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LA GRANDE MURAILLE

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Film à grand spectacle, LA GRANDE MURAILLE, avec en acteur vedette Matt Damon, avait bien des promesses à tenir.

Alors je dirais aujourd’hui, pour l’avoir vu : promesses partiellement tenues.

L’histoire :

Deux hommes sont poursuivis dans une contrée désertique chinoise et arrivent subitement au pied d’une gigantesque muraille. Ils n’ont pas le choix et y entrent. Là, on voudrait les exécuter mais l’un d’entre eux a un objet qui intrigue les résidents de la muraille (car la muraille n’est pas un mur mais un lieu d’habitation pour les soldats). La nuit précédente, il a été attaqué par une créature étrange à laquelle il a coupé une patte. On comprend dès lors que l’objectif auquel répond cette Muraille est la protection contre les attaques des ennemis et notamment de créatures effrayantes. Lors du premier assaut de celles-ci, le héros, Matt Damon, parvient à se délivrer et, au lieu de fuir, il prête main forte aux Chinois engagés dans une lutte terrible et sans merci. La femme qui commande le bataillon de cette partie de la muraille, apprécie son art du combat. De son côté, lui est ébloui par les techniques de défense qui sont déployées et surtout par la « poudre noire » qu’il est venue chercher en Chine. Tandis que son compagnon cherche par tous les moyens à voler cette poudre et à quitter la Muraille, le héros est tiraillé entre deux pôles : cette poudre explosive et la bataille. Finalement, il choisit de rester. Grandeur d’âme du personnage principal oblige. 

Comme d’habitude, je ne vous dévoilerai pas la fin pour ne pas vous priver de l’intérêt du film. 

J’ai particulièrement aimé la Muraille (mon dernier roman LA MURAILLE DES ÂMES déroule son action là-bas mais en un autre temps, au XXe siècle. J’avais donc un regard particulier envers ce film). Ainsi filmée, elle est grandiose et spectaculaire. Spectaculaires aussi sont les attaques et plus particulièrement le système de défense chinois. Fort bien imaginé ! 

L’intrigue quant à elle est banale mais le film se laisse voir. 

La fin m’a en revanche déçue. Non qu’elle soit inintéressante mais je l’ai trouvée facile. Pour ne pas trop vous en révéler, je dirais simplement que se débarrasser de l’élément principal pour que tout cesse, j’aurais aimé quelque chose de plus déroutant, de moins convenu. Cela résonne comme du déjà vu.

En conclusion, l’intérêt de ce film réside dans ses images, dans cette muraille impressionnante, et de ce côté on ne peut pas être déçu. C’est grandiose, les images sont parfaites. 

Ce film a déjà quitté les écrans de certaines salles, mais vous pourrez le voir en DVD. Privilégiez dans ce cas un grand écran. 

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Merci, bonne lecture et bon films,

Le prochain article sera une nouvelle histoire. Un peu de patience !

Audrey Degal.

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Littérature médiévale, « Raoul de Cambrai », suite

Gautier veut venger son oncle Raoul, mort au combat. Il attaque Bernier. Guerri est fait prisonnier puis délivré. Autant j’avais insisté pour vous faire comprendre que Raoul était un chevalier sous l’emprise du furor guerrier, un chevalier qui ne recule devant rien, ni la douleur physique, ni le blasphème, ce qui au Moyen Ages est choquant, autant Bernier incarne l’homme sage par excellence. Certes il rend les coups qui lui sont portés mais il tente toujours d’apaiser les querelles, il cherche à parler à ses adversaires, à leur faire entendre raison. Aussi plutôt que le sacrifice de bien des hommes, il propose ce ci à Gautier :

CCI

Se dist B[erniers] : « Gautelet, or m’enten.

tu m’aatis par ton fier hardement;

j’en ai le cuer correcié et dolent.

Don ça ta main : je t’afi loialment

qe avec nos n’avera plus de gent

ne mais qe deus qi diront seulement

a nos amis le pesant marement. »

Ce qui signifie : Bernier dit :  » Gautier, écoute-moi. Ta cruelle vaillance t’a poussé à me provoquer et j’en ai le coeur triste et je souffre. Donne-moi la main ; j’affirme loyalement qu’il n’y aura avec nous que deux hommes pour dire à nos amis la triste nouvelle ».

Cette nouvelle consiste a annoncer lequel de Bernier ou de Gautier trouvera la mort lors d’un duel. Au Moyen Age, le duel judiciaire est placé sous le signe de Dieu ainsi que j’en ai déjà parlé plus haut. Le duel ou encore les tournois sont faits pour épargner la vie des hommes puisque seulement deux hommes sont engagés. Les tournois étaient des façons de prouver la vaillance des chevaliers qui n’avaient ainsi plus à se faire la guerre. Ainsi, les lignages cessaient de s’affronter. Ici, il est question d’un duel entre Gautier et Bernier. Gautier se livre ensuite à une pratique pieuse qui consiste à s’attirer la bienveillance divine ainsi que le précise l’éminente spécialiste en la matière, Micheline de Combarieu du Grès dans sa thèse, page 469. Gautier se rend dans une abbaye, seul et s’y prosterne. Il assiste au vêpres, aux matines… Puis, le jeune chevalier se consacre à un rituel peu commun :

CCIII

Li bon espiés ne fu pas oublïés :

grans fu li fers, si est bien acérés –

en son(c) estoit uns penonciaux fermez.

Sifaitement s’en est Gautiers tornez.

Soventes foiz c’est l’enfes regardez :

lons fu grailes, pacreüs et moulez –

ne se changast por home qi soit nez.

Ce qui signifie :Gautier n’oublie pas son excellent épieu au fer grand et affuté, au bout duquel un pennon était fixé (Gautier est sur son destrier). Il se prépare alors : il se regarde et se trouve grand, svelte, d’une taille intéressante et bien proportionné. Il ne se serait échangé avec personne au monde.

J’imagine vos regards amusés en lisant ceci. En effet, les chevaliers sont beaux et leur côté narcissique ressort particulièrement bien dans cet extrait. Il doit être beau pour se présenter à Dieu s’il venait à mourir. Mais au Moyen Age le beau n’a pas seulement cette valeur esthétique que nous lui reconnaissons aujourd’hui. Le beau est le reflet de l’âme et témoigne de la pureté de l’être. On retrouve le même phénomène plus tard, chez Shakespeare à propos de l’amour que se vouent Roméo et Juliette. ils s’aiment, ils sont beaux par conséquent leur âme est pure, le beau reflétant une beauté intérieure.

Puis le combat entre Gautier et Bernier a lieu, acharné bien évidemment, violent – il ne saurait en être autrement -. Les pierres précieuses volent sous les coups et le jongleur est très précis lorsqu’il dit « qe deus cenz mailles en f[ai]t jus trebuchier » c’est-à-dire qu’il voit deux cents mailles du haubert sauter. Le sang coule, qui fascine l’homme du Moyen Age auquel le jongleur est train de « débiter » ce texte.
Les témoins présents à ce combat trouvent que tout ceci devient trop violent alors que finalement ils ne sont pas ennemis à l’origine. Mais il est hors de question qu’ils deviennent sages. Il décident eux aussi de se joindre au combat. Ainsi, Guerri tue Aliaume du camp de Bernier. Guerri est accusé de trahison car à l’origine le combat ne devait opposer que Gautier et Bernier. Guerri accusé de trahison par Bernier fonce sur ce dernier pour le frapper car il n’accepte pas d’être traité de traître. Toutefois il ne peut porter de coups à Bernier puisque Gautier avait juré que le duel ne concernerait que Gautier et Bernier. Ce serait renier la trêve. Alors Gautier raccompagne Bernier que Guerri ne peut toucher. A part Aliaume, personne n’est mort mais isl sont tous bien blessés.

Puis l’empereur donne un dîner à la laisse 223. Tous les barons sont conviés dont Gautier et Bernier. Alors qu’on apporte un plat de venaison, Guerri prend le plus gros os du cerf servi et frappe Bernier à la tempe avec son arme improvisée et offensante. C’est un affront suivi d’une bataille générale. Gautier menace les autres avec un couteau, d’autres s’emparent de perches… Les serviteurs les séparent et les mènent devant l’empereur Louis. Celui-ci veut savoir qui a commencé et menace de punir le responsable. Guerri est désigné qui ne se laisse pas pour autant intimidé puisqu’il déclare au roi :

CCXXV

« Drois empereres, ci a grant mesprison.
Se Dex m’aït, ne valez un bouton ! »

Ce qui signifie : « Mon grand empereur, c’est un outrage. Devant Dieu, vous ne valez plus rien ! »

Il clame ensuite que le clan de Bernier est responsable de la mort de Raoul et que personne n’a été puni pour cette perte. Il demande donc au roi de lui accorder un duel contre Bernier pour tuer celui qu’il n’évoque qu’en terme de « bâtard » et à l’époque c’est une insulte suprême. Gautier n’est pas d’accord. Il estime que c’est lui qui doit tuer Bernier. Aussi, sans rien demander à personne, Gautier va s’équiper pour combattre tandis que le roi fait apporter les saintes reliques à l’occasion du combat. Or, dans cette chanson de geste, peu de miracles sont évoqués. Le scribe s’en est peut-être rappelé et il choisit ce moment pour mettre en valeur le regard divin porté sur ce combat.

CCXXVIII

Saintes reliqes i fait li rois porter,
en un vert paile desor l’erbe poser.
Qi dont veïst le paille venteler,
et les reliqes fremir et sauteler,
de grant mervelle li poïst ramenbrer.

Ce qui signifie : Le roi fit apporter les saintes reliques déposées à terre sur une étoffe de soie verte. Si vous aviez vu l’étoffe se soulever, agitée par le vent. Les reliques frémissaient et tressautaient. Vous auriez gardé en mémoire ce grand miracle.


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Raoul de Cambrai suite (Moyen Age)

Guerri, l’oncle de Raoul, est fou de colère. Il voit en Bernier un « bastars », un bâtard et lui voue une haine féroce. Il entre à nouveau dans le combat prêt à répandre la terreur parmi ses adversaires. Dans la laisse suivante, le trouvère se plaît à mêler le beau et l’horreur en ces termes :

CLXIII

G[ueris] lait corre le destrier de randon,

brandist la hanste, destort le confanon,

et va ferir dant Herber d’Irençon

c’est l’uns des freres, oncles fu B[erneçon].

Grant colp li done sor l’escu au lion

q’i[l] li trancha son ermin peliçon,

demi le foie et demi le poumon :

l’une moitié en chaï el sablon,

l’autre moitiés demora sor l’arçon

mort le trebuche del destrier d’Aragon.

Ce qui signifie :

163

Guerri galope à bride abattue et brandit la hampe de sa lance. Il déploie son gonfanon et frappe Herbert d’Hirson, oncle du jeune Bernier et l’un de ses quatre frères. Il lui assène un coup d’épée si violent sur l’écu orné d’un lion qu’il déchire sa pelisse d’hermine et lui arrache la moitié du foie et la moitié du poumon. Une moitié tombe dans la poussière et l’autre reste sur l’arçon. Le chevalier tombe mort de son destrier d’Aragon.

L’hermine, si précieuse, si belle, douce aussi, qui témoigne de la richesse de celui qui la porte, contraste effectivement avec la description mortifère du jongleur qui parle de foie et de poumon. Les gens du Moyen Age sont fascinés par ces récits qui s’arrêtent tant sur ce qu’ils ne possèdent pas que sur les batailles enragées et l’intérieur des corps car au Moyen Age, l’intérieur des corps relève d’un grand mystère.

Finalement, Guerri doit s’enfuir car ses adversaires, nombreux, ont décidé de l’anéantir puisqu’il fait des ravages parmi les leurs. Il déclare toutefois à Bernier :

« Ja n’avrai goie tant con tu soies vis ! »

qui veut dire :

Je ne serai pas  heureux tant que tu vivras! »

Guerri quitte le champ de bataille accompagné de quarante hommes. Il se retourne avant de quitter les lieux :

« Il esgarda contreval [l]a vaucele,

voit tant vasal traïnant la boeele

toz li plus cointe de rien ne se revele ;

et G[[ueris] pleure, sa main a sa maisele.

R[aoul] en porte, dont li diex renovele.

ce qui signifie :

Il regarda le fond du vallon et vit de nombreux combattants dont les viscères se répandaient. Personne  même parmi ceux d’ordinaire joyeux ne se réjouissait. Guerri, le menton dans sa main, se mit à pleurer. Il emporta ensuite le corps de Raoul et éclata à nouveau en sanglots.

Mettre le menton dans sa main est l’attitude caractéristique de ceux qui sont en proie à la douleur morale, à la perte d’un proche au Moyen Age et, si vous êtes attentifs à certaines tapisseries moyenâgeuses  lorsque vous visitez des musées au des châteaux féodaux, vous retrouverez ces représentations du déchirement intérieur des hommes et non d’un réflexion.

En découvrant son fils mort, dame Aalais regrette bien entendu la malédiction qu’elle avait proférée envers lui mais il est trop tard. Sa plainte occupe des laisses 174 à 180. Elle y déclare son amour pour cet enfant et, comme de coutume au Moyen Age pour exprimer au mieux la douleur, elle s’évanouit à maintes reprises, comme d’autres d’ailleurs. Le trouvère décrit le corps de Raoul ensanglanté, la plaie béante…

Raoul avait lui-même un neveu, Gautier. Aussitôt les obsèques passés, il n’a qu’une idée : venger la mort de son oncle Raoul. La guerre suspendue jusqu’alors reprend, longue, habituelle. Mais Gautier n’est pas encore chevalier. il doit être adoubé. Tout le faste relatif à cette cérémonie jaillit dès la laisse suivante :

CLXXXV

Dame A[alais] corut apariller

chemise et braies et esperons d’or mier,

et riche ermine de paile de qartier.

Les riches armes porterent au mostier ;

la mese escoute[nt] del esvesqe Renier,

 puis aparellent Gautelet le legier?

G[ueris] li sainst le branc forbi d’acier

qi fu R[aoul] le noble guerrier.

Ce qui signifie :

Dame Aalais prépara à la hâte chemise et braies, éperons d’or pur ainsi qu’un manteau de soie écartelé et fourré d’hermine. On apporta de belles armes à l’église et on entendit la messe que chantait l’évêque Renier. Gautier, ce jeune homme ardent, fut ensuite adoubé. Guerri le ceignit par l’épée d’acier poli, celle même qui avait appartenu à Raoul le valeureux guerrier.

Ainsi, à travers Gautier, Aalais voit un nouveau fils qui prendra la place de celui qui l’a trop tôt quittée.

Gautier, chevalier, aux côtés de Guerri, va à son tour réunir des milliers d’hommes pour partir encore une fois à la guerre contre Bernier et tous ceux qui lui sont liés. Le feu de la guerre est rallumé.

La suite prochainement