverra jamais.
Ces nombres me glacent non pas parce qu’il est clair qu’ils correspondent au nombre de victimes que chacun d’entre nous a fait périr mais parce que nos supplices sont proportionnels à nos exactions, à nos crimes, au plaisir que nous avons pu prendre, tous, à torturer les autres et à les faire périr.
Henri Désiré Landru : 11
Jack l’éventreur : 11 connues
Ted Bundy : 32 voire 100
Marcel Petitot : 30
Rudolf Hess : il y avait trop de zéros, je n’ai pas pu voir le chiffre devant.
Et aussi les miens :
Josef Mendele « L’ange de la mort » : et trop de zéros après !
…
Un soir, quand ils ont balancé ce qu’il reste de moi dans le trou qui est devenu notre maison, Henri s’est approché pour chuchoter à mon oreille :
— Tu voudrais mourir mais ici on ne meurt pas. On ne meurt jamais. Ils nous prélèvent indéfiniment dans ce laps de temps en suspension qui précède le trépas pour nous faire payer nos crimes. C’est pas le paradis, c’est évident. C’est pas l’enfer non plus. C’est autre chose. Un lieu, un temps qui nous est réservé, nous les VIP condamnés à la torture pour tous les meurtres dont nous nous sommes rendus coupables dans la vie, la vraie.
Il s’interrompt un instant avant de conclure :
— Ils ne veulent pas qu’on meure parce que quand on est mort, on ne souffre pas ! La mort serait trop douce. Ils nous détruisent tout doucement, éternellement, à très petit feu.
Je n’ai plus jamais reparlé à Henri, ni à personne d’ailleurs. Je me suis réfugié dans le mutisme non par choix mais parce que peu à peu, ma raison vacille et je comprends progressivement qu’il est impensable de pouvoir faire souffrir un être humain de la sorte. Mais on ne comprend cela que quand il est trop tard. D’ailleurs l’aurais-je compris, admis, si je ne vivais pas quotidiennement le sort de mes anciennes victimes ? Je ne sais pas. je ne le saurai jamais et puis de toute façon à quoi bon ! Pour moi, il est trop tard car mon supplice durera le temps d’une éternité.
En m’endormant au milieux de mes propres excréments, si j’ose dire, deux citations que j’ai appris jadis me reviennent en mémoire. J’ai toujours été un homme cultivé : « Le corps est la prison de l’âme », Antoine Claude Gabriel Jobert, et « Toutes les violences ont un lendemain », Victor Hugo. Je ferme les yeux? C’est tellement vrai !
Je vous laisse, j’ai un rendez-vous ce soi :, les rats me guettent et m’attendent prêts à se délecter de l’un de mes deux yeux !
FIN
A bientôt pour une toute nouvelle histoire, des critiques de romans ou de films… et passez de belles fêtes !
VOICI MON 4E ROMAN, LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, DISPONIBLE SUR COMMANDE EN LIBRAIRIES ET SUR INTERNET. Il est encore à prix promotionnel pour son lancement si vous l’achetez en ebook.
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Résumé de l’épisode précédent : Huis-clos abominable et particulièrement inquiétant. Que leur veulent ces hommes, leurs bourreaux. Ted a été abominablement torturé. Discuter avec les détenus permet d’en savoir un peu plus mais aussi d’avoir encore plus peur, peur d’entendre appeler son nom : Josef. Les tortionnaires jouent à désigner Josef, terrorisé.
— Josef, tu as eu peur, hein. Mais ce n’est pas ton tour. Pas encore !
Et ils s’éloignent, m’abandonnant à mes questions, à mes futures angoisses, celles de la prochaine fois où ils viendront vraiment pour me cueillir, pour me mener à l’abattoir, vivant, pour me prélever, comme disent les autres, ces rats, enfermés-là, comme moi !
Puis le rituel de l’appel recommence. Il résonne :
— Jack, c’est à toi ! Où est-ce que tu te caches ? Allez, sors du noir !
C’est lui, l’élu du jour, le candidat au massacre.
Contrairement à Ted, il se lève, péniblement certes mais, à mon grand étonnement, il précède ses deux bourreaux et les invite même à le suivre. Est-ce de la grandeur d’âme, de l’inconscience, de la soumission, du suicide ? À vous de me le dire !
Il paraît ignorer ce qui l’attend. Je me surprends à m’agiter comme une feuille secouée par un vent invisible mais violent. C’est nerveux et je n’arrive pas à me contrôler. Même mes dents claquent et je me mords la lèvre inférieure. Mince, le sang va attirer les rats, les vrais rats, ceux qui se délectent de notre chair pendant qu’on dort !
J’entends qu’on me parle.
Une ombre est étendue non loin de moi. Je ne l’avais pas remarquée.
— Jack a pété un câble, me dit-elle. Il a totalement décroché.
— Il est devenu fou ?
— Ouais, complètement dingue, confirme l’inconnu. Il faut dire qu’il ne peut plus parler.
— Ah ! Et pourquoi ?
— La dernière fois qu’ils l’ont prélevé, il est revenu avec une balafre qui lui traversait la gorge et une autre qui lui remontait du bas de ventre, jusque-là.
D’un geste, il me montre l’étendue des dégâts.
— Depuis, il est à l’ouest. Mais c’est pas le seul.
— Ah, dis-je persuadé que je viens de tomber sur l’encyclopédie vivante de l’horreur.
Observer et expliquer aux autres ce qu’il remarque, c’est peut-être ce qui aide ce gars à tenir, à survivre dans cette fosse immonde.
— Mate un peu là-bas, le gars complètement à gauche.
Je fronce les sourcils pour essayer de le voir.
— Il s’appelle Anthony.
— Et alors, quelle importance ça a ?
— Aucune mais lui, il déguste à chaque fois qu’ils le prennent et…
Je n’en peux plus d’entendre ça.
— Arrête, tais-toi ! Je ne veux rien savoir. Ferme-la, par pitié ferme-la !
— Toi, tu n’as pas encore été prélevé mais ça viendra, crois-moi !
— Tu ne peux pas te taire !
— Dis-donc, c’est toi qui m’a posé des questions. Je ne suis pas à ta botte et je parle si je veux.
Il a raison. Et puis même si ses révélations sont insupportables, parler me fait du bien et comble le vide de ma détention.
— Je m’appelle Josef. Et toi ?
— Henri. Je suis le plus ancien ici, je crois. En fait c’est Henri Désiré mais tu peux m’appeler juste Henri.
Il me tend sa main pour que je la serre, comme on conclut un pacte avec le diable. Le contact de sa peau est curieux, trop lisse. Il le sait et s’explique aussitôt.
— Ils m’ont brûlé la main, un pied aussi et d’autres partie du corps mais ces temps-ci ils me fichent la paix. Ils ont assez de nouveaux à se mettre sous la dent.
Ce qu’il me dit ne me rassure pas et vous auriez ressenti la même chose à ma place. N’est-ce pas ! Savoir que vous compatissez à ma peine, à ma douleur, que vous priez intérieurement pour que je m’en sorte – car je reste convaincu que c’est le cas, que je sortirai un jour de ce trou à rats – me donne un peu de courage, le courage qui me manquera forcément quand ils me prendront.
— Comment peux-tu supporter ça depuis si longtemps ?
— Parce que je n’ai pas le choix. Et puis j’ai cru comprendre que je suis un cas moins lourd que les autres.
— Moins lourd ! Qu’est-ce que tu veux dire ?
Il prend appui sur ses deux mains, pour se déplacer un peu et s’installer dans une position plus confortable. Qu’est-ce que je dis ? Une position moins inconfortable.
— Ils m’appellent l’escroc et il paraît que je suis un élément de moindre importance pour eux. Je les ai entendus le dire. Par contre les autres sont des cas sérieux. Alors ils trinquent.
Je me surprends à l’envier pour qu’ils m’oublient aussi, qu’ils ne m’appellent jamais mais je suis un nouveau et ils ne me rateront pas. Je me serais bien passé de la réflexion d’Henri mais voilà, il l’a faite, remuant dans une plaie que je n’ai pas encore un couteau que mes bourreaux ne manqueront pas de me planter et de retourner encore et encore dans mes plaies pour que ça fasse bien mal.
— Mais toi, comme tu viens d’arriver…
Inutile de préciser. Je l’ai déduit tout seul, je suis prisonnier, pas idiot !
J’ai presque envie de lui sauter au cou. Non, pas pour l’embrasser ! Il n’est qu’un compagnon d’infortune. J’ai plutôt envie de le tuer pour ce qu’il vient de dire, envie de lui broyer la trachée sous mes doigts. Heureusement qu’il ne lit pas dans mes pensées et qu’il ne sait pas qui je suis vraiment sinon, il tremblerait. Oui, j’ai oublié de vous le dire mais à une époque de ma vie, les gens me craignaient. Epoque révolue !
La peur de souffrir, la peur de l’instant où ils viendront me prélever m’envahit. Un vent de panique me traverse et je voudrais qu’il m’étouffe sur place, que je ne puisse plus respirer et que je meure subitement, comme ça. Je n’aurais plus besoin de trembler, plus besoin de redouter le moment fatidique qui arrivera inexorablement.
La mort ! Ça doit avoir un côté rassurant !
Mais je ne m’étouffe pas. Je respire, je suis vivant, un être vivant qui sait que le moment viendra où ils s’acharneront sur moi. Je me demande si la plus odieuse des tortures ne consiste pas dans le fait de savoir ce qui adviendra. J’ai l’impression que mon cerveau bouillonne à force de ressasser cette peur !
Mon esprit s’efforce de réfléchir, de mettre bout à bout les morceaux d’un puzzle qui ne coïncident pas. Il force les pièces, les tord, pour qu’elles s’assemblent mais elles résistent. Je ne comprends pas pourquoi je suis là !
Je tue le temps. Que pourrais-je faire d’autre ? La faim secoue mes entrailles et la soif revient peu à peu. Je me rends compte que je ne suis qu’une machine qui se résume à peu de choses : manger, boire, dormir, sont des fonctions vitales, celles auxquelles je suis réduit aujourd’hui. Le reste c’est du fard, de la poudre aux yeux : l’amour, l’amitié, ce genre de chose… Dites-moi à quoi ça me servirait maintenant ? À rien ! Je ne suis qu’un organe programmé dès la naissance pour respirer, se maintenir en vie le plus longtemps possible quelles que soient les circonstances. Et dans ces conditions, si je suis résistant, ma vie peut s’éterniser ici, hélas. Comme un épileptique, je me remets à trembler à cette perspective effroyable.
Quelle horreur ! Je n’imagine pas un seul instant que cela soit possible. Rester dans cet endroit à jamais, à leur merci et devenir une plaie putride, comme tous les autres. C’est… c’est… c’est inconcevable et en tout cas au-dessus de mes forces. Je m’égare… Je vais devenir fou.
A suivre…
Actualité : mon 4e roman est disponible, LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, 420 pages. Vous pouvez lire la 4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. Vous trouverez au moins 5 bonnes raisons de l’acheter : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout !
Et ce dimanche, je dédicace mes 4 romans à Sainte Foy les Lyon, dans le Rhône, salle ellipse (en face de Calicéo), parking gratuit, entrée gratuite. Pour me trouver, c’est simple. Cherchez AUREY DEGAL.
Bon week-end et belles lectures !
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Résumé de l’épisode précédent : Toujours enfermé, l’homme cherche à comprendre ce qui lui arrive. Les bourreaux appellent les détenus les uns après les autres et quand leurs victimes reviennent, elles on subi le pire. Ted a été « prélevé », il revient avec d’atroces blessures. Comment des êtres humains peuvent-ils imposer ça à d’autres ? La soif, la faim, le froid, la nudité s’ajoutent à leurs effroyables conditions de détentions. Mais pourquoi ces hommes sont-ils retenus là ?
Je suis le dernier arrivé dans cette cellule pestilentielle. J’ai besoin de savoir ce qui se passe et pourquoi. C’est plus fort que moi mais je garde quelque part l’espoir de pouvoir m’échapper. Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre ? Alors je m’y accroche comme à une bouée de sauvetage que je n’ai pas.
Il faut absolument que j’en aie le cœur net. Alors je rampe au sol, doucement comme un serpent sauf que je ne pique pas. Je suis inoffensif ici. Je vous rappelle que je suis une victime. Je m’approche d’un gars que j’ai choisi au hasard. Lui, ou un autre, qu’importe ! Il me laisse m’installer à proximité, il ne me dispute pas son territoire. Je me lance :
— Je n’y comprends rien. Qu’est-ce qu’ils lui ont fait ? Pourquoi ils l’on mis dans cet état ?
Les yeux hagards, il me répond, agitant ses lèvres crevassées autour d’un puits tari et partiellement édenté.
— T’es nouveau toi !
— Oui !
— Je t’avais repéré. Ils lui ont fait ce qu’ils ont voulu lui faire, exactement. Pas plus, pas moins. Il faut qu’il reste en vie, pour la prochaine fois. C’est ça la règle ici : qu’on ne meure surtout pas !
Il me tourne le dos mais juste avant je l’entends dire :
— Maintenant, tire-toi !
Il ne veut pas m’en dire davantage alors je retourne d’où je viens.
Quand je passe à proximité de Ted, je ne peux pas m’empêcher de scruter son corps.
Comme moi, comme tous les autres, il est nu, si bien que je découvre les multiples incisions pratiquées sur lui. Je les qualifierais de parfaites. Si, si, parfaites ! Elles ont quelque chose d’esthétique. Elles semblent alignées les unes à côté des autres selon un plan judicieux qui pourrait faire penser à des arbres plantés dans une exploitation forestière. J’en compte approximativement une trentaine, avant que la lumière ne s’éteigne. Toutes de la même dimension, toutes réalisées avec la plus grande précision, une précision quasi chirurgicale. Mais les anesthésies, ici, ils ne connaissent pas.
Mon dieu, la porte s’ouvre brutalement.
Au secours, ils vont prendre quelqu’un !
À l’aide, pitié, pas moi ! C’est ce que je hurle dans ma tête.
Mais ils viennent simplement déposer un énorme seau en bois, plein d’eau, avant de disparaître.
Aussitôt, c’est la ruée, la bousculade, comme au moment des soldes mais il n’y a rien à acheter.
Les plus robustes d’entre nous se jettent alors en avant et plongent leurs visages crasseux dans le bassin qui, à ce moment-là ressemble davantage à une auge et eux à des porcs qui meurent d’envie de boire. C’est drôle d’employer cette expression car ils boivent pour rester vivants. Dans un instant, il ne restera plus rien alors je les imite et je me rue vers eux. Mais pour gagner, pour faire partie des heureux élus autorisés à étancher leur soif, il faut frapper les autres. C’est la guerre, un combat de coqs une lutte inégale à laquelle certains renoncent, faute de forces.
J’arrive à engloutir quelques gorgées avant de recevoir moi aussi des coups de poings dans les côtes et d’être violemment éjecté en arrière. Je ne pourrai plus approcher. Autour, il s’est formé un cercle de chiens enragés qui grognent et mordent. Mieux vaut en rester là.
Je retourne me caler contre mon pan de mur froid et sale en attendant que le calme revienne. Je viens de comprendre qu’ici on ne nous considère plus comme des hommes. Que sommes-nous alors ? Des amas de chair et d’os, pensants mais surtout souffrants et c’est ce que nos tortionnaires préfèrent.
Ayez pitié de moi !
Un rai de lumière passe sous la porte.
Ils reviennent, déjà.
Il leur faut une nouvelle marionnette. Ils ont envie de jouer.
— Josef !
Je déglutis avec peine. Josef, c’est moi !
Vous qui me lisez, venez-moi en aide ! Trouvez un moyen, sortez-moi de là ! J’ai peur, je me sens mal, je vais m’évanouir avant même qu’ils m’emmènent.
Je ferme les yeux d’effroi. Je sens soudain un coup de poing contenu appliqué sur mon épaule. Je sursaute et je les entends dire :
— Joseph, c’est bien ton prénom !
Je ne parviens pas à répondre tant ils rient. Bien sûr qu’ils me connaissent mais ils s’amusent avec mes craintes, mes doutes, mes nerfs… Je me mets à pleurer, à chialer comme un gosse terrifié.
C’est mon tour, ils vont m’emmener !
A suivre…
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Résumé de l’épisode précédent : un homme est maintenu prisonnier dans un endroit insalubre, infesté de rats. Il est le dernier arrivé, jeté dans une fosse avec des centaines d’autres. Il se rappelle son passé heureux et se demande comment il pourra fuir ce lieu cauchemardesque.
Dans cet enfer, j’ai sympathisé avec certains – enfin sympathisé est un grand mot – disons que nous avons échangé quelques mots, vagues, histoire de discuter, de nous rassurer ou de nous faire encore plus peur. Parler aux autres m’aide un peu à supporter ma situation mais le plus souvent ça me terrifie, surtout quand ils reviennent et me racontent tout ce qu’ils leur ont fait.
Ici, notre existence est rythmée par les appels de nos bourreaux, qui jettent leur dévolu sadique sur l’un d’entre nous. Ils le font sortir de cette prison, de force et s’il refuse ou s’il traîne, ils lui assènent des coups de matraque. Nos geôliers ne sont pas tendres ! Et quand l’infortuné revient, la porte s’ouvre et ils le jettent comme une ordure dans la pièce où nous sommes tous, sans ménagement et je peux vous dire que ça les amuse. Le pire, c’est que celui qui est « prélevé » comme on dit entre nous, revient toujours mais dans un sale état !
Non, vous ne rêvez pas, moi non plus d’ailleurs, ceci c’est mon quotidien, c’est ma vie, c’est comme ça et je ne pense pas que je tiendrai très longtemps. Leurs supplices sont trop barbares. Ils ne m’ont pas encore prélevé, mais je sais que ça arrivera. Imaginez ma peur. Que dis-je ! Imaginez ma terreur !
Tout à l’heure, c’est Ted qu’ils ont appelé. Ils ont dû répéter plusieurs fois son prénom car il ne bougeait pas. Comme nous tous, il s’est prostré dans son coin en espérant qu’ils ne le verraient pas. C’est ridicule, ils savent toujours où est leur cible, leur marionnette, leur souffre-douleur, la souris dans laquelle ils aiment planter leurs griffes acérées. Je l’ai regardé. On aurait dit un petit garçon réfugié au fond d’un placard pas assez profond et qui a peur de ses parents. Mais dans notre cas, ses parents sont deux colosses armés qui ne plaisantent pas !
— Ted B…, ont-ils répété de plus en plus autoritaires.
Je n’ai pas compris son nom. Je les ai juste entendu aboyer son prénom. Puis, comme il restait pelotonné dans son armoire, ils sont entrés plus en avant et l’ont agrippé avec leurs sales pattes, l’un par ce qui lui reste de cheveux, l’autre par un bras, pour l’entraîner hors de la pièce. Son épaule a craqué, un bruit sec, bref mais net. Je crois qu’il l’ont déboîtée. Et s’ils font pareil avec moi… Je tremble. Si vous pouvez m’aider, je vous en supplie, aidez-moi !
Ted ne s’est même pas débattu. Telle une poupée de chiffon qui n’a pas rencontré de savon depuis des lustres et qui sent mauvais, il s’est laissé glisser sur le sol, entraîné par ses bourreaux, traîné comme un sac poubelle. Le blanc de ses deux yeux semblait tracer un sillon dans l’air au fur et à mesure de sa progression. Mais une fois dans le couloir, après que la porte s’est refermée, on l’a tous entendu crier :
— Non, non, pas moi ! Pas ça ! Pitié !
Nous, on savait qu’il ne pouvait pas leur échapper. Ils décident, on subit.
Puis les murs ont englouti sa voix et le silence est revenu comme un couvercle qui descend lentement sur un cercueil.
La torture est la bête malfaisante qui sévit au-delà des limites de cet endroit ou nous vivons – mais le mot vivre est excessif car nous survivons – si bien qu’on trouverait presque notre prison sympathique. C’est dingue non, alors que nous pataugeons dans l’innommable !
Depuis combien de temps Ted est-il sorti ?
J’ai soif.
J’ai faim.
J’ai froid.
J’attends la suite, plongé dans une angoisse indescriptible ! La suite de quoi ? Je ne le sais même pas !
C’est affreux ce que je vais vous dire. Mais ayez quand même pitié de moi, je vous en prie ! Je dois avouer que chaque fois que j’entends qu’ils appellent quelqu’un d’autre que moi, je suis presque content : content que ce soit lui, content que ce ne soit pas encore le moment pour moi. Ne me jugez pas ! C’est humain d’espérer ça et puis je parie que tous les autres pensent la même chose, à chaque fois, à chaque extraction : pourvu que ça ne soit pas moi ! Et puis c’est le soulagement lorsqu’un nom fend l’air, un nom qui n’est pas le nôtre. Oui, quand ça tombe sur un autre, ça soulage, ça nous donne un répit. C’est très égoïste de dire ça mais faites un effort pour comprendre et demandez-vous comment vous réagiriez à ma place, à notre place à tous ? La souffrance, la souffrance extrême est capable de changer les hommes, de les transformer en monstres – à moins qu’ils ne le soient déjà – et le pire c’est quand on sait qu’elle est à venir. D’ailleurs, nos bourreaux misent sur cette peur-là ! Serai-je le prochain ? C’est ce que nous nous demandons tous, c’est ce que vous vous demanderiez si vous étiez coincé là.
J’humecte mes lèvres an passant et repassant ma langue râpeuse sur elles mais elle est désespérément sèche. J’ai encore plus soif, encore plus faim que tout à l’heure, je grelotte et finalement je m’endors, pour un instant au moins ! Mes rêves sont cauchemardesques mais ils m’apaisent car pendant que je dors, il ne se passe rien.
Soudain, il y a de l’agitation autour de moi, comme à chaque fois que quelqu’un pénètre dans la prison. J’ouvre les yeux et je vois Ted propulsé par deux bras vigoureux qui le poussent violemment en avant, à l’intérieur de la pièce, tel un chien galeux dont on veut qu’il détale au plus vite. Ils ont fait exprès d’allumer la lumière, enfin l’ampoule crasseuse qui domine au plafond et qui semble nous observer insidieusement. Ils veulent que l’on voie, que l’on sache ce qu’ils ont fait de Ted.
Leur victime ne peut résister à la poussée qu’ils lui infligent. Ted est trop maigre et ses jambes le portent à peine. Il fait deux trois enjambées maladroites, incontrôlées, il perd l’équilibre et s’effondre, presque devant moi. Je replie mes jambes sous moi, de crainte qu’il ne me touche. Ce n’est plus vraiment Ted que je regarde, c’est un corps, un corps à vif, un corps qui n’est qu’une plaie dont on se demande si elle pourra guérir. Je ne peux retenir mon dégoût. Je me retourne et je vomis de la bile dans un coin, derrière moi. Mon ventre est vide. Rien d’autre ne pourrait en sortir que ce liquide visqueux. Ensuite, je m’écarte un peu pour trouver un autre endroit plus… moins… enfin un autre endroit.
Les autres semblent indifférents au triste sort de Ted. Il faut dire qu’ils ne sont pas en meilleur état. Maigres, décharnés, on dirait qu’ils sont sur le point de se casser. Mais ils résistent. Est-ce bien ? Je ne sais pas. Moi-même, je suis indifférent à son sort et je me contente de le regarder en me disant que j’y ai échappé pour cette fois encore. Après tout, chacun ses problèmes ! Vous me trouvez dur, insensible ? Peut-être, mais quand il s’agit de survivre on se métamorphose en…en je ne sais pas quoi.
A suivre…
Actualité : mon nouveau livre LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, 420 pages, est disponible. Vous pouvez déjà lire la 4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. Vous trouverez au moins 5 bonnes raisons de l’acheter : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout ! Vous pouvez le commander en librairie ou sur internet sous forme ebook ou papier. Bonne lecture.
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A celles et ceux qui ont déjà lu mes livres, sachez que pour un auteur encore peu connu, les messages que vous laissez sur les sites d’achat en lignes sont essentiels. Aussi, je me permets de vous suggérer de laisser un avis sur AMAZON (même si vous n’avez pas acheté votre livre là) car le site opère un classement des auteurs en fonction des avis. Vous me permettrez ainsi d’avoir davantage de visibilité sur le Net. Merci d’avance.
MON 4E ROMAN : LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS. Un livre haletant, comme toujours !
Il est enfin disponible !
Vous l’attendiez ! Certains d’entre vous, fidèles lecteurs, m’avez sollicitée à maintes reprises pour savoir quand il sortirait. Mes précédents livres vous ayant plu, vous avez eu envie de vous plonger dans le dernier et je vous en remercie.
Disponible en libre papier ou ebook dans toutes les librairies et sur internet, il vous suffit de le commander en indiquant son titre, LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, le nom de l’auteure, AUDREY DEGAL et l’éditeur, BoD. Je vous emporte pour 420 pages doucement au début, le temps que vous découvriez les personnages intrigants de ce roman et que tout se mette en place mais attention, le rythme s’accélère progressivement. Je vous invite, par moments, au Moyen Âge, à d’autres dans le temps présent, à Lyon plus exactement. Vous descendrez dans un scriptorium mais les moines vous surveilleront ! De rebondissements en rebondissements, vous suivrez Annabelle, Jonathan, Marc et Raphaël qui doivent mener leur enquête pour espérer sortir du guêpier dans lequel ils se retrouvent bien malgré eux. Et puis, il y a cet homme, sans nom, qui est présent sans que l’on sache pourquoi, qui les précède, qui les suit par moments. D’où vient-il et que cherche-t-il ? Pour le savoir, tournez les 420 pages jusqu’au dénouement. Accrochez-vous bien, certains ne sont pas ce qu’ils paraissent être.
Vous trouverez ci-dessous le 1er chapitre et d’autres extraits choisis au hasard.
4e de couverture :
Une abbaye perdue, sombre, inquiétante que même les cartes ne mentionnent pas. Quels secrets se cachent derrière ses murs imposants ? Pourquoi un parfait inconnu, qui s’éclipse ensuite, offrirait-il un manuscrit d’une valeur inestimable à Raphaël alors qu’il ne le connaît pas ?
Ailleurs, pendant ce temps-là, un parc, un livre abandonné sur un banc. Quelqu’un l’a-t-il oublié ? Annabelle le prend et se plonge dans un récit étrangement trop captivant. Comprendra-t-elle, avant de s’envoler pour Miami, que celui qu’elle a déjà croisé trois fois, par hasard, va changer sa vie et la tournure de l’histoire ?
Une intrigue tissée avec une efficacité remarquable où le Moyen Âge fait irruption dans le présent pour bousculer la vie de personnages étonnants. Une fin magistrale.
1er chapitre :
1 LIBRE
La pierre tombale glissa très lentement sur le soubassement qui la retenait depuis des siècles.
Le bruit du frottement se répercuta en un écho lugubre dans la crypte sans déranger les hôtes endormis depuis longtemps en ce lieu.
L’air vicié le prit aussitôt à la gorge. Il avait l’impression d’étouffer. Les moisissures, la poussière, les insectes et l’humidité s’étaient emparés de cet endroit de repos éternel pour l’envahir. Les petits vitraux censés laisser passer un peu de lumière étaient presque totalement occultés par le lierre qui s’y était accroché et avait prospéré.
Tout autour de lui, le silence, le vide, la mort, l’éternité.
Il s’assit quelques instants sur le rebord de la sépulture, histoire de reprendre ses esprits, de faire le point sur la mission à mener. Leurs vies en dépendaient, la vie de ceux qu’il avait appris à aimer et qui, prisonniers, ne pouvaient agir.
Il regarda le gisant de la reine, qui souriait, celui du roi, impassible. Il se rappela le tribunal de l’Inquisition qui voulait l’exécuter. La cause ? Une simple difformité qui faisait de lui un être différent, trop grand pour l’époque donc ensorcelé. Un prétexte, un mensonge, des témoins achetés qui jurèrent qu’ils l’avaient vu adorer le diable et le bûcher était dressé. Alors que tout semblait perdu, le souverain était intervenu pour le sauver. Sa Majesté en personne jura sur la croix qu’elle était avec lui à la chasse ce jour-là et que ses accusateurs mystifiaient le tribunal. On ne conteste pas la parole du Christomimetes[1]. Il fut relâché et remercia son sauveur.
Il mènerait à bien sa mission, avec d’autant plus de ferveur qu’il devait la vie à la famille royale.
C’était écrit désormais.
Sa promesse serait exaucée bien au-delà de ce qu’il imaginait.
Mais il était seul dans cette chapelle et personne d’autre que lui ne pouvait infléchir leurs destinées.
Il savait que là, dans le passé, ils attendaient, ils l’attendaient.
Il savait que le moment de leur mort était en sommeil, qu’il pouvait encore intervenir mais que le temps était compté.
Il savait qu’ici, dans ce présent, les autres ne se doutaient encore de rien, qu’ils ignoraient ce qui allait arriver. Comment auraient-ils pu imaginer ?
Dehors le vent soufflait comme pour lui rappeler ce qu’était la vie.
Il devait partir.
Il s’étira pour réveiller son corps engourdi, regarda la lourde porte close de la crypte avant de se diriger vers un coin sombre et de sortir par une issue dérobée. Seuls les seigneurs du domaine et lui-même en connaissaient l’existence. L’air frais provenant de l’extérieur ne se laissa pas prier. Il s’engouffra en quelques secondes alors que lui s’éloignait.
Il faisait nuit noire.
Il était libre.
Il est celui qui retient le temps.
[1] Christomimetès : personnification du Christ. Le roi était considéré comme le représentant du Christ sur Terre.
AUTRE EXTRAIT : LES TREFONDS DE LA TERRE
… Le guide poussa lentement la porte qui s’écarta dans un grincement tel que Jonathan associa le bruit à l’ouverture d’un sarcophage. Il était toujours aussi désireux de découvrir les trésors de cette abbaye mais ce n’était pas sans crainte. Il se demandait si sa soif de connaissances n’allait pas l’emmener dans un endroit interdit au commun des mortels duquel il ne reviendrait jamais. Au-delà, le noir absolu régnait en maître et un courant d’air frais provenant des profondeurs de la Terre, remonta, tourbillonna autour de lui, l’enveloppa tel un drap mortuaire, pour finalement le glacer. Le jeune homme s’efforçait, tant bien que mal, de masquer la frayeur qu’il éprouvait à l’idée de descendre dans cet abîme. Et s’il s’agissait d’un aller simple ! Mais pourquoi se débarrasserait-on de lui ? Pour continuer d’avancer, il devait chasser cette idée saugrenue de son esprit. Mais, tenace, elle s’y accrochait.
— Suivez-moi ! ordonna encore une fois le guide comme si c’étaient les seuls mots qu’il connaissait.
Et il s’engouffra dans l’obscurité.
Frère Bastien introduisit sa main dans une sorte de niche, pressa un interrupteur invisible et le pâle faisceau lumineux d’une ampoule fendit le noir, permettant d’apercevoir un escalier qui s’enfonçait dans les tréfonds de l’abbaye. On aurait dit l’antre du diable, entité à laquelle il avait fait allusion en quittant sa cellule et qui avait profondément choqué le moine. Et si Lucifer existait ! Et si le moine s’apprêtait à guider ce blasphémateur jusqu’à lui, pour le punir !
La peur faisait divaguer le chercheur.
Les deux hommes se glissèrent dans le passage étroit, mal éclairé et commencèrent la descente. Elle parut durer, s’éterniser même, car l’escalier abrupte n’en finissait pas de s’enfoncer. Il semblait n’aboutir nulle part. Jonathan devinait les marches plus qu’il ne les voyait. Celles-ci d’abord larges, droites mais irrégulières, probablement taillées dans la roche, se rétrécissaient au fur et à mesure qu’ils progressaient.
— Tenez-vous à la corde ! Certaines marches sont piégeuses et si vous en manquez une…
Il s’interrompit avant de poursuivre :
— La verticalité de l’escalier n’est guère propice à un sauvetage !
Il parlait d’expérience mais sa réflexion tenait plus de l’ordre que du conseil, car sa voix n’avait rien d’agréable. Prisonnière de cet espace confiné, elle résonnait de façon rauque et ténébreuse. Elle n’était en aucun cas rassurante.
Le niveau du cloître était déjà loin au-dessus de leur tête quand la pierre céda la place au bois et à un escalier en colimaçon cette fois qui craquait sous les pas des visiteurs. Il descendait lui aussi de façon raide en même temps qu’une odeur de cave montait et que la température baissait. Les rares ampoules censées l’éclairer se contentaient de projeter des ombres inquiétantes qui s’allongeaient puis diminuaient au rythme de la progression des deux hommes comme si deux spectres les précédaient ou les suivaient.
— Où sommes-nous ? osa demander Jonathan en chuchotant.
Ce lieu oppressant l’intimidait autant qu’il l’inquiétait.
— Sous l’abbaye !…….
AUTRE EXTRAIT : INTRUSION
Étrange !
Ne l’avait-elle pas fermée à clé en quittant son appartement ? Annabelle fouillait en vain dans sa mémoire. Elle se sentait si mal à ce moment-là qu’elle avait peut-être oublié de tirer la porte derrière elle ! Bizarre ! Plus elle tentait de se souvenir, plus elle était convaincue qu’elle n’avait pas pu la laisser ouverte à tous les vents.
Et s’il y avait quelqu’un dans son appartement ! Les idées les plus noires inondaient son esprit, les scénarios les plus sombres l’envahissaient inexorablement.
Avancer ? Faire demi-tour ? Appeler la police ?…
Annabelle se rappela les conseils de prudence que Marc lui prodiguait souvent. Combien de fois lui avait-il suggéré d’installer une alarme dans son appartement ou de mettre un système de fermeture de meilleure qualité ? D’ailleurs où était-il, Marc, en ce moment ? Jamais là quand on avait besoin de lui finalement.
Elle était inquiète, qui plus est amère.
Alors que ces pensées se bousculaient dans sa tête, elle choisit de tendre une oreille avant de s’aventurer plus loin. C’était plus prudent ! Elle s’attendait à chaque instant à ce qu’un individu surgisse.
La porte de l’ascenseur se referma totalement derrière elle dans un bruit sourd, ce qui la fit sursauter. Particulièrement attentive et sur ses gardes, elle fut à nouveau surprise lorsqu’elle entendit un claquement provenant des étages supérieurs. Soudain la lumière s’éteignit, plongeant les lieux dans l’obscurité. Les éléments semblaient se liguer contre elle. Angoissée, elle retint sa respiration, à l’affût, comme si quelque chose allait surgir de la pénombre. Au même moment, l’ascenseur redémarra, probablement appelé par un résident. Après être redescendu jusqu’au bas de l’immeuble, il remonta avant de s’immobiliser au quatrième étage. Annabelle prêta l’oreille mais personne ne sortait de la cabine. C’est alors qu’un flot de jurons provenant d’un appartement situé plus haut brisa le silence. Un couple se disputait violemment. Mais l’objet exact de leur discussion restait inaudible. Dans la montée d’escalier, les rares vasistas situés en hauteur diffusaient une légère lumière à laquelle la jeune femme s’était peu à peu accoutumée. Malgré cette semi-obscurité, elle s’approcha de la rambarde et se pencha précautionneusement dans la cage d’escalier pour tenter de voir ce qui se passait sur le palier du dessous. Elle entendait quelqu’un marcher et il ou elle devait farfouiller dans un sac pour prendre quelque chose. Et s’il cherchait un revolver ! Pourquoi n’allumait-il pas ? Peut-être voulait-il la surprendre ! Annabelle recula instinctivement, ne se sentant plus du tout en sécurité ni à son étage, ni à un autre. Ses mains étaient moites, sa respiration s’accélérait inconsciemment et son cœur frappait de façon inconsidérée dans sa poitrine.
Finalement, elle entendit une porte s’ouvrir puis se refermer presque aussitôt. Un voisin venait sans doute de rentrer chez lui. Elle aurait pu lui demander de l’aide, lui dire qu’elle était inquiète, que quelqu’un avait pénétré par effraction chez elle en son absence… Mais elle était à nouveau seule et devait faire face à la situation.
Elle allait se retourner quand elle sentit une main peser lourdement sur son épaule. Elle ne put s’empêcher de pousser un cri strident tandis que ses jambes se dérobaient sous elle.
L’instinct de conservation prit les commandes et en un éclair, elle fit volte-face et se cramponna fermement à la rampe qui courait le long du mur, craignant que son agresseur ne veuille l’attraper pour la précipiter dans le vide. Et la lumière revint, presque éblouissante, clignota à plusieurs reprises avant de s’éteindre à nouveau dans un claquement sec. L’ampoule venait de griller. Durant le bref instant de clarté, elle eut le temps d’apercevoir un homme imposant, la mine peu avenante qui la fixait, le regard noir, les sourcils froncés. Il n’avait pas l’air commode du moins pour ce qu’elle avait pu en voir. Son visage, faiblement éclairé par la lumière verte du bloc lumineux qui signalait l’issue de secours, paraissait cadavérique…
Non, je ne parle pas des rats qui grouillent de partout et tentent, chaque nuit de nous grignoter une oreille, le nez ou le bout des doigts quand ce ne sont pas les paupières. Ça doit être tendre et bon une paupière ! C’est pour ça qu’ils courent sur nos visages. Ils ne renoncent jamais et reviennent à l’assaut, inlassablement. Si au moins j’arrivais à en tuer un, de temps en temps, je lui tordrais le cou ou alors je lui arracherais la tête, avec mes dents. Et je pourrais même le manger car j’ai faim, une faim tenace.
Donc je ne parlais pas des rats mais de ceux qui sont là, avec moi, enfermés comme moi, ces compagnons de cellule – si je peux dire – qui croupissent aussi dans cette pièce sordide, crasseuse toujours plongée dans la pénombre. J’ai toujours eu peur du noir. Je les discerne à peine même si mes yeux se sont habitués à ces ténèbres. Les leurs aussi. Ils savent que je suis là, que je suis le nouveau, le dernier arrivé.
Parfois, je les entends gémir ou se plaindre. Parfois ils hurlent comme des damnés. À croire que leurs cris leur permettront d’ouvrir grand la porte et de s’échapper. S’échapper ? Impossible ! Ils s’époumonent quand ils sont à bout, qu’ils n’en peuvent plus, c’est tout. Ce ne sont que des cris de rage, d’horreur…
Et puis, il y a aussi l’odeur ou plutôt la puanteur… Car on ne sort jamais d’ici, vous vous en doutez ! Ça sent l’urine à plein nez, mêlée à toutes sortes d’excréments que je n’ai pas besoin d’énumérer. C’est infect mais c’est mon lieu de vie maintenant et moi aussi j’ai l’impression que je deviens un déchet.
Depuis quand est-ce que je suis là, me demanderez-vous. Eh bien, je n’en sais rien, je ne me rappelle pas à quel moment tout a basculé. J’essaye de me souvenir mais quelque chose m’échappe. C’est le trou noir, le vide total. J’avais une vie avant ça, j’étais heureux.
Je suis certain que j’avais une femme déjà âgée, comme moi d’ailleurs. Mais n’allez pas croire dans ce que je viens de vous dire que je suis simplement mort et que je ne connais pas la raison de mon décès. Non, je me sens bien vivant, et je suis convaincu que mes tortionnaires veulent que je le reste. Ils veulent que je souffre. Ils veulent se délecter de ces effroyables conditions de détention jusqu’à… La question est celle-ci : jusqu’à quand ? Bien aise celui qui pourrait répondre à cette question !
Je disais donc que j’avais une famille et des enfants. Deux garçons, grands qui ont de bonnes professions et ont fait de beaux mariages. Il faut dire que je suis riche, enfin plus maintenant. J’étais riche. J’ai toujours eu le sens des affaires. J’ai vécu en Argentine ou au Paraguay pendant longtemps mais je viens d’ailleurs. Ah, tout ça appartient au passé. C’était le bon temps !
Justement, le temps : j’ai perdu sa notion. Les jours, les heures n’ont plus d’importance ou plus de sens pour moi. Pourquoi en auraient-ils puisque je suis constamment enfermé dans ce trou immonde. Tout se ressemble, tout est gris ou noir, à part le sang, seule couleur un peu plus vive dans ce dépotoir. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là. Trop longtemps à mon goût mais je suis convaincu que je vais y rester encore un sacré moment. Ça me fait peur, terriblement peur. Et puis j’ai froid, constamment froid. L’humidité me traverse la peau, la chair et me glace au plus profond de moi. C’est atroce ! mon corps me fait mal, meurtri par les conditions puisque tout le monde dort à même le sol, sans matelas, sans couverture, sans rien !
A suivre…
Actualité : mon nouveau livre LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, 420 pages, est actuellement sous presse et devrait être très bientôt disponible. Je lui consacrerai un article mais vous pouvez déjà lire la 4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. Vous trouverez au moins 5 bonnes raisons de l’acheter : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout !
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Résumé de l’épisode précédent : deux femmes, Bénédicte et Maryline, sont amies mais la première même si elle est jolie souffre de la comparaison avec la seconde qui excelle dans tous les domaines et la surpasse. Bénédicte aimerait vivre la vie de Maryline. Autour d’un verre elle suggère cette idée ridicule à son amie qui rit mais accepte de prendre sa place. Après tout, c’est impossible. Elles se séparent mais lorsque Bénédicte regagne sa voiture, elle fait un malaise et s’effondre sur le trottoir.
Un passant accourt et m’aide à me relever.
— Ça va mademoiselle ?
Il sort un mouchoir pour éponger mon front ensanglanté. Comme je suis faible, il propose de me conduire aux urgences ou de me ramener chez moi. Je choisis de lui donner mon adresse. J’espère que je n’aurais pas à le regretter car après tout je ne connais pas cet homme.
Il me demande le code de l’alarme et nous entrons dans mon appartement. Il m’installe sur mon canapé, délicatement, cale un coussin sous ma tête, puis il s’éclipse, comme s’il était chez lui. J’entends la porte du réfrigérateur se refermer et il reparaît, deux verres de jus d’orange frais à la main. Je le remercie et j’en profite pour le regarder. Il est plutôt pas mal.
— Un antalgique peut-être ? propose-t-il.
— Dans l’armoire de la salle de bains.
Quand il revient, il me tend un comprimé de doliprane avant de me prodiguer des soins.
— Ce n’est rien ! dit-il. Comment vous sentez-vous ?
— Ça va, je me remets. Mais vous vous y connaissez ?
— Je suis médecin.
— Ah, je ne pouvais pas mieux tomber.
— Si on peut dire, mais je n’ai rien fait. Le cuir chevelu saigne facilement. N’importe qui aurait pu vous soigner. Vous avez toujours mal à la tête ?
— Non, plus vraiment. Mais j’abuse de votre gentillesse. Vous êtes peut-être pressé !
— Non, répond-il, en plongeant dans mes yeux un regard puissant qui en dit long. Je peux rester si vous voulez !
Au petit matin, pendant qu’il dort encore, je m’enroule dans un drap de bain en sortant de la douche. Mon crâne est encore douloureux et je n’ai pas les idées très claires. Tout me semble étrange. Pendant que nous faisions l’amour tout à l’heure, j’avais l’impression de flotter, de ne pas reconnaître mon lit ni ma chambre mais j’ai été secouée. D’un revers de la main, j’essuie la buée accumulée sur le miroir. Et là, je me regarde comme jamais je ne l’ai fait. J’oriente mon image vers la gauche, vers la droite comme pour vérifier… Mais je n’en ai pas besoin, Nolan qui vient de se lever pour me rejoindre exprime ce qui s’est passé mieux que moi à ma place :
— Bonjour Maryline. Ça a l’air d’aller mieux ce matin.
Eros en personne est appuyé nu contre le chambranle de la porte. Il admire mon corps alors que la serviette qui m’entourait vient de glisser au sol. Il s’approche, se plaque contre moi et m’enlace. Nos visages se frôlent dans le miroir avant que nos corps ne recommencent à s’aimer. Alors qu’il est en moi, mon esprit s’échappe, appelé par une obsession merveilleuse, inimaginable qui pourtant me paraît bien réelle : je suis devenue elle, je l’ai remplacée.
Il me laisse son adresse, son numéro de téléphone et prend le mien. Il me rappellera, c’est certain.
Un café chaud en main, de ma fenêtre, je le regarde s’éloigner. Il m’envoie déjà un SMS : « je n’ai jamais vu une femme si belle. Je crois que je t’aime ! »
Je ne rêve pas. Il fait gris dehors mais ma vie est ensoleillée. Je suis devenue Maryline, je suis chez elle, je m’y sens comme chez moi. Tout semble vrai !
Mon téléphone vibre. Je décroche. C’est elle.
— Je croyais que c’était impossible ! Qu’est-ce qui s’est passé ?
— Tu regrettes ? Tu es déçue ?
— Non, je suis plutôt perdue. Je suis toi, je suis chez toi, je ne sais pas comment j’y suis arrivée mais je me sens bien. Pour le reste, je n’y comprends rien.
— Moi non plus mais c’est arrivé.
— Et toi, qu’est-ce que ça te fait d’être Maryline ?
— Comme toi, je suis bien, je dirais même extrêmement bien et surtout heureuse.
— Parce que tu ne l’étais pas avant ?
— Si, mais moins.
— Moi, être Bénédicte, ça me convient. Je me sens plus forte, épanouie ! Mais tu crois que ça va durer ?
— Franchement, j’en sais rien. Mais c’est toi-même qui a suggéré hier que ce soit définitif.
— C’est vrai. Bon, je te laisse. Je vais me plonger dans tes dossiers. Enfin dans mes dossiers. On se rappelle !
J’aurais dû me demander pourquoi elle cet échange lui convenait mais je ne l’ai pas fait. J’aurais dû trouver étrange qu’elle soit heureuse d’être moi alors que je l’ai toujours enviée mais je n’y ai pas songé. Je suis retournée dans la salle de bains pour m’enivrer de mon image, de ce corps sublime. Comment aurais-je pu deviner ce que cachait la face polie du miroir ?
*
Seule l’issue de la vie est incertaine. J’ai revu Nolan et me suis nourrie de bonheur le lendemain et les jours suivants. J’ai vécu un rêve, éveillée. Les week-ends improvisés à la montagne, les périples à moto, l’aventure sur son voilier, seule avec lui, et plus que tout l’intensité d’être aimée.
Lorsque je plaide dans des affaires délicates, je suis d’une redoutable efficacité. Tout me paraît plus clair qu’avant, je vais à l’essentiel, on me réclame, on me paye cher, je gagne mes procès. Je suis celle que j’ai toujours voulu être.
Je rencontre parfois Bénédicte étrangement heureuse dans une vie sympathique mais plus simple. Comment ne regrette-t-elle pas ce qu’elle était ? Puis nos rendez-vous se font plus rares jusqu’au jour où…
Un taxi me mène à la clinique car je ne me sens pas très bien. Cela fait des semaines que je suis fatiguée. J’ai l’estomac en vrac, des nausées. J’ai peur. Et si tout s’arrêtait… Si je redevenais celle que j’étais que je finalement je détestais. Je perdrais Nolan…
Je paye la course, je claque la portière, les doubles portes automatiques s’ouvrent devant moi, m’avalent.
La secrétaire me reconnaît. Elle prévient aussitôt Nolan qui termine sa consultation avant de m’examiner.
— Tu es peut-être enceinte ! Calme-toi !
— J’ai fait trois tests de grossesse. Tous négatifs !
Il me fait un prélèvement de sang pour en avoir le cœur net. Nous attendons. Négatif !
— Qu’est-ce que j’ai ?
— Il faut approfondir !
Une IRM, un scanner, de nouvelles analyses et son diagnostic tombe, inimaginable, comme le couperet d’une guillotine : cancer, métastases, plus que quelques mois à vivre.
Il pleure ! Je m’effondre ! Il n’y a rien à tenter.
*
Je suis assise à une table en terrasse, rue de la Longe, au café Fred. Le soleil brille comme jamais. Je l’attends. Je la vois arriver. Bizarre, elle est vêtue du petit tailleur Chanel que je portais ce fameux jour, quand je lui ai parlé de l’échange. Tous les regards sont braqués sur moi. Je suis très pâle mais si belle. À croire que la maladie m’a momentanément sublimée. Elle ne s’assoit même pas, m’embrasse froidement.
— Qu’est-ce que tu veux ? attaque-t-elle.
— Je veux redevenir Bénédicte !
— Pourquoi ?
— Je crois que tu le sais !
— On ne peut pas faire marche arrière, dit-elle froidement.
Comme j’ai été bête !
— Tu le savais, tu aurais dû me le dire, j’aurais pu me soigner, j’aurais pu…
Elle m’interrompt :
— Rappelle-toi : je t’ai dit qu’on perd parfois au change. Maintenant, oublie-moi !
Elle tourne les talons, s’éloigne et me raye déjà de sa vie. Elle m’efface encore une fois.
Jusqu’aux derniers moments, Nolan me comble. Je m’éteins doucement. La vie me quitte.
*
Quelqu’un me secoue légèrement l’épaule. Je suis assise à une table au café Fred, rue de la Longe.
— Bénédicte ! C’est moi, Maryline. Tu es sûre que ça va ? me dit-elle, penchée au-dessus de mon visage.
— Oh oui, ça va très bien. J’étais simplement perdue dans mes pensées ! En t’attendant j’imaginais des tas de choses.
— Et à quoi pensais-tu pour être si absorbée ?
— À rien et je ne veux pas parler de mon absence.
— OK. Pour savoir ce qui t’est arrivé il faudrait donc qu’on échange nos vies et que…
Je l’interromps comme apeurée :
— Non, surtout pas ! Restons-nous-mêmes !
FIN
Mon 4e roman, LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS sort enfin. Oui, j’ai tardé mais les bonnes choses se font généralement attendre, n’est-ce pas. Il est entre les mains de l’éditeurs qui finalise. je ne manquerai pas de vous indiquer sa date de disponibilité chez les libraires mais le référencement sur les plateformes de vente prend parfois du temps. Un peu de patience encore.
Rappel : les titres et résumés de mes 3 premiers livres, LE LIEN, DESTINATIONS ETRANGES, LA MURAILLE DES ÂMES, se trouvent en page d’accueil ou dans « mes thrillers publiés ». N’hésitez pas à vous les procurer en les commandant en librairie. Vous ne serez pas déçus, le suspense y règne en maître !
Prochain article : un film que j’ai adoré et un livre pas mal du tout ! Soyez au rendez-vous et partagez cet article. Vous pouvez cliquer sur « j’aime », laisser un commentaire, en parler à vos amis. Le bouche à oreille, c’est vous ! Mon succès dépend de vous et je vous en remercie.
J’ai toujours aimé le prénom de mon grand-père : Emmanuel. C’est moderne, avec un côté séducteur. Ma grand-mère s’appelait Marie. Joli prénom, divin, oserai-je dire !
Mais moi je m’appelle Bénédicte. Je déteste, vous vous en doutez ! Ça fait banal, ça fait vieux, ça fait… enfin, j’ai toujours exécré ce prénom. Pourtant j’ai fait avec, du moins pendant un certain temps. N’allez pas vous imaginer que j’ai changé de prénom en chemin ! Non, ce serait trop simple. Quel manque d’originalité ! Non, vous dis-je. J’ai eu une autre idée, un autre plan qui allait changer mon destin, qui l’a changé mais pas comme je l’imaginais !
Je devais avoir deux ans. J’étais assise dans un bac à sable et mon seau a rencontré Maryline. Ou plutôt c’est elle qui s’en est emparé. Elle a aussi pris ma pelle et a fait des pâtés, de beaux pâtés, parfaitement moulés, mieux que les miens.
Nos mamans s’appréciaient et nous nous sommes revues régulièrement. Maryline était gentille et nous sommes devenues comme deux sœurs. Elle partageait ses jouets avec moi, ses goûters avec moi, elle se privait même parfois, juste pour moi. Déjà, elle avait le cœur sur la main.
Sur les bancs de l’école – enfin, il s’agit de chaises maintenant – nous étions assises à côté l’une de l’autre. Toujours ensemble aux récréations, mêmes jeux, mêmes copains mais pour célébrer les anniversaires c’était elle qu’on invitait la première. Moi aussi j’avais droit à mon carton mais parce que j’étais la meilleure amie de Maryline. Pas parce que j’étais moi.
Au lycée rien n’a pas changé, pas plus qu’à la faculté et aujourd’hui, à 30 ans et des poussières ni elle ni moi ne sommes mariées. Pas le temps ! Nous sommes avocates. Je ne vous ferai pas l’offense de vous dire laquelle a le plus brillé à l’examen du barreau !
Nous n’avons jamais habité très loin l’une de l’autre et quand nous nous donnions rendez-vous, j’arrivais systématiquement la première, juste pour voir approcher sa longue silhouette fendant l’air comme s’il la caressait. Elle avançait d’un pas à la fois assuré et nonchalant, accompagné d’un savant balancement des hanches qui la rendait encore plus désirable. Je l’étais moi aussi mais pas autant.
Quand nous sortions le soir, ses mini-jupes mettaient en valeur ses jambes interminables, sculptées par la pratique du sport et tous les garçons la dévoraient du regard. Moi aussi, mais moins. Elle m’effaçait, comme si je n’étais qu’une esquisse sur la planche d’un dessinateur de B.D. Une gomme entre ses doigts et mes formes les plus voluptueuses disparaissaient tandis que de l’autre main il accentuait les siennes, à l’excès. Même Lara Croft aurait nourri des complexes à côté de Maryline, Maryline la femme bien réelle, Maryline qui jouait avec dextérité de l’adjectif « parfaite ».
J’aurais pu être jalouse, vous vous en doutez ! Avouez que j’avais l’embarras du choix quant aux raisons. Eh bien non, cela ne m’a jamais effleurée. Je l’ai toujours trouvée belle, bien plus belle que moi, intelligente, bien plus intelligente que moi, brillante, bien plus brillante que moi jusqu’au moment où, sans me l’expliquer, je me suis sentie meurtrie, déchirée, dépossédée de moi-même.
J’ai refusé de la voir pendant des jours, des semaines, des mois. Elle ne comprenait pas pourquoi, ni ce qui se passait. Comment lui dire que je souffrais de la voir si parfaite ? Oui, moi aussi je suis belle ! Oui, j’ai un QI au-dessus de la moyenne ! Non, je n’ai pas à me plaindre. Et pourtant ! Je suffoquais sous sa supériorité, sous sa beauté, sous elle.
Alors comme on prend un train, un avion pour disparaître, pour tourner une page qui est restée trop longtemps figée, je me suis engouffrée dans une brèche et quelle brèche ! Un abîme insondable, l’antre d’un univers dont on peut ne jamais revenir.
*
— Maryline, c’est Bénédicte !
— Bénédicte ! Qu’est-ce qui t’est arrivé ?
— Rien. On peut se voir ?
— Évidemment. Mais avant promets-moi que tu ne me referas jamais une peur pareille. Je me suis fait un sang d’encre !
— J’avais simplement besoin de couper, de faire le point mais je vais bien !
— Bon, tant mieux. Ce serait bien qu’on se voie pour en parler. Dis-moi où et quand, je m’arrangerai. Je suis tellement contente de t’avoir au téléphone !
— Dans une heure si tu veux, rue de la Longe, au café Fred. J’ai quelque chose d’important à te dire.
— J’y serai. À tout à l’heure. Bisous.
Bien sûr j’arrive avant elle. Elle approche. Elle est vêtue d’un jean et d’un tee-shirt banal et pourtant elle ressemble à un top-modèle en plus charnel. Encore une fois, elle rayonne. Moi, je porte un petit tailleur cintré de la marque Chanel qui, c’est vrai, me met en valeur. Enfin, ce serait le cas si elle n’était pas à mes côtés.
Elle se penche vers moi pour m’embrasser et aussitôt elle capte tous les regards. À cet instant précis, je n’existe plus, je disparais. Un garçon prend la commande. La sienne d’abord, la mienne après et dès qu’il s’éloigne elle me dit :
— Si tu savais ! Comme tu ne répondais plus, je me suis fait plein de scénarios.
Elle croise, décroise ses jambes, passe sa main dans ses longs cheveux ondulés. Je me demande si elle n’est pas encore plus belle que la dernière fois. Je lui dis qu’on parlera plus tard de mon absence, que j’ai quelque chose d’important à lui demander. Elle n’insiste pas, me regarde droit dans les yeux et ajoute :
— Pas de problème !
— Ce que j’ai à te dire est particulier, tu sais !
Elle fronce les sourcils mais même cette expression la sublime. Je me lance. Je dois le lui demander, je suis venue pour ça.
— Si tu pouvais devenir moi et que moi je pouvais prendre ta place, tu accepterais ?
Elle sourit, amusée. Elle ne s’attendait probablement à ce que je lui dise cela.
— Oui, on est toutes les deux avocates même si tu gagnes un peu moins que moi, ironise-t-elle.
— Je ne parle pas de ça ! Si je pouvais me glisser dans ta peau, vivre ta vie, être toi tandis que tu vivrais la mienne…
— Ah, je comprends. Mais c’est impossible !
Elle rit, à la fois sincère et perplexe. J’insiste.
— Machiavel a dit : « Rien n’est impossible à qui veut fermement. » Alors, tu accepterais ?
— Machiavel c’était en 1515 et ceci ne peut pas arriver. En plus, je ne vois pas pourquoi tu voudrais changer ta vie pour la mienne ! On sait ce que l’on perd mais pas toujours ce que l’on gagne ! Je trouve que tu es bizarre.
— Drôle d’idée ou pas, c’est oui ou c’est non ?
Elle réfléchit et finit par dire :
— Oui, pourquoi pas mais je ne suis pas sûre que tu gagnerais au change.
Le garçon dépose son verre de whisky sur la table, devant elle, avec un biscuit, un carré de chocolat noir à 90 % et une petite serviette. Il laisse pour moi une vodka orange, sans rien d’autre. Je crois qu’il a oublié l’accompagnement. Ah si, il me tend quelque chose : la note. Je ne dis rien. J’ai l’habitude.
Maryline ne s’est pas aperçue de la joie qui s’est emparée de moi quand elle a dit oui. J’ai vaguement souri, j’ai prié intérieurement mais elle ne peut pas le savoir. Lorsque nous nous sommes quittées, elle a ajouté :
— Et ce serait pour toujours bien sûr !
C’est curieux qu’elle en ait reparlé ! Elle m’a embrassée avec la promesse de me revoir très vite puis elle a disparu dans son coupé bleu avant de tourner à l’angle de la rue en faisant légèrement crisser ses pneus sur le bitume.
Je repense à tout ça : et si c’était possible ! C’est ridicule, inutile de me torturer. Je sors un billet que je pose sur la table, je me lève et je pars sans attendre la monnaie.
Je cherche ma voiture des yeux. Elle n’est nulle part. Pourtant je suis certaine de m’être garée devant cet hôtel dont l’enseigne abimée clignote. Je me rappelle aussi l’employé qui fumait sur le pas de la porte, enfin je crois. Ou alors c’était ailleurs. Mon esprit se brouille, ma tête tourne, je crois que je vais tomber, je chancelle et je finis par m’effondrer sur le trottoir.
La suite de cette nouvelle à suspense très bientôt. En attendant je vous prépare aussi quelques résumés des nombreux livres que j’ai lu et certains étaient passionnants.
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