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PAR PITIÉ ! … SUITE 4 (Histoire à suspense)

PAR PITIÉ ! … suite 4

Résumé de l’épisode précédent : Ted est en piteux état, Jack se laisse prélever sans broncher, défiant presque les geôliers. Josef discute avec Henri qui lui révèle tout ce qu’il sait de cet endroit. Ses révélations glacent Josef qui a compris que son tour viendra où il sera prélevé pour endurer les pires souffrances. Pourquoi ?

Henri demeure intarissable. On dirait que ça lui fait plaisir de me révéler tout ce qu’il sait. Accumuler ce savoir c’est probablement ce qui lui a permis de tenir, de résister à ce cauchemar. Mais est-ce que ça vaut la peine de tenir, de résister ? Ne vaut-il pas mieux se laisser aller, glisser lentement vers la mort plutôt que de vivre comme des chiens ?

— Je ne sais pas si tu as bien vu Ted. Regarde bien son visage.

Je me concentre sur lui, toujours échoué au milieu de la pièce, comme un bateau à la dérive, coque transpercée qui n’atteindra plus jamais aucune rive. Il est inconscient.

J’ai bien remarqué les incisions sur son corps mais je n’ai pas prêté attention à sa figure. Enfin, figure est un grand mot. Je serais incapable de dire à quoi il ressemble tant elle est tuméfiée. Ils se sont défoulés sur sa tête comme s’ils s’étaient disputé un ballon pour gagner une partie de foot.

Naïvement, je demande à mon encyclopédie sur pattes pourquoi ils l’ont mis dans cet état.

— Ils s’efforcent de le rendre méconnaissable, d’effacer ses traits. Je me souviens qu’au début, quand il était lui aussi le petit nouveau, il était plutôt beau gosse. Mais maintenant… Je crois qu’il y a une raison derrière tout ça.

— Une raison ?

Je veux savoir, je veux comprendre pourquoi nous sommes tous enfermés là tels des rats parmi les rats. Mais connaître l’envers de ce décor lugubre me terrifie, me glace, me liquéfie sur place. Et si savoir était encore pire !

— Bien sûr qu’il y a une bonne raison. J’ai mis du temps avant de piger.

Les yeux exorbités, je l’écoute déballer son savoir :

— Quand ils s’emparent de Jack, ils s’occupent toujours de son cou et de son abdomen. Ted, c’est le visage et de jolies plaies soigneusement réalisées sur tout le corps. Marcel n’a jamais de blessures. Ils lui font avaler des trucs atroces ou respirer du gaz… Pour moi c’est surtout des brûlures et cetera. Il m’a fallu un sacré bout de temps avant de comprendre pourquoi ils faisaient ça, pourquoi les uns subissaient ceci, d’autres cela…

Outre les détails qu’Henri me donne, je remarque qu’il parle bien. Il a dû recevoir une certaine éducation et la perpétuité dont il semble s’être accommodé n’a pas réussi à entamer son éloquence. C’est un gars qui ne devait pas avoir son pareil pour parler aux femmes.

Je raccroche à son récit.

— Un jour – ne me demande pas quand, c’était il y a longtemps – alors qu’ils me traînaient dans le couloir comme un chien galeux au bout d’une laisse, j’ai vu une sorte de plaque en granit, comme une stèle, immense qui occupait tout le mur. Tu te doutes que je suis passé et repassé un bon nombre de fois devant, à chaque fois qu’ils me prélevaient. Et un jour, tout s’est éclairé.

— Tout quoi ? Mais bonté, parle !

J’ai envie de le secouer, pire, de le frapper pour qu’il avoue. 

— Tu ne vas pas aimer !

— Au point où j’en suis…

— Tu l’auras voulu. Sur cette plaque, il y a des noms classés par années, nos noms, parfois nos prénoms et des chiffres à côté.

— Des chiffres ?

— Des chiffres. À côté du mien j’ai pu lire 11, pour Ted il y avait 32, pour Marcel 30… Je n’ai pas pu voir tous les noms mais il y avait des nombres impressionnants : 147, 82, 73…

— Et à quoi ils correspondent selon toi.

— T’as pas encore compris ou tu le fais exprès ?

Je me creuse la tête et je beau réfléchir, je ne vois pas en quoi des nombres peuvent être associés à nos identités. Peut-être qu’inconsciemment mon esprit fait barrage à la vérité, une vérité qui me dépasse et que je refuse d’admettre. 

— Tu ne vas pas me faire croire que t’es un ange et que tu n’as rien à te reprocher. Moi, j’ai fini par élucider le mystère de ma présence. Quand je repense à toutes ces femmes que…

S’il n’achève pas sa phrase, il en a dit assez pour que je comprenne. Henri n’est pas qu’un beau parleur, un dandy, un charmeur. Non ! Et y voir clair me permet d’entrevoir ce qui m’attend. L’épouvante s’empare de moi.

Anéanti, abattu, totalement privé de forces, je m’affaisse d’abord contre le mur puis au sol, les yeux hagards. Je crois que je baigne dans ma propre urine tant je suis terrorisé par tout à l’heure, par demain, par mes futurs rendez-vous avec mes tortionnaires.

J’attendrai quelques jours peut-être, des semaines, comment savoir ? Mais le jour viendra où ils me prélèveront forcément !

Une jour, deux jours,…..douze jours passent et un matin c’est mon tour.

Cher lecteur, je vous en conjure, priez pour moi !

Ils reviennent le lendemain encore et encore, et encore…

Ça ne s’arrêtera donc jamais !

Je suis au-delà de la douleur, je ne suis plus qu’une ombre, je ne suis personne, je suis simplement là. Une odeur nauséabonde rôde autour de mes plaies, de mon corps. Les autres m’évitent. Je suis devenu le nouveau jouet de mes bourreaux et je peux vous dire qu’il s’amusent bien.

Je ne suis plus un homme.

Je ne suis plus rien.

Je suis, c’est tout.

J’existe, hélas.

Incapable de disparaître.

Mourir est un sort trop doux qu’ils ne me réservent pas.

A suivre… LA FIN LA PROCHAINE FOIS. Avez-vous trouvé pourquoi ils sont tous enfermés là ?

Lors de la dernière séance de dédicaces du 17/11/2019, dès l’ouverture, des lecteurs m’attendaient pour se procurer « Le Manuscrit venu d’ailleurs ». Ils ont adoré « La Muraille des âmes » et ne voulaient pas manquer mon dernier roman. Imaginez ma joie, surtout que 2 d’entre eux ont pris mes 3 autres livres aussi. Une dame m’a même dit « J’avais peur que vous ne veniez pas ». Il est vrai que j’étais un peu en retard…

Actualité : mon 4e roman est disponible, LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, 420 pages.

Vous pouvez  lire la 4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. Vous trouverez au moins 5 bonnes raisons de l’acheter : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout ! 

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Merci de votre fidélité,

AUDREY DEGAL

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PAR PITIÉ !… SUITE 2 (histoire à suspense)

PAR PITIÉ ! … suite 2

Résumé de l’épisode précédent : Toujours enfermé, l’homme cherche à comprendre ce qui lui arrive. Les bourreaux  appellent les détenus les uns après les autres et quand leurs victimes reviennent, elles on subi le pire. Ted a été « prélevé », il revient avec d’atroces blessures. Comment des êtres humains peuvent-ils imposer ça à d’autres ? La soif, la faim, le froid, la nudité s’ajoutent à leurs effroyables conditions de détentions. Mais pourquoi ces hommes sont-ils retenus là ?

Je suis le dernier arrivé dans cette cellule pestilentielle. J’ai besoin de savoir ce qui se passe et pourquoi. C’est plus fort que moi mais je garde quelque part l’espoir de pouvoir m’échapper. Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre ? Alors je m’y accroche comme à une bouée de sauvetage que je n’ai pas.

            Il faut absolument que j’en aie le cœur net. Alors je rampe au sol, doucement comme un serpent sauf que je ne pique pas. Je suis inoffensif ici. Je vous rappelle que je suis une victime. Je m’approche d’un gars que j’ai choisi au hasard. Lui, ou un autre, qu’importe ! Il me laisse m’installer à proximité, il ne me dispute pas son territoire. Je me lance :

            — Je n’y comprends rien. Qu’est-ce qu’ils lui ont fait ? Pourquoi ils l’on mis dans cet état ?

            Les yeux hagards, il me répond, agitant ses lèvres crevassées autour d’un puits tari et partiellement édenté.

            — T’es nouveau toi !

            — Oui !

            — Je t’avais repéré. Ils lui ont fait ce qu’ils ont voulu lui faire, exactement. Pas plus, pas moins. Il faut qu’il reste en vie, pour la prochaine fois. C’est ça la règle ici : qu’on ne meure surtout pas !

            Il me tourne le dos mais juste avant je l’entends dire :

            — Maintenant, tire-toi !

            Il ne veut pas m’en dire davantage alors je retourne d’où je viens.

           Quand je passe à proximité de Ted, je ne peux pas m’empêcher de scruter son corps.

           Comme moi, comme tous les autres, il est nu, si bien que je découvre les multiples incisions pratiquées sur lui. Je les qualifierais de parfaites. Si, si, parfaites ! Elles ont quelque chose d’esthétique. Elles semblent alignées les unes à côté des autres selon un plan judicieux qui pourrait faire penser à des arbres plantés dans une exploitation forestière. J’en compte approximativement une trentaine, avant que la lumière ne s’éteigne. Toutes de la même dimension, toutes réalisées avec la plus grande précision, une précision quasi chirurgicale. Mais les anesthésies, ici, ils ne connaissent pas.

            Mon dieu, la porte s’ouvre brutalement.

            Au secours, ils vont prendre quelqu’un !

            À l’aide, pitié, pas moi ! C’est ce que je hurle dans ma tête.

            Mais ils viennent simplement déposer un énorme seau en bois, plein d’eau, avant de disparaître.

            Aussitôt, c’est la ruée, la bousculade, comme au moment des soldes mais il n’y a rien à acheter.

            Les plus robustes d’entre nous se jettent alors en avant et plongent leurs visages crasseux dans le bassin qui, à ce moment-là ressemble davantage à une auge et eux à des porcs qui meurent d’envie de boire. C’est drôle d’employer cette expression car ils boivent pour rester vivants. Dans un instant, il ne restera plus rien alors je les imite et je me rue vers eux. Mais pour gagner, pour faire partie des heureux élus autorisés à étancher leur soif, il faut frapper les autres. C’est la guerre, un combat de coqs une lutte inégale à laquelle certains renoncent, faute de forces.

            J’arrive à engloutir quelques gorgées avant de recevoir moi aussi des coups de poings dans les côtes et d’être violemment éjecté en arrière. Je ne pourrai plus approcher. Autour, il s’est formé un cercle de chiens enragés qui grognent et mordent. Mieux vaut en rester là.

            Je retourne me caler contre mon pan de mur froid et sale en attendant que le calme revienne. Je viens de comprendre qu’ici on ne nous considère plus comme des hommes. Que sommes-nous alors ? Des amas de chair et d’os, pensants mais surtout souffrants et c’est ce que nos tortionnaires préfèrent.

            Ayez pitié de moi !

            Un rai de lumière passe sous la porte.

            Ils reviennent, déjà.

            Il leur faut une nouvelle marionnette. Ils ont envie de jouer.

            — Josef !

            Je déglutis avec peine. Josef, c’est moi !

            Vous qui me lisez, venez-moi en aide ! Trouvez un moyen, sortez-moi de là ! J’ai peur, je me sens mal, je vais m’évanouir avant même qu’ils m’emmènent.

            Je ferme les yeux d’effroi. Je sens soudain un coup de poing contenu appliqué sur mon épaule. Je sursaute et je les entends dire :

            — Joseph, c’est bien ton prénom !

            Je ne parviens pas à répondre tant ils rient. Bien sûr qu’ils me connaissent mais ils s’amusent avec mes craintes, mes doutes, mes nerfs… Je me mets à pleurer, à chialer comme un gosse terrifié.

          C’est mon tour, ils vont m’emmener !

A suivre…

Actualité : LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, mon 4e roman de 420 pages est disponible sur commande dans toutes les librairies et sur internet.  Vous pouvez déjà lire la 4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. Vous trouverez au moins 5 bonnes raisons de l’acheter : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout ! 

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AUDREY DEGAL

 


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PAR PITIÉ !… SUITE 1 (histoire à suspense)

PAR PITIÉ ! … suite 1

Résumé de l’épisode précédent : un homme est maintenu prisonnier dans un endroit insalubre, infesté de rats. Il est le dernier arrivé, jeté dans une fosse avec des centaines d’autres. Il se rappelle son passé heureux et se demande comment il pourra fuir ce lieu cauchemardesque.

           Dans cet enfer, j’ai sympathisé avec certains – enfin sympathisé est un grand mot – disons que nous avons échangé quelques mots, vagues, histoire de discuter, de nous rassurer ou de nous faire encore plus peur. Parler aux autres m’aide un peu à supporter ma situation mais le plus souvent ça me terrifie, surtout quand ils reviennent et me racontent tout ce qu’ils leur ont fait.

            Ici, notre existence est rythmée par les appels de nos bourreaux, qui jettent leur dévolu sadique sur l’un d’entre nous. Ils le font sortir de cette prison, de force et s’il refuse ou s’il traîne, ils lui assènent des coups de matraque. Nos geôliers ne sont pas tendres ! Et quand l’infortuné revient, la porte s’ouvre et ils le jettent comme une ordure dans la pièce où nous sommes tous, sans ménagement et je peux vous dire que ça les amuse. Le pire, c’est que celui qui est « prélevé » comme on dit entre nous, revient toujours mais dans un sale état !

            Non, vous ne rêvez pas, moi non plus d’ailleurs, ceci c’est mon quotidien, c’est ma vie, c’est comme ça et je ne pense pas que je tiendrai très longtemps. Leurs supplices sont trop barbares. Ils ne m’ont pas encore prélevé, mais je sais que ça arrivera. Imaginez ma peur. Que dis-je ! Imaginez ma terreur !

            Tout à l’heure, c’est Ted qu’ils ont appelé. Ils ont dû répéter plusieurs fois son prénom car il ne bougeait pas. Comme nous tous, il s’est prostré dans son coin en espérant qu’ils ne le verraient pas. C’est ridicule, ils savent toujours où est leur cible, leur marionnette, leur souffre-douleur, la souris dans laquelle ils aiment planter leurs griffes acérées. Je l’ai regardé. On aurait dit un petit garçon réfugié au fond d’un placard pas assez profond et qui a peur de ses parents. Mais dans notre cas, ses parents sont deux colosses armés qui ne plaisantent pas !

            — Ted B…, ont-ils répété de plus en plus autoritaires.

            Je n’ai pas compris son nom. Je les ai juste entendu aboyer son prénom. Puis, comme il restait pelotonné dans son armoire, ils sont entrés plus en avant et l’ont agrippé avec leurs sales pattes, l’un par ce qui lui reste de cheveux, l’autre par un bras, pour l’entraîner hors de la pièce. Son épaule a craqué, un bruit sec, bref mais net. Je crois qu’il l’ont déboîtée. Et s’ils font pareil avec moi… Je tremble. Si vous pouvez m’aider, je vous en supplie, aidez-moi !

            Ted ne s’est même pas débattu. Telle une poupée de chiffon qui n’a pas rencontré de savon depuis des lustres et qui sent mauvais, il s’est laissé glisser sur le sol, entraîné par ses bourreaux, traîné comme un sac poubelle. Le blanc de ses deux yeux semblait tracer un sillon dans l’air au fur et à mesure de sa progression. Mais une fois dans le couloir, après que la porte s’est refermée, on l’a tous entendu crier :

            — Non, non, pas moi ! Pas ça ! Pitié !

            Nous, on savait qu’il ne pouvait pas leur échapper. Ils décident, on subit.

Puis les murs ont englouti sa voix et le silence est revenu comme un couvercle qui descend lentement sur un cercueil. 

            La torture est la bête malfaisante qui sévit au-delà des limites de cet endroit ou nous vivons – mais le mot vivre est excessif car nous survivons – si bien qu’on trouverait presque notre prison sympathique. C’est dingue non, alors que nous pataugeons dans l’innommable !

            Depuis combien de temps Ted est-il sorti ?

            J’ai soif.

            J’ai faim.

            J’ai froid.

            J’attends la suite, plongé dans une angoisse indescriptible ! La suite de quoi ? Je ne le sais même pas !

            C’est affreux ce que je vais vous dire. Mais ayez quand même pitié de moi, je vous en prie ! Je dois avouer que chaque fois que j’entends qu’ils appellent quelqu’un d’autre que moi, je suis presque content : content que ce soit lui, content que ce ne soit pas encore le moment pour moi. Ne me jugez pas ! C’est humain d’espérer ça et puis je parie que tous les autres pensent la même chose, à chaque fois, à chaque extraction : pourvu que ça ne soit pas moi ! Et puis c’est le soulagement lorsqu’un nom fend l’air, un nom qui n’est pas le nôtre. Oui, quand ça tombe sur un autre, ça soulage, ça nous donne un répit. C’est très égoïste de dire ça mais faites un effort pour comprendre et demandez-vous comment vous réagiriez à ma place, à notre place à tous ? La souffrance, la souffrance extrême est capable de changer les hommes, de les transformer en monstres – à moins qu’ils ne le soient déjà – et le pire c’est quand on sait qu’elle est à venir. D’ailleurs, nos bourreaux misent sur cette peur-là ! Serai-je le prochain ? C’est ce que nous nous demandons tous, c’est ce que vous vous demanderiez si vous étiez coincé là.

            J’humecte mes lèvres an passant et repassant ma langue râpeuse sur elles mais elle est désespérément sèche. J’ai encore plus soif, encore plus faim que tout à l’heure, je grelotte et finalement je m’endors, pour un instant au moins ! Mes rêves sont cauchemardesques mais ils m’apaisent car pendant que je dors, il ne se passe rien.

           Soudain, il y a de l’agitation autour de moi, comme à chaque fois que quelqu’un pénètre dans la prison. J’ouvre les yeux et je vois Ted propulsé par deux bras vigoureux qui le poussent violemment en avant, à l’intérieur de la pièce, tel un chien galeux dont on veut qu’il détale au plus vite. Ils ont fait exprès d’allumer la lumière, enfin l’ampoule crasseuse qui domine au plafond et qui semble nous observer insidieusement. Ils veulent que l’on voie, que l’on sache ce qu’ils ont fait de Ted.

           Leur victime ne peut résister à la poussée qu’ils lui infligent. Ted est trop maigre et ses jambes le portent à peine. Il fait deux trois enjambées maladroites, incontrôlées, il perd l’équilibre et s’effondre, presque devant moi. Je replie mes jambes sous moi, de crainte qu’il ne me touche. Ce n’est plus vraiment Ted que je regarde, c’est un corps, un corps à vif, un corps qui n’est qu’une plaie dont on se demande si elle pourra guérir. Je ne peux retenir mon dégoût. Je me retourne et je vomis de la bile dans un coin, derrière moi. Mon ventre est vide. Rien d’autre ne pourrait en sortir que ce liquide visqueux. Ensuite, je m’écarte un peu pour trouver un autre endroit plus… moins… enfin un autre endroit.

            Les autres semblent indifférents au triste sort de Ted. Il faut dire qu’ils ne sont pas en meilleur état. Maigres, décharnés, on dirait qu’ils sont sur le point de se casser. Mais ils résistent. Est-ce bien ? Je ne sais pas. Moi-même, je suis indifférent à son sort et je me contente de le regarder en me disant que j’y ai échappé pour cette fois encore. Après tout, chacun ses problèmes ! Vous me trouvez dur, insensible ? Peut-être, mais quand il s’agit de survivre on se métamorphose en…en je ne sais pas quoi.

A suivre…

Actualité : mon nouveau livre LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, 420 pages, est  disponible. Vous pouvez déjà lire la 4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. Vous trouverez au moins 5 bonnes raisons de l’acheter : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout ! Vous pouvez le commander en librairie ou sur internet sous forme ebook ou papier. Bonne lecture.

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A celles et ceux qui ont déjà lu mes livres, sachez que pour un auteur encore peu connu, les messages que vous laissez sur les sites d’achat en lignes sont essentiels. Aussi, je me permets de vous suggérer de laisser un avis sur AMAZON (même si vous n’avez pas acheté votre livre là) car le site opère un classement des auteurs en fonction des avis. Vous me permettrez ainsi d’avoir davantage de visibilité sur le Net. Merci d’avance.

Merci de votre fidélité,

AUDREY DEGAL

 


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PAR PITIÉ !… (Nouvelle histoire à suspense. Accrochez-vous !)

PAR PITIÉ ! …

 

            Soixante  ! Il me semble qu’il y en a soixante !

            Non, je ne parle pas des rats qui grouillent de partout et tentent, chaque nuit de nous grignoter une oreille, le nez ou le bout des doigts quand ce ne sont pas les paupières. Ça doit être tendre et bon une paupière ! C’est pour ça qu’ils courent sur nos visages. Ils ne renoncent jamais et reviennent à l’assaut, inlassablement. Si au moins j’arrivais à en tuer un, de temps en temps, je lui tordrais le cou ou alors je lui arracherais la tête, avec mes dents. Et je pourrais même le manger car j’ai faim, une faim tenace.

            Donc je ne parlais pas des rats mais de ceux qui sont là, avec moi, enfermés comme moi, ces compagnons de cellule – si je peux dire – qui croupissent aussi dans cette pièce sordide, crasseuse toujours plongée dans la pénombre. J’ai toujours eu peur du noir. Je les discerne à peine même si mes yeux se sont habitués à ces ténèbres. Les leurs aussi. Ils savent que je suis là, que je suis le nouveau, le dernier arrivé.

            Parfois, je les entends gémir ou se plaindre. Parfois ils hurlent comme des damnés. À croire que leurs cris leur permettront d’ouvrir grand la porte et de s’échapper. S’échapper ? Impossible ! Ils s’époumonent quand ils sont à bout, qu’ils n’en peuvent plus, c’est tout. Ce ne sont que des cris de rage, d’horreur…

            Et puis, il y a aussi l’odeur ou plutôt la puanteur… Car on ne sort jamais d’ici, vous vous en doutez ! Ça sent l’urine à plein nez, mêlée à toutes sortes d’excréments que je n’ai pas besoin d’énumérer. C’est infect mais c’est mon lieu de vie maintenant et moi aussi j’ai l’impression que je deviens un déchet.

 

            Depuis quand est-ce que je suis là, me demanderez-vous. Eh bien, je n’en sais rien, je ne me rappelle pas à quel moment tout a basculé. J’essaye de me souvenir mais quelque chose m’échappe. C’est le trou noir, le vide total. J’avais une vie avant ça, j’étais heureux.

 

            Je suis certain que j’avais une femme déjà âgée, comme moi d’ailleurs. Mais n’allez pas croire dans ce que je viens de vous dire que je suis simplement mort et que je ne connais pas la raison de mon décès. Non, je me sens bien vivant, et je suis convaincu que mes tortionnaires veulent que je le reste. Ils veulent que je souffre. Ils veulent se délecter de ces effroyables conditions de détention jusqu’à… La question est celle-ci : jusqu’à quand ? Bien aise celui qui pourrait répondre à cette question !

            Je disais donc que j’avais une famille et des enfants. Deux garçons, grands qui ont de bonnes professions et ont fait de beaux mariages. Il faut dire que je suis riche, enfin plus maintenant. J’étais riche.  J’ai toujours eu le sens des affaires. J’ai vécu en Argentine ou au Paraguay pendant longtemps mais je viens d’ailleurs. Ah, tout ça appartient au passé. C’était le bon temps !

 

            Justement, le temps : j’ai perdu sa notion. Les jours, les heures n’ont plus d’importance ou plus de sens pour moi. Pourquoi en auraient-ils puisque je suis constamment enfermé dans ce trou immonde. Tout se ressemble, tout est gris ou noir, à part le sang, seule couleur un peu plus vive dans ce dépotoir. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là. Trop longtemps à mon goût mais je suis convaincu que je vais y rester encore un sacré moment. Ça me fait peur, terriblement peur. Et puis j’ai froid, constamment froid. L’humidité me traverse la peau, la chair et me glace au plus profond de moi. C’est atroce ! mon corps me fait mal, meurtri par les conditions puisque tout le monde dort à même le sol, sans matelas, sans couverture, sans rien !

A suivre…

Actualité : mon nouveau livre LE MANUSCRIT VENU D’AILLEURS, 420 pages, est actuellement sous presse et devrait être très bientôt disponible. Je lui consacrerai un article mais vous pouvez déjà lire la 4e de couverture ainsi que quelques extraits en cliquant sur la PAGE D’ACCUEIL de ce site. Vous trouverez au moins 5 bonnes raisons de l’acheter : plaisir de lire, suspense, Moyen Âge, mystère, rebondissements… tous les ingrédients qui vous tiendront en haleine jusqu’au bout ! 

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AUDREY DEGAL